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Zekri (Tizi Ouzou)
Au fin fond de la Kabylie
Par Djamel OUKALI
http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=32366
Dans la commune
de Zekri aux fronti�res de Tizi Ouzou-B�ja�a, on est surtout frapp� par le
spectacle de tant de mis�re et de d�nuement.
Zekri,
anciennement appel�e Tha�roust, pourtant �rig�e en commune d�s
l'ind�pendance, est paradoxalement dans un �tat d'indigence et d'isolement
quasi absolu et n'a, de surcro�t, et au grand d�sespoir de ses 3 708
habitants, b�n�fici� d'aucune aide financi�re, qui aurait am�lior� un tant
soit peu les conditions de vie on ne peut plus insupportables de la
population, qui a souffert dix longues ann�es des affres du terrorisme,
qui a s�vi dans cette r�gion montagneuse et qui a co�t�, rappelons-le, la
vie � trois �l�ments de la garde communale en 2001. Pour acc�der � cette
localit�, distante d'environ 67 km de la wilaya de Tizi-Ouzou � situ�e �
l'extr�me limite territoriale des wilayas Tizi-Ouzou et B�ja�a �, il faut
emprunter l'unique route, dans un �tat de d�labrement tr�s avanc�,
n�cessitant une r�fection.
Une arriv�s au chef-lieu de la commune de Zekri, notre attention fut
attir�e par le spectacle de tant de mis�re et de d�nuement : un seul caf�
fait office de lieu de rencontre o� de jeunes ch�meurs tuent le temps en
jouant aux cartes � longueur de journ�e ou en parlant de leur �quipe
f�tiche, la JSK ; un centre de soins exigu qui ne dispose m�me pas des
moyens �l�mentaires tels pansements, seringues, etc., et qui fonctionne
depuis belle lurette sans m�decin. Juste deux infirmiers assurent le
fonctionnement de ce centre � combien indispensable ! Hormis la
vaccination et les premiers soins, nous d�clare un infirmier, aucun soin
n'y est prodigu� et les malades doivent se d�placer jusqu'� l'h�pital
d'Azazga pour se faire soigner, soit une distance de 27 km, sachant que le
transport dans ce bourg si isol� fait grandement d�faut. Un petit
immeuble, qui donne l'impression d'�tre inhabit�, les stores �tant ferm�s,
sert de brigade de gendarmerie ; un si�ge d'APC o� nous avons eu une
conversation avec un technicien, l'administrateur �tant absent.
Alors que ce dernier nous parlait des probl�mes que rencontre la commune,
notamment l'enclavement qui freine consid�rablement son �conomie, le
responsable de la r�glementation a fait apparition et nous a lanc� tout de
go : �dites que notre commune ne b�n�ficie de rien. Le chef-lieu de
commune est priv� d'eau et d'�lectricit�. Le t�l�phone n'est pas encore
install�. L��clairage public ne fonctionne pas. Les logements ont �t�
squatt�s sans que les autorit�s interviennent.�
Des villages d�nu�s
Dans la cacophonie g�n�rale, nous sommes sortis, laissant les deux
coll�gues se contredire, l'un tirant � hue l'autre � dia. Et pour v�rifier
la v�racit� des dires de l'employ�, nous nous sommes d�plac�s dans
quelques villages. Constat amer ! Les villages Bouna�mane, Thizagharine,
Amalou et Aloun n'ont pas d'�lectricit� depuis l'ind�pendance ! Et les
routes qui y m�nent sont dans un �tat lamentable. La population qui y vit
souffre du probl�me de l'ins�curit� � qui a pouss� nombre de villageois �
abandonner leurs maisons et venir occuper ill�galement des logements
construits, mais h�las ! non distribu�s � ce jour �, du probl�me du gaz
butane et de l'approvisionnement en pain.
