Commentaire
Un
début de carrière de plus en plus difficile
Deux jeunes diplômés sur trois sont en situation professionnelle
précaire. S'il n'y avait qu'un seul chiffre à retenir, ce serait
celui-ci : 58 % des diplômés des années 1997 à
2001 sont aujourd'hui en CDD ou pigistes.
Certes, les situations varient, les promotions les plus anciennes regroupant
logiquement plus de CDI que les plus récentes (voir tableau). Mais
globalement, tous médias confondus, le statut de salarié devient
de plus en plus rare.
En 1993, le CFJ avait déjà interrogé les jeunes anciens
sur le même thème. Sur 148 réponses (promotions 1986 à
90), 62 % disaient bénéficier d'un CDI à la date de l'enquête
(mars 1992). 19 % avaient été embauchés à la suite
de leur premier CDD après leur sortie du CFJ. Ils ne sont que 5 % dans
cette dernière enquête.
Conséquence logique de cette précarité accrue, près
d'un jeune ancien sur deux dit être passé par la case ANPE.
Une
orientation importante vers la presse écrite.
Dans ce contexte difficile, c'est encore vers la presse écrite et surtout
les magazines que se dirige la majorité des jeunes journalistes. Mais
avec des différences importantes selon les secteurs. Ainsi, seulement
deux anciens nous ont indiqué travailler dans la presse quotidienne
régionale. A Paris, quelques (rares) entreprises comme l'AFP ou Libération
(jusqu'en 2000) continuent à embaucher régulièrement
(1). En revanche, les CDI sont peu nombreux en presse magazine. C'est dans
ce secteur que l'on trouve une écrasante majorité de pigistes.
En audiovisuel, les chaînes publiques et privées intègrent
bon an mal an quelques diplômés, les radios très peu.
Quant au multimédia, il est à l'image de ce secteur : fermé.
Un
pouvoir d'achat en baisse. Dans l'enquête de 1993, la répartition
des salaires s'établissait de la façon suivante :
5/8 000 F : 8 %
8/10 000 F : 11 %
10/12 000 F : 24 %
+ 12 000 F : 56 %.
En les comparant avec les réponses à la question 5, on constate
que l'éventail des salaires n'a guère changé. Le montant
non plus, au détail près que dix années d'inflation n'ont
pas été prises en compte ! Conclusion : les jeunes journalistes
sont de moins en moins bien payés. On le savait déjà,
mais on en a ici une nouvelle fois confirmation.
La
carte de presse : une formalité. Seul point positif : à
une exception près, aucune personne interrogée nous a indiqué
avoir rencontré des difficultés pour obtenir sa carte de presse.
Deux se la sont vu refuser pour manque de continuité dans les revenus,
deux autres ont cessé de la demander.
Enfin, nous leur avons demandé si certains d'entre eux avaient abandonné
la profession. Une seule personne nous a indiqué s'être réorientée
vers un autre métier (5 il y a dix ans, reconverties dans l'édition
ou la communication). Mais plusieurs l'envisagent sérieusement. Combien
seront-ils dans les mois, les années à venir à quitter
le journalisme ? L'actualité n'incite guère à l'optimisme.
Olivier Sourice
(1) Il y a 10 ans, ils étaient 30 % à travailler en presse quotidienne
parisienne (pigistes et CDI).