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Le premier jour de l'an, Ennayr *
IMAZIGHEN ASS-A - SP�CIAL ENNAYR

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samedi 10 janvier 2004

Au souper de la premi�re nuit de janvier, les Ntifa mangent, avec le couscous, une pr�paration appel�e les "sept l�gumes" [1] o� rentrent sept vari�t�s de plantes vertes telles que l'artichaut, l'asperge sauvage, le cresson, le ch�vre-feuille, le poireau.

Apr�s le repas, il est d'usage qu'une des femmes de la maison prenne une poign�e de couscous et la pr�sente � tour de r�le � chacun des membres de la famille en disant : "Tiens, mange." On doit r�pondre : "Je n'ai plus faim !" La m�me femme d�pose ensuite la boulette sur le montant sup�rieur de la porte de l'habitation. Le lendemain, � la pointe du jour, elle l'examine et tire des pr�sages d'apr�s la nature du crin, du poil, du brin de laine ou de la plume, que le caprice du vent y a d�pos�s. Cette coutume a re�u le nom de talkimt n djiwnegh [2]

Au cours de la deuxi�me nuit, on mange des poules et des oeufs. Il faut que petits et grands, chacun ait une volaille enti�re pour sa part. La femme enceinte en mange une en plus pour l'enfant qu'elle porte en son sein.

Chacun emporte les coquilles des oeufs qu'il a mang�s et les serre dans un nouet fait dans le pan de son v�tement o� elles restent toute la nuit. On les jette le lendemain ; les anciens pr�tendent qu'agir ainsi, c'est s'assurer de ne point manquer d'argent dans le cours de l'ann�e.

Il est encore d'usage de proc�der ce jour-l� au renouvellement des pierres du foyer. La ma�tresse de maison dit en jetant ses vieilles pierres sur le tas du fumier : "Je vous change, o pierres, et en apporte de nouvelles dans la paix et la prosp�rit� !" En reb�tissant son foyer elle prononce ces paroles : "Au nom de Dieu ! veuille, � Dieu ! qu'il soit b�ni, heureux et prosp�re !"

Par ailleurs, l'usage d'�lever des b�chers � l'occasion d'Ennayr a �t� capt� par l'Achoura, qui de m�me qu'Ennayr, marque le commencement d'une ann�e. Toutefois, la termilnologie, qui leur �tait appliqu�e, s'est g�n�ralement conserv�e. On trouve : tabennayut Illaln, Ihahan, Woult, Imettouggan ; tabeliwt, Imesfiwan ; tabernayut. Igliwa, Ida Ouzal ; taberninut. Ras el Oued, tabenrayut, Ida Ou-Ka�s. Parfois m�me le nom a �t� donn� � la f�te de l'Achoura ; celle-ci, en effet, est appel�e : byannu, Todghout, ou tafaska n lalla babiyanu, Ouargla. Dans ce dernier cas, l'expression para�t s'appliquer � une vague divinit� sans l�gende. Les Ida Ousemlal, qui nomment leur feu de joie tam

L'expression est particuli�rement usit�e dans les chants, des paroles rituelles, sans que les Chleuhs, qui les emploient, puissent fournir, � leur sujet, quelques indications utiles. Le soir de l'Achoura les enfants chez les A�t Idaffen, passent de maison en maison en chantant :

Bennayu ! Bennayu !
yan id ur ifkin takedmit niyu d ighsn iyu
ar itz'z'eg taydit, ar isndu gh uh'las !
Bennayu ! Bennayu !

Bennayo ! Bennayo !
Qui, ne me donnera ma boulette et mon os,
Traira la chienne, et battra son beurre dans un b�t !
Bennayo ! Bennayo !

Ceux de Dad�s disent : "Bayannu kerkanu ! fk-agh-t-id a lalla ! tcan-agh yurdan ; mkagh-t-id ur tfkit, ad am id'er ud'ar n ughul g terkut !" "Bayanno, kerkano ! donne-le nous o lalla ; les puces nous d�vorent ; si tu ne nous donnes rien, que le pied de l'�ne renverse ta marmite !" Dans la province de Demmat, chez les Infedouaq, en particulier, les enfants chantent, dans les m�mes circonstances :

"tikeddad n �acur' !
"ighs ighs n baynu !"

"morceaux de viande dess�ch�e de l'Achoura,
os os de Baino !"