Les propri�taires du seul caf� existant au chef-lieu de la commune de
Zekri, dont l'obligeance d�sint�ress�e et d�concertante, n'a d'�gale que
sa disponibilit� � r�pondre � nos questions, nous a pr�cis� que 98% des
jeunes de cette r�gion, qui souffre du ch�mage, quittent leurs villages
pour aller qu�rir du boulot soit � Alger soit ailleurs : Tizi Ouzou, Oran,
constantine et Annaba. Car dans cette colline oubli�e o� seuls les
�perviers tournent en rond ajoutant une note de tristesse au spectacle,
d�j� d�solant, il n'y a pas de projets susceptibles de g�n�rer des postes
d'emploi. Ceux qui ont l'heur, si heur il y a, d'�tre embauch�s � la
cantine du CEM ou � la mairie dans le cadre du filet social se font
exploiter par des personnes v�reuses.
Pas de projet : z�ro emploi
En effet, ils font le travail des titulaires mais ne sont r�mun�r�s qu'�
3000 DA, une salaire insignifiant. Et hormis les emplois saisonniers,
surtout pendant la saison de la cueillette des olives ou des propri�taires
des huileries embauchent de jeunes ch�meurs, z�ro emploi.
Pour toutes ces raisons, les jeunes de cette petite bourgade, qui voient
leur avenir s'assombrir sans qu'aucune lueur d'espoir ne pointe �
l'horizon, pr�f�rent prendre leur essor et fracturer les horizons pour des
saisons plus hospitali�res et des cieux plus cl�ments. En mati�re
d'infrastructures scolaires, c'est le manque flagrant : 29 villages sans
�cole primaire.
Sur les 32 villages que compte la commune Zekri, seuls trois, en
l'occurrence Tabouda, Talbane et Taba�rourt, disposent chacun d'une �cole
primaire. les �l�ves de 29 villages font le d�placement � pied dans des
conditions climatiques insupportables, bravant le froid glacial connu dans
cette r�gion fortement bois�e, l'APC ne disposant que d'un seul camion et
un minibus, affect�s au ramassage scolaire. Un seul CEM, le CEM Cha�b-Ahmed.
Les professeurs qui y enseignent sont oblig�s de faire la navette chaque
jour payant 140 DA la place. Le CEM Cha�b-Ahmed, nous d�clare un
enseignant visiblement fatigu�, est un centre de formation pour les
professeurs vacataires. D�s leur titularisation, ils se font muter tant
enseigner au CEM de Zekri n'est pas une sin�cure.
Le directeur de cet �tablissement s'est excus� de ne pouvoir nous accorder
cinq minutes sous le pr�texte qu'il avait une importante d�l�gation �
recevoir. Le surveillant g�n�ral nous a interdit d'interroger les �l�ves
pour avoir l�avis de ces derniers sur les programmes enseign�s, n'ayant
pas la permission du directeur de l��ducation de l�acad�mie de Tizi-Ouzou
qui aurait menac� et les profs et le directeur s�il d�rogeaient � la r�gle,
les conditions tr�s difficiles influant n�gativement et sur le rendement
des professeurs et sur les taux de r�ussite des �l�ves, qui, faut-il le
signaler, est en nette r�gression d'ann�e en ann�e.
Plusieurs hectares de for�ts ont �t� ravag�s par les incendies que les
sapeurs-pompiers n'ont pu ma�triser, les pistes �tant inexistantes. d'o�
l'urgence de d�senclaver cette r�gion. Un homme d'un certain �ge nous a
interpell�s : �Dites au pr�sident de la R�publique qu'� l'or�e de 2004, �
Zekri, les gens sont priv�s de journaux, faute de distributeurs !�
Nous avons quitt� Zekri laissant derri�re nous une colline oubli�e, qui
fut une zone interdite au temps de la r�volution et que les autorit�s de
l'Alg�rie ind�pendante fuient comme on fuit un l�preux.
Par Djamel OUKALI
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