Commentaires et impressions de lectures

LENOIR Le Bouddhisme en France

Note de lecture n° 20




LENOIR Frédéric, "Le Bouddhisme en France "

voir les références complètes de l'ouvrage


Note 20

Ce livre est certainement une des meilleures études du moment sur le bouddhisme en France à l'issue de cette fin de siècle. Que l'on n'y cherche pas de propos sur le bouddhisme ou l'exposé d'une approche plus pertinente des principales conceptions bouddhiques. Au contraire, on trouve dans cet ouvrage tout un ensemble de propositions dont beaucoup nous éloignent du bouddhisme, parfois d'une manière extrême. La présentation des témoignages, voilà la valeur première de cette étude. Cette présentation permet de montrer toutes les problématiques qui ont trait tant au type d'engagement dans la voie, qu'aux structures qui accueillent cet engouement et ce, parfois, d'une manière inappropriée. Beaucoup de témoignages m'ont stupéfaits tant il me paraît incompréhensible d'aller dans une direction puis de s'en détourner ou de revenir en arrière … Les témoignages montrent, en particulier, qu'il est vain de demander au bouddhisme des réponses qu'il n'est pas en mesure d'apporter. De ce seul point de vue, celles et ceux qui souhaitent s'engager dans le bouddhisme, quelle qu'en soient les raisons, devraient lire cet ouvrage.

Ne devrait-on pas dire une fois pour toutes que le bouddhisme ne peut en aucun cas se substituer à un traitement psychologique ou psychiatrique ? Le bouddhisme peut à la rigueur apporter un certain réconfort, mais n'est pas habilité à " traiter " ces cas extrêmement prononcés de détresse psychologique. Si l'auteur veut démontrer cela, je lui donne raison. En revanche, il me paraît discutable de mettre en cause le bouddhisme comme forme de pensée en regard d'une situation individuelle pathogène qui n'a pas pu trouver les réponses auprès de personnes qui n'ont de toute façon pas la compétence pour les apporter.

Le récit des mésaventures de certains, auprès de lamas ou de centres tibétains, rappelle les réflexions peu amènes d'Alexandra David-Neel dans l'ensemble de son œuvre sur le caractère imprévu de tel ou tel prétendu maître. Ces témoignages montrent bien que les années passent, mais que l'exploitation de la crédulité a encore de beaux jours devant elle.

La lecture de cette étude m'a inspiré quelques réflexions. Où en est le bouddhisme en France aujourd'hui ? Voilà une question dont le panorama qui nous est présenté laisse évidemment très perplexe ? J'ai toujours considéré qu'il était difficile d'être bouddhiste en occident tant il y a un conflit de valeur, notamment sur ce qui touche la personne. L'occident valorise l'ego, la personnalité, la manifestation des caractères individuels, l'esprit de domination etc, toutes valeurs qui paraissent bien misérables pour un oriental. Ne pas jouer cette partition en occident est inconfortable dans de nombreuses situations personnelles ou professionnelles. Cet antagonisme ne doit pas être oublié quand on s'intéresse au bouddhisme.

Concernant la critique de l'égocentrisme, la volonté de se construire ou de se consolider ne doit pas être interprétée uniquement comme l'expression d'un égocentrisme exacerbée. Là encore, cette nécessité apparaît comme très présente dans la démarche de nombreuses personnes et constitue une véritable arrière plan culturel de nos sociétés.

Il serait également intéressant de s'interroger sur la compatibilité entre l'étude sociologique et le contenu de la démarche bouddhique. De même, il eut été instructif de connaître l'appréciation d'une personnalité éminente du bouddhisme sur la plupart des témoignages notamment sur les témoignages négatifs (ils sont nombreux, mais ils reflètent peut-être la réalité).

Il me semble en effet, que les motivations personnelles de chacun, qui peuvent renvoyer à une analyse sociologique, entachent la pensée bouddhique dans son essence. A la lecture de ces témoignages, j'ai trouvé que l'engagement dans le bouddhisme de certains était assez douteux. On peut penser que ce sont ces mêmes individus, en perte de repères, en perte de liens sociaux, voire de liens familiaux, qui se portent aujourd'hui vers le bouddhisme, qui allaient hier vers les nouvelles thérapies et qui demain iront vers le tao ou je ne sais quoi. De ce point de vue, je n'ai pas bien compris les motivations de l'auteur. Que le bouddhisme en France, aujourd'hui puisse attirer toutes sorte d'adeptes ou de curieux qui s'engagent en toute bonne foi, cela est possible, mais que l'on cesse de le limiter à cela, car alors on écorne la réalité et la qualité de son discours. Si l'on considère que le discours du bouddhisme est trop complexe ou trop riche et qu'on relate à longueur de pages les échecs de sympathisants qui ont choisi le bouddhisme pour de mauvaises raisons, on parle de quelque chose qui ne me paraît pas relever du " bouddhisme en France ".

Retour à la liste






Références complètes de l'ouvrage

LENOIR Frédéric, Le Bouddhisme en France, Editions Fayard, 1999 ISBN 2-223-60528-9

retour en haut de la page







Retour au menu principal avec applet
Retour au menu principal sans applet

Aller à la liste des ouvrages ayant une note de lecture

Aller à la bibliographie


Vous pouvez laisser un message à [email protected]

Vous avez été à visiter cette page depuis le 11 septembre 2000. Merci.


L'URL de ce site est http://www.geocities.com/Athens/Forum/2359
© Conception, textes et photographies : Christian Prud'homme ©
Les images et les textes sont copyrightés - texts and pictures are copyrighted


Hosted by www.Geocities.ws

1