Mais l�, comme ailleurs, baino est un terme incompr�hensible pour eux.
La m�me appelation : baynu et tabennayut, d�signe encore, chez les A�t Isaffen, les baguettes de laurier-rose que les enfants vont couper la veille de l'Achoura, et dont ils se d�barassent ensuite en disant : "mun-d elbas-nnek a baninu ! va-t-en avec ton mal, o mon Baino !"

L'expression est �galement connue des Touaregs. D'apr�s le Lieutenant Jean, les Touaregs de l'A�r donnent le nom de byanu � une f�te, qui a lieu le 20e jour de Mo�arrem, et dure deux nuits et un jour. C'est une "f�te d'amour" d'o� sont exclus les enfants, les personnes non mari�es et les vieillards. Il s'y d�roule des sc�nes �rotiques qui rappellent celles de la "nuit de l'erreur" des Zekkara ; la "nuit de la confusion" des Bedadoua ; la "nuit de l'an" ou la "nuit du bien-�tre" des Beni Mhassen (Bran�s) ou encore celle du "bonheur" que nous avons signal�e chez les A�t Isaffen. Ajhoutons que chez les Touaregs de l'A�r, les gar�ons n�s pendant le mois de Moharrem, portent tous le nom de Bianno.

Par ailleurs, Bennayu, Byanu, tabennayut et leurs variantes nombreuses, sont fr�quemment relev�s en toponymie, et d�signent, des villages, des montagnes ou des grottes, qui rappellent, sans doute, les lieux o� les gens, autrefois, avaient coutume de se r�unir pour f�ter le Renouveau en allumant d'immenses feux de joie, et en se livrant, entre eux, dans une promuiscuit� compl�te, � des sc�nes de d�bauche rituelle et sacr�e. Citons entre autres : Tabennayut, nom d'une montagne qui domine la petite ville berb�re de Khenifra, en pays zayan.

Des expressions de ce genre ne sont pas sp�ciales au maroc. On sait que les Berb�res de l'Aur�s appellent : bu-ini, leurs f�tes d'Ennayr. � Tlemcen, on appelait, il y a quelques ann�es encore, ddu nom de bubennani ou bumennani, le personnage masqu� qui parcourait, � l'occasion du nouvel an, les rues de la ville, suivi des �l�ves des �coles coraniques. Enfin, une expression qui para�t se rapporter aux pr�c�dentes : mununu, a �t� relev�e, � Rabat, dans les paroles chant�es par les enfants, qui prennent place dans les roues de l'Achoura (Castels, l'Achoura � Rabat, in Archives Berb�res, 1916).

C'est au latin bonus anus que Masqueray a identifi� le bu-ini des Chaouia de l'Aur�s. Mais, cette etymologie, admise par Doutt� et Westermarck, s'applique-t-elle vraiment aux diff�rents termes que nous avons rapport�s ! C'est possibles ; en tout cas, on peut affirmer qu'ils se pr�sentent, dans le vocabulaire berb�re, avec la figure d'�trangers. Sur l'Ennayr, cf. Destaing, "Ennayer chez les Beni-Senous" in "Revue Africaine, 1905" ; - Doutt�, "Marrakech", p. 373-377 ; "Magie et Religion" 554-550 ; - Westermarck, "Ceremonies and Beliefs connected with agriculture, certain dates of the solar year, and the weather, in Morocco".

Les �v�nements qui marquent le premier jour de l'an passent pour avoir leur r�percussion sur l'ann�e enti�re. S'il pleut, l'ann�e sera bonne ; parfois m�me, pour s'assurer d'une ann�e pluvieuse, on proc�de � des rites d'aspersion d'eau. Ainsi chez les Amanouz, les gens se rendent au bord des rivi�res o� ils se livrent au jeu des baignades forc�es, comme il est fait, partout ailleurs, � l'occasion de l'Achoura.

L'usage est partout r�pandu de tirer des pronostics sur l'ann�e agricole en cours. Chez les Ibahan, avant de se coucher , les femmes d�posent sur la terasse, trois boulettes de tagulla correspondant aux trois premiers mois de l'ann�e : janvier, f�vrier, mars, sur lesquelles elles jettent une pinc�e de sel, et ce, dans la pens�e "d'eassayer" la pluie. L'examen des boulettes leur fournit, le lendemain, des renseignements sur la nature des �v�nements m�t�orologiques qui vont survenir : la boulette, sur laquelle le sel est tomb� en d�liquescence, indique, en effet, celui de ces mois qui sera particuli�rement pluvieux.

