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Tiddukla Tadelsant Tamazight di Ottawa - Hull
Association Culturelle Amazighe � Ottawa-Hull
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Tamazight R�flexion : traditions proph�tiques � propos des Amazighs

http://www.lematin.ma/samedi/article.asp?id=642  30/07/2004 

En pr�sentant des traditions proph�tiques � propos des Amazighs nous ne souhaitons pas pol�miquer sur la v�rit� historique des �v�nements, apparemment, non d�fendables; mais de situer, dans le contexte particulier des concurrences l�gitimatrices, une exp�rience, m�me si elle n'a pas r�ussi � s'imposer dans l'histoire m�di�vale maghr�bine ; elle a pu, au moins, produire une litt�rature envisageant de positionner les Berb�res, tent�s par la volont� d'asseoir une origine textuelle � leur action politique, dans le champ des g�n�alogies appr�ciables aux premiers si�cles de l'Islam.

Ces traditions sont produites dans le contexte des justifications diverses qu'opposaient les Khar�djites nord-africains aux tenants de l'id�ologie califale classique pr�n�e par les Omeyyades. Cette id�ologie, ne voulant pas ouvrir le champ de la concurrence politique aux non-arabes, reposait sa th�orie de la Califat sur des consid�rations g�n�alogiques. Le Calife ou commandant des croyant ne peut �tre qu'un Arabe Koreichite.

Face � cette th�orie inadapt�e � l'extension universelle du message religieux, un mouvement contestataire, en l'occurrence le Mouvement Khar�djite, est n� depuis la premi�re moiti� du premier si�cle de l'h�gire. Ce dernier, et en dehors des circonstances particuli�res qui lui ont donn� naissance, occupe une position radicalement oppos�e. Le Kharidjisme postule que tout musulman, moralement et religieusement irr�prochable, est capable d'�tre �lev� au titre d'�mir des croyants, "fut-il m�me un esclave noir".

Il ouvre, de fait, la voie � tous les pr�tendants au pouvoir parmi les populations p�riph�riques converties � l'islamisme.
Qu'en est-il alors de leur apparition en Afrique du Nord ? Les chroniqueurs m�di�vaux racontent que juste apr�s le retour de Musa Ben Nusayr � Damas, certains chefs de conf�d�rations tribales amazighes, convertis � la doctrine khar�djite, appel�rent � la r�volte contre les gouverneurs exacteurs omeyyades. Musa Ben Nusayer, l'un des premiers gouverneurs arabes de l'Afrique du Nord, fut en effet interpell� pour lui substituer Abdallah Ben Habhah.

Ce dernier, ayant �t� commandit� par le repr�sentant de la califat en Egypte et en Ifriqya de lever sur les populations nord-africaines les imp�ts r�serv�s aux populations soumises sans conversion, a ordonn� de ne pas m�nager les biens des Nord-africains, de prendre les plus belles de leurs filles afin de les adresser � Damas et de placer les populations autochtones, au contraire des Arabes, aux premiers rangs de l'arm�e pendant les batailles. Cette politique a suscit� la col�re des populations autochtones. Ces derni�res n'ont pas tard� � d�p�cher une d�l�gation � Damas pour exprimer leur m�contentement vis-�-vis de la politique mise en oeuvre. Et malgr� les avertissements incessants des premiers kharad�jites, ayant infiltr�s le territoire, sur la complicit� du Calife et des gouverneurs, les Amazighs ne voulaient pas rejeter l'all�geance avant de mettre au courant le Calife et de conna�tre sa position � l'�gard du comportement hors la loi de ses gouverneurs. En effet, ils ont envoy� une d�l�gation � Damas. Celle-ci, n'ayant pas �t� re�ue par le Calife, se rendit au Maghreb et la r�gion entra en guerre d�s 122 de l'h�gire (739/40).

Les r�volutions, anim�es par des chefs locaux convertis � la propagande kharidjite, secouaient la r�gion. Maysara, que l'on trouvait � la t�te de la dite d�l�gation, d�clara la guerre contre les gouverneurs arabes.
Soutenu par les tribus Miknassa et Burghwata, il s'empara de Tanger et de Sous apr�s avoir tu� leurs gouverneurs 'Umar Ben 'Abdallah Al Muradi et Habib Ben Abi 'Ubayda. Ce fut donc le d�but de la r�volte khar�djite. Elle comportait deux ailes, une mod�r�e repr�sent�e par les Ibadhites et une autre, transform�e en une forme de syncr�tisme, a pris forme d'une version maghr�bine de la doctrine yazidite.

Les Ibadhites ont r�ussi � constituer leur premi�re Imamat dans la Tripolitaine.
Il s'agit de l'Imamat d'Abu al Khattab. Apr�s sa destruction par l'arm�e abbaside en 144 de l'h�gire, les Ibadhites se retir�rent vers le Maghreb central et pr�cis�ment � Tahert. Ainsi, Abeddarhman Ibn Rustum fonda la ville qui portait le m�me nom (actuelle Tyart) et l'Imamat des Rustumides. Cette derni�re fut reconnue par tous les Ibadhites nord-africains et m�me ceux de Basra et de l'Orient.

En voulant asseoir leur l�gitimit� politique et religieuse, ils �taient dans l'obligation de reconna�tre la sp�cificit� ethnique du territoire de leur installation. Ainsi, ces derniers, qui refusaient de reconna�tre aux Koraishites la propri�t� inali�nable de l'Imamat, cherchaient � reconstruire, � partir des textes religieux eux-m�mes, une g�n�alogie l�gitimatrice. C'est ainsi qu' ils ont rapport� des traditions du proph�te de l'islam Mahomet recensant les faits nobles des Amazighs. Elles traduisent cette volont� de valorisation.

En fait, Ibn Sallam, le premier historien ibadhite nord-africain (contemporain des Rustumides (777/909), il est mort apr�s 883), apr�s l'�vocation de la bataille de Tawargha qui a consacr� la destruction de l'Imamat de la Tripolitaine en 144, rapporte du proph�te des traditions qualifiant les amazighs de v�n�rables et de sauveurs de la religion. A c�t� de leur valeur psychologique de consolation, les traditions pr�voient un avenir glorifiant � la doctrine en s'appuyant sur les tribus amazighs, v�n�r�es du proph�te.

Ces traditions, dont il est difficile de soutenir une origine fiable, expriment la volont� des amazighs de se positionner dans le champ religieux et de se doter d'une affiliation discursive � l'int�rieur de la tradition religieuse. Rapport�es spontan�ment, ces traditions r�v�lent la n�cessit� historique de la fabrication d'une l�gitimit� textuelle.

Et par-del�, l'inscription de l'amazigh dans les projets d'identification doctrinale et culturelle. Apr�s Ibn Sallam, d'autres chroniqueurs ibadhites ont, sans contestation, approuv� la l�gitimit� de leur action � partir de l'existence de ces traditions. Aftayash (m 1914), l'un des derniers auteurs ibadhites, adopte cette version des faits. Et par un ajustement de m�moire, il retrouve sa place dans la toile de fond de la l�gitimation religieuse des Berb�res � lesquels il appartenait.
La version fran�aise que nous pr�sentons de ces traditions est la confrontation de deux r�f�rences. La premi�re est la traduction faite par E. Masqu�ray de la Chronique d'Abu zakariya (Alger 1879). La deuxi�me est tir�e d'un m�moire de DEA pr�par� par Brahim Cherifi sur la Risala du Cheikh Aftayach (1996).

Tradition 1
Nous avons appris qu'un jour, un berb�re se pