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l'impermanence de dukkha, la souffrance, dans le bouddhisme

question 23




Dukkha n'est-elle pas également impermanente ?

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Réponse :

Vous avez raison de démontrer que la logique de la réflexion bouddhique va très loin, qu'elle s'applique avec rigueur, naturellement aux données du sensible, aux sensations qu'elles procurent, au caractère néfaste ou bénéfique qu'elles suscitent, etc. … aussi bien qu'à dukkha. Oui, il est exact que cette logique de l'impermanence de toute chose affecte aussi dukkha (la souffrance) elle-même.

Mais, dukkha s'impose avec plus de force que tous les autres aspects car c'est presque toujours sur la même conclusion que conduisent de très nombreuses composantes de notre vie, qu'elles soient très élaborées (les perceptions, les sensations …) ou qu'elles soient plus immédiates (les données du quotidien …).

En appliquant cette caractéristique d'impermence qui touche dukkha elle-même, vous retrouvez la démonstration des renaissances successives, du retour du même, de la répétitivité des phénomènes. La renaissance n'est pas à confondre avec la réincarnation, la renaissance, c'est la reproduction quasiment à l'identique, mais plus loin dans le temps, du même enchaînement d'événements qui conduisent aux mêmes effets et aux mêmes conséquences. C'est là la renaissance. Après que dukkha se sera estompé, le caractère favorable est à nouveau recherché, s'initie puis grandit, puis décline à nouveau pour laisser la place à dukkha de nouveau. Le bouddhisme cherche simplement à faire prendre conscience de cet enchaînement, car il devient alors plus aisé de chercher à ne pas recommencer un nouveau cycle d'enchaînements. Le bouddhisme ne consiste pas en l'accompagnement rassurant de ce déclin progressif de dukkha par l'effet de l'impermence avec des méthodes adaptées, pour retourner vers un nouveau cycle, le bouddhisme cherche à la cessation définitive de dukkha.

Vous esquissez aussi le fait que si la notion de dukkha est elle-même impermanente, la notion de plaisir devient par elle-même complètement relative et change de perspective pour se placer sur l'aspect mécanique ou "génétique " (vous parlez de genèse …).

A côté de tout discours idéologique sur tel ou tel aspect de la sensation, de sa place dans les processus perceptifs, du plaisir qu'elle procure et de dukkha qu'elle introduit d'une manière récurrente dès lors que le sujet s'y attache, la méditation permet d'expérimenter cette relativité des appréhensions et des sensations. Il n'y a donc pas à rejeter quoi que ce soit puisque cette expérimentation permet d'arriver à un point de vue où ces éléments se détachent d'eux-mêmes.

Je crois que toutes les réflexions que vous avez esquissées sont parfaitement dans la direction de la réflexion bouddhique et que vous seriez susceptible de conforter vos appréciations en lisant les textes bouddhiques.





Texte complet de la question


La connaissance du lien de causalité appliqué à la genèse, au développement et à la finalité des processus mentaux permettrait de prendre conscience et maîtriser les désirs. Choisir de ne pas donner suite aux désirs néfastes pour soi ou pour autrui, et inversement, en toute connaissance de cause. Un juste milieu en matière de gestion des désirs. Et non l'abandon à ces désirs ni leur annihilation.

Et si ces désirs autorisés, en toute conscience, sont inéluctablement à l'origine d'une certaine douleur car impermanentes ; ne devrions-nous pas garder à l'esprit que ces mêmes souffrances sont par essence elles-mêmes impermanentes. Et que la gestion de ces souffrances est un facteur de progression spirituelle.

Parfois, je me demande si la connaissance de soi-même ne doit pas mener à une gestion fondée sur le discernement des désirs et souffrances plutôt qu'à l'annihilation de l'un et l'autre.

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