Mouvement des Chômeurs - 1998 le début d'une aventure :
L'Assemblée Générale de Jussieu.

 

 

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Manif du 17 Janvier 1998, de l'occupation de l'ENS à l'Assemblée de Jussieu.

Lors de la manif parisienne, une partie des occupants de l'ENS qui en étaient sortis décident de faire un cortège de flagellants, cagoulés et masos, défilant devant une banderole scandant : "nous voulons un boulot de merde payé des miettes". La volonté est de ne pas se plier aux revendication générales, mais d'exprimer notre refus du travail salarié par l'absurde et la dérision. Le résultat est étonnant. Les slogans fusent de partout, spontanément, dans la rigolade générale. "Du travail, pas de salaire, et des heures supplémentaires" ; "35 heures par jour" ; "Un dieu, un maître, le patron" ; "les syndicats sont nos amis, jamais ils ne nous ont trahit" ; "oh lé lé, oh la la, avec la CGT, on en est encore là" et autres boutades jaillissent. Des papillons conviant à une Assemblée lundi 19 Janvier 1998 à Jussieu circulent parmi les flagellants, premiers appels à la rencontre.

A la fin de la manif, arrivés à Nation, nous décidons de ne pas en rester là, et d'aller rendre une petite visite à nos amis enfermés dans l'ENS. A plus de 500, nous prenons le RER dans la liesse générale, arrivons dans le quartier, où un premier barrage voit toutes ses barrières se renverser. Puis remontant la rue Claude-Bernard, le cortège s'attaque à un second barrage rue Rataud, réussissant à s'engouffrer dans la rue. Toutefois, il n'y a pas d'entrée à cet endroit-là, et le cortège repart vers la rue d'Ulm, forçant un troisième barrage. Pendant ce temps là, un passage vers l'Ecole est trouvé : il faut entrer dans un immeuble, puis escalader deux grillages, et on se retrouve dans le jardin de l'Ecole. Une centaine de personnes emprunte ce passage, tandis que les autres continuent leur promenade improvisée, que ce soit au centre commercial Galaxy à la Place d'Italie pour certains, ou dans le restaurant La Coupole puis l'hôtel Lutetia pour d'autres. L'arrivée des manifestants dans l'ENS change subitement le rapport de force en faveur des occupants, suscitant l'hystérie de l'administration qui prévient les élèves qu'ils doivent s'enfermer dans leurs chambres car la police va intervenir rapidement. Pendant ce temps là, les nouveaux occupants se déploient dans l'Ecole, sur la terrasse, dans l'amphi, dans le jardin, dans le gymnase. Les provocations de l'administration, qui cherchait à apeurer les occupants, entraînant l'effet contraire à celui attendu : au lieu de sortir se rendre gentiment comme l'administration le suggérait, les occupant commencent à se barricader dans l'Ecole.

Ce soir là, les stocks de nourriture sont découverts. Il y a de nombreuses boite périmées, mais surtout des quantités énormes de toutes les denrées alimentaires imaginables et possibles. le problème étant la fermeture des cuisines, ce soir-là seuls un repas froid et la première fournée des dizaines de bouteilles de champagne font l'affaire.

Dans la nuit, fort agitée, plusieurs dizaines d'occupants sortent, et, le lendemain matin, environ cinquante personnes se retrouvent pour poursuivre l'occupation. En effet, malgrès les menaces alarmistes, les flics ne sont pas intervenus pour nous expulser. Se pose alors la question de la continuité de l'occupation. Pour certains, l'important est que le symbole de cette occupation grossit, et qu'il faut donc tenir, pour forcer les flics à entrer dans l'Ecole, ce qui aurait nécessairement provoqué un scandale. De plus, ils ne peuvent pas fermer l'Ecole indéfiniment, il va bien leur falloir agir. Mais, tenir jusqu'à quand ? A combien ? Le discours de Jospin prévu le mercredi 21 Janvier va forcément nous déplaire, et on ne peut donc que sortir avant, ou longtemps après. Nous restons le Dimanche à discuter longuement entre nous et avec les élèves présents, à mijoter des petits plats dans les cuisines maintenant ouvertes, puis nous fêtons trois anniversaires dans la nuit, lors d'une boum improvisée dans l'ENS.

Le lendemain, lundi matin, nous ne sommes toujours pas expulsés. Les autre annexes de l'ENS sont à leur tour fermées et encerclées, alors que les assemblées générales commencent à s'y tenir. Les élèves externes de l'ENS n'ont plus le droit de rentrer dans l'Ecole, toujours fermée. Nous improvisons donc un match de volley par-dessus la grille avec les normaliens restés dehors, jusqu'à ce qu'un flic vienne interrompre notre abominable subversion.

Lors de l'Assemblée des occupants, nous débattons du sens pris par l'occupation, devenue un symbole médiatique certes, mais pas lieu de débats et d'initiatives ouvert que nous désirons. Réfléchissant aux risquent d'être de moins en moins nombreux et "jusqu'au-boutistes", nous. Promettant à l'administration qu'on reviendra quand on voudra, nous sortons tous ensemble, escortés par les flics et journalistes, et nous rendons à Jussieu, où l'Assemblée a déjà commencé à se réunir, l'amphi étant comble.

 

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