A l'Ennayr, on formule encore des voeux. Les hommes et les femmes vont �couter aux portes, et tirent, bon ou mauvais augure, des conversations entendues. � Timgissin, la jeune fille, qui d�sire se marier, se livre au m�me man�ge en ayant soin, pendant tout le temps qu'elle op�re, de l�cher la cuiller qui a servi � remuer la bouillie.

Parmi d'autres pratiques non moins curieuses, signalons que chez les A�t Mzal, avant de servir la bouillie, on a coutume de jeter dans la marmite un fels, ou petite pi�ce de monnaie, un noyau de datte, a�urmi n tiyni, et un morceau d'�corce d'arganier, yerg n wargan qui trouvera le fels dans sa boulette sera riche ; celui qui tombera sur l'�corce d'arganier deviendra pauvre ; et, qui trouvera le noau de datte sera propri�taire de nombreux troupeaux. Cette c�r�monie fait songer au G�teau des Rois qu'il es, chez nous, d'usage de partager en soci�t� � l'Epiphanie.
 

in. Mots et choses berb�res, de Emile Laoust, Augustin Challamel-Editeur, Paris, 1926.


Copyright Tamazgha.fr ( sauf si source mention�e)

(*) La "nuit de Janvier", Id' n Ennayr, porte des noms qui diff�rent selon les r�gions. Les A�t Yousi l'appellent : asugg�as ujdid "l'An neuf", et, les A�t Seghrouchen, Izayan, Ichqern : id' n h'aguza "la nuit de la vieille" ; en effet d'apr�s les croyances populaires, un d�mon, sous les traits d'une vieille, passe, cette nuit-l�, par toutes les maisons et par toutes et par toutes les tentes. Les A�t Wara�n l'appellent : byannu, terme qui se retrouve dans l'expression : bennayu n id' n usegg�as n innayr "bennayu de la premi�re nuit nuit de janvier" par laquelle les ksouriens de Timgissin d�signent le feu de joie, qu'ils ont alors l'habitude d'allumer. � Aoulouz, le feu, allum� � la m�me �poque, se nomme : tabennayut.


[1] Le rituel des f�tes d'Enna�r, en pays chleuh, appara�t extr�mement r�duit. Il est possible qu'un certain nombre de ses �pisodes aient �t� capt�s par les f�tes musulmanes, en particulier par l'Achoura. D'une mani�re g�n�rale, la f�te se r�sume en un repas copieux suivi de pratiques propres � fournir des pronostics sur l'ann�e nouvelle. On mange de la tagulla, bouillie �paisse qui poss�de, croit-on, des propri�t�s fortifiantes : A�t Mzal, Ida Oukensous, A�t Isaffen, Tlit Izenaguen, Idouska, Igliwa, Ihahan, - du couscous � gros grains appel� : berkukes, Illaln - des produits v�g�taux "les sept l�gumes, sb�a lxuddari, Tlit ; sat lxudrat, A�t Isaffen -de l'urkimen, pr�paration compos�e de toutes sortes de grains cuits avec les pieds de l'animal �gorg� � l'A�d Kebir -des volailles ; mais cette pratique n'est pas g�n�ralis�e ; chez les A�t Tamemt, l'usage est de manger deux poulets "autant qu'on a d'oreilles".

[2] Litt. "la boulette de je n'ai plus faim" de djyun "�tre rassasi�". On dit, en effet : qui n'est pas rassasi� ce jour- l�, ne le sera pas de l'ann�e : �wanna ur-icb�an, ar gis itili ughni ar iduwwur usegg�as,Tlit ; winna ur isb�an ghyi n-innayr, ur sar ir icba� ar-d-isutel usegg�as, lllaln.

 

Yennayer et le calendrier Julien



Origine et d�finition
Le nouvel an berb�re, Yennayer, est une tradition ancienne inscrite dans le calendrier agraire de l�Afrique du Nord et qui conna�t aujourd�hui un regain de vitalit�. Comme premier jour de l�ann�e (aqerru useggas) il est marqu� par des rites, des mets, des augures dans une atmosph�re de f�te � peu pr�s semblable dans toutes les r�gions.

