Mouvement des Chômeurs - 1998 le début d'une aventure :
L'Assemblée Générale de Jussieu.

 

 

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DES CHÔMEURS, PRÉCAIRES ET LEURS CAMARADES S'INVITENT À DÉJEUNER À LA CANTINE DU PARISIEN...

Voilà plus d'un mois qu'en France divers collectifs ou assemblées poursuivent un mouvement qui veut poser la question du travail et du chômage dans cette société. Ce mouvement, riche et multiforme, s'est manifesté par de nombreuses occupations, débats, actions, tracts, etc. Et alors que dans leur ensemble les médias ont fait silence sur ce mouvement, voici que soudain, le jeudi 12 février, le Parisien consacre une demi-page à une action ayant eu lieu la veille. . .
Ce mercredi 11février, à l' appel de différentes assemblées parisiennes dont AC !, une action rassemblant plus de 150 chômeurs, précaires et leurs camarades se menait devant le magasin CASH CONVERTERS, rue de la Roquette à Paris.
Il s'agissait de dénoncer ces tristes officines de refourgue, qui s'engraissent de la misère des gens en revendant des objets que, la plupart du temps, des pauvres ont été obligés de céder à des prix dérisoires.
L'article du Parisien est surtitré : Incidents : premier dérapage ,sérieux depuis' le début du mouvement. II est titré: Un magasin pillé par des « chômeurs ». On reconnaît l'attrait morbide des journalistes pour le spectaculaire, le violent, alors que les manifestations menées depuis des semaines par ce mouvement, qui sont originales, inventives, ludiques, intelligentes, critiques ont bien sûr été ignorées par ces mêmes journalistes.
On reconnaît également le goût de ces gens-là pour la fausseté et la calomnie: en eff'et, d'aucune manière le magasin CASH CONVERTERS n'a été « pillé ». Notre idée était de dire: « Ce sont eux les vrais voleurs », avec une mise en scène , une chaîne de déménagement des marchandises sur le trottoir. Rien n'a été volé, ce n'était pas le but.
Quant aux guillemets apposés au terme « chômeurs », voudraient-ils jeter l'ambiguité sur les participants à cette action, en laissant sous-entendre qu'il pourrait s'agir de « faux chômeurs » ? Cette catégorie sert aux tenants politiques et médiatiques de la répression, pour opposer « bons » et « mauvais » chômeurs. Pour ces gens-là, un « bon » chômeur est celui qui pointe et se tait Celui qui l'ouvre passe dans la catégorie des « mauvais ». De toutes façons, en bien des occasions, le mouvement actuel a dépassé son cadre initial de moUvement des chômeurs, pour devenir un mouvement social dont les participants cherchent à mettre en commun leurs préoccupations. Socialement, bien des catégories s'y mêlent: chômeurs, salariés, précaires, étudiants, lycéens, RMIstes, inclassables, etc. Mais c'est pour se retrouver justement au-delà de ces catégories. Nous nous redécouvrons comme êtres entiers, sujets sociaux dont les insatisfactions, les besoins, les désirs dépassent largement n'importe quel cadre. C'est la richesse de ce mouvement que d'exprimer la richesse de chacun, que de tenter de I.a communiquer, entre nous, et dans la société.
Une dernière remarque à propos de cet article de Patrice Machuret concerne la version même qu'il donne des faits !
Alors que les participants à cette manifestation ont diffusé massivement un tract qui en précisait les raisons, ce journaliste n'a basé son récit que sur les dires de CASH CONVERTERS, ainsi que sur ceux d'un « permanent d' AC! » qui dénigre l'action. Outre qu'elle n'a pas de permanent, AC! a pris position publiquement le soir même en faveur des personnes arrêtées à cette occasion! Quel est donc ce « permanent » que Patrice Machuret a interviewé ? Et si ce n'était qu'un membre parmi d'autres, pourquoi le journaliste fait-il croire que c'était la position officielle d'AC! ?
Quoi qu'il en soit, ce qui ressemblait à une manoeuvre visant à diviser un mouvement a échoué. Au contraire, ces menteries, ainsi que l'attitude répressive du tribunal (qui a mis en prison quatre chôme.urs suite à l'action dénonçant CASH CONVERTERS) ont provoqué un tollé général dans ce mouvement. . .
Par la suite, ce mouvement a poursuivi ses manifestations, sa publicité, tout en faisant campagne (à Paris et en province) sur les commerces de type CASH CONVERTERS. Les médias (puisqu'il n'y avait plus d'images spectaculaires à exploiter ?) ont maintenu leur silence. . .
Jusqu'à ce mercredi 18 février, quand le Parisien, encore, consacre deux pages entières (pages 8 et 9) de la rubrique « Vivre mieux » aux. . . magasins CASH CONVERTERS ! Des articles, le fameux « Voix express » du Parisien, des exemples de tarif. . . On croit rêver! Quel cadeau du Parisien à ce négoce! Combien auraient coûté deux pleines pages de publicité à Cash Converters ? Ses concurents apprécieront. .
La date de parution de cette publicité déguisée en article sociologique, une semaine exactement après les faits, ne nous semble pas un hasard: CASH CONVERTERS tente de répondre à la campagne extrêmement populaire qu'ont lancée les chômeurs à son encontre. Pourtant, dans les articles de Bruno Mazurier et de ses collèglles, pas une ligne pour rappeller notre action, notre campagne, la mise en prison de quatre chômeurs. . . Il serait pourtant évident au plus débutant des journalistes quuUn papier écrit à cette date sur CASH CONVERTERS ne pouvait ignorer ces faits. . . Voilà qui clarifie pleinement la position du Paris'ien tant vis-à-vis de CASH CONVERTERS que vis-à-vis du mouvement des chômeurs.
Ce mouvement, qui, partant des insatisfactions particulières de ses participants, tente d'en déceler les causes cornmunes, a déjà commencé à poser des questions sur le travail salarié, sur l'économie qui lui est liée. Les commerces du genre CASH CONVERTERS, ces monts-de-piété du racket ultra-libéral, prospèrent sur ce principe simple: plus il ya de misère, plus ils s'enrichissent C'est l'exacte métaphore de notre société qui feint d'ignorer de quels malheurs elle se fleurit, sauf quand elle permet d'arracher des larmes de crocodile sur les horreurs médiatisées de l' exploitation archaïque du « tiers-monde », si loin, si loin, si loin...
En dénonçant particulièrement le business de la misère, nous voulons dénoncer plus généralement cette économie qui, plaçant l'argent au-dessus de tout, transforme l'être humain en marchandise; le travail salarié qui fixe un tarif à la marchandise humaine; et le chômage qui la transforme en marchandise périmée.
Nous n'avons jamais rien demandé au Parisien. Nous venons voir de quoi sont faites les pensées de ces hommes et de ces femmes qui poussent si loin tant de cynisme. Nous convions les salariés du Parisien à venir bavarder avec nous, certains que tous ne partagent pas la ligne officielle de ce journal. . .
Nous convions chacun à l'assemblée qui se tient tous les jours (sauf W. E.) à 18 h, à l'université de Jussieu

Le comité-balade du vendredi 20 février 1998.

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