Une interpr�tation optant pour une �tymologie berb�re donne yen-n-yur, � 1er de la lune �, envisageant par l� un calendrier lunaire originel. Les premiers calendriers forg�s par les hommes �taient probablement d�origine lunaire, le cycle de la lune �tant le plus ais�ment observable depuis la terre, mais cela ne constitue pas une preuve suffisante pour donner raison � cette �tymologie qui soul�ve plusieurs questions :
- � Si les Berb�res avaient �labor� un comput et un calendrier lunaire datant de l�antiquit�, pourquoi l�auraient-ils abandonn� et pourquoi n�en ont-il laiss� aucune trace alors qu�ils connaissaient l��criture leur permettant de le faire ? �
- Si les Berb�res avaient nomm� leur mois de janvier en r�f�rence � la lune, comment se fait-il que les onze autre mois portent des noms latins ? Ces simples questions laissent penser que Yennayer est bien plut�t le mois de janvier latin, le Januarius du calendrier julien comme le sont tous les autres mois de l�ann�e agricole berb�re.

Ce Januarius du calendrier romain �tait le mois du Dieu Janus (Dieu des portes, des seuils). Il s�agit du mois de janvier du calendrier r�publicain romain qui n�est lui m�me devenu le premier de l�ann�e qu�au cours du 2�me si�cle avant notre �re, prenant la place de Martius, le mois de Mars qui marquait jusque-l� le d�but de l�ann�e. Mais � cause de son d�calage croissant par rapport � l�ann�e solaire, ce calendrier lunaire est devenu, au fil des ann�es, ing�rable par les pontifes (pr�tres) romains, et a conduit Jules C�sar � le r�former, gr�ce aux conseils du math�maticien et astronome grec Sosig�nes rencontr� � Alexandrie. Ce dernier s�appuyait sur des projets de r�forme du calendrier solaire �gyptien qui poss�dait d�j� 12 mois de trente jours chacun auxquels �taient rajout�s cinq jours pour arriver � une ann�e de 365 jours. La mort brutale de Jules C�sar fit que la r�forme ne s�appliqua pas avec toute la pr�cision voulue et les pontifes intercal�rent au calendrier une ann�e bissextile tous les 3 ans. Son neveu Octave devenu l�empereur Auguste, le r�ajusta encore en int�grant cette ann�e bissextile seulement tous les 4 ans pour obtenir enfin une ann�e de 365 jours �.

Le calendrier julien est donc un calendrier solaire de 11 mois de 30 et 31 jours chacun auxquels s�ajoutent un mois de 28 jours, plus � de jour suppl�mentaire (ann�e bissextile tous les 4 ans), ce qui donne une ann�e de 365 jours �. L�ann�e solaire est exactement de 365,2422 jours. Ce l�ger d�calage par rapport � l�ann�e tropique a �t� supprim� par le pape Gr�goire XIII en 1582 qui a fait passer simplement la date du 4 octobre � celle du 15 octobre supprimant ainsi les 11 jours de d�rivation qui manquaient au calendrier julien depuis sa r�forme august�enne (11 mn/an soit 1 jour tous les 134 ans). Ce calendrier gr�gorien s�est r�pandu en Europe occidentale, dans le monde catholique d�abord, protestant ensuite, demeurant probablement inconnu en Afrique du Nord jusqu�au 19�me si�cle.

Introduction du calendrier julien en Afrique du Nord

Deux hypoth�ses ont �t� avanc�es jusqu�� pr�sent :


-   Transmission du calendrier julien depuis l�antiquit�
Il est �vident que le calendrier julien a �t� introduit en Afrique du Nord avec l�empire romain et qu�il �tait connu dans les r�gions latinis�es tout au moins. Mais cela suffit-il pour dire que c�est lui qui nous est parvenu et que nous connaissons aujourd�hui ? La question m�rite d��tre pos�e car rien n�est moins s�r �tant donn� l�absence totale de traces de transmission. Comment comprendre en effet qu�un calendrier nous soit parvenu depuis l�antiquit� en l�absence totale de traces en latin ? D�autre part comment expliquer la pr�sence du calendrier partout en Afrique du nord, m�me dans les zones du Sahara o� l�influence romaine �tait plus faible ?


-  Hypoth�se de l�origine copte C�est dans les ann�es 1950 que Jean Servier propose une origine copte du calendrier berb�re. Cette hypoth�se est difficilement recevable � causes des caract�ristiques tr�s diff�rentes des deux calendriers. Le calendrier chr�tien copte a conserv� les noms de mois des divinit�s �gyptiennes ainsi que la structure de l�ann�e qui compte 12 mois de 30 jours + 5 jours suppl�mentaires comme le faisait l�ann�e �gyptienne. Il faut ajouter � cela que le premier mois de l�ann�e copte, nomm� Thout d�bute en ao�t-septembre, ce qui n�est pas le cas en Afrique du Nord.


Notre hypoth�se

Aux deux hypoth�ses pr�c�dentes nous en ajouterons une troisi�me qui nous para�t la plus probable. En l�absence totale de traces de transmission depuis l�antiquit�, comment expliquer la pr�sence actuelle du calendrier julien partout en Afrique du Nord, d�Est en Ouest et du Nord au Sud ? Comment expliquer aussi que parall�lement aux mois juliens on trouve des p�riodes de 40 jours parfaitement identifi�es partout en Afrique du Nord : Lyali (pour les froidures blanches et noires), Sma�m (pour les chaleurs s�ches), Nisan (pour les pluies de printemps) ? C�est d�ailleurs cette p�riodisation qui est l�illustration du caract�re agraire du calendrier actuel et tous ceux qui emploient ces termes aujourd�hui pensent qu�il s�agit de mots s�rement arabes. Cette passion pour l�agriculture nous a mise sur la piste des agronomes andalous du Moyen Age. Ces derniers ont en effet r�dig� et diffus� en arabe (langue de diffusion scientifique de l��poque) � partir du 11�me si�cle, des trait�s d�agriculture rationnelle reprenant le calendrier julien espagnol que toute l�Europe, ainsi que l�empire grec Byzantin avaient conserv� depuis l�empire romain.
C�est ainsi que le calendrier julien a �t� �toff� par les p�riodes cit�es qui ne pouvaient �tre connues que des sp�cialistes et des �rudits voyageant en Syrie ; le Kitab-al-filaha d�Ibn-al-Awwam publi� au 11�me si�cle � S�ville en est un bel exemple. Ainsi Nisan, par exemple, est le nom du mois d�avril du calendrier chr�tien syriaque. Pr�cisons que ce nom est d�origine babylonienne et qu�il a servi aussi au calendrier h�breu. C�est sans doute autour de cette p�riode que ce calendrier julien-syriaque andalou fut adopt� en Afrique du Nord. En effet, c�est � la fin du 11�me si�cle, en 1090, que le sultan Almoravide Yusuf ibn Tashfin annexe � son royaume nord-africain les royaumes musulmans d�Espagne. Cela se poursuivra sous la dynastie suivante des Almohades, qui constituait un royaume unique depuis l�Andalousie jusqu�� l�Egypte, laquelle promut un certain nombre de savants. De plus, au fur et � mesure de la Reconquista (qui se termina en 1492), l��lite andalouse se replia en Afrique du Nord (par exemple � Bgayet), y propageant ses id�es.
Si les agronomes andalous ont pr�f�r� reprendre le calendrier solaire julien c�est qu�ils estimaient qu�il �tait mieux adapt� � l�agriculture que le calendrier lunaire musulman (ce qu�ont fait aussi tous les agriculteurs de l�Afrique du Nord), lequel compte 12 mois sacr�s de 29 ou 30 jours. Le proph�te ayant interdit d�ajouter des jours suppl�mentaires pour rattraper l�ann�e solaire, le calendrier h�girien conserve ainsi une ann�e plus courte que l�ann�e tropique.

M�me si le nom de Yennayer est un mot latin c�est probablement dans la religion ancienne des Berb�res que doivent se trouver les r�ponses � la conception et � la division du temps, car partout l��laboration d�un calendrier a �t� d�origine religieuse.

Nedjima Plantade

Nedjima Plantade est anthropologue. Elle a soutenu une th�se de 3�me cycle intitul�e "Magie f�minine et sexualit� en Kabylie : �tude ethnopsychiatrique" sous la direction de Georges Devereux, � l�EHESS en 1984.
Elle est auteur de deux ouvrages ; "La guerre des femmes. Magie et amour en Alg�rie." (La Bo�te � Documents, Paris, 1988) et "L�honneur et l�amertume. Le destin ordinaire d�une femme kabyle" (Baland, 1993). Elle est �galement auteur de plusieurs articles notamment sur les rites en Kabylie.

Source : www.tamazgha.fr

 

 

                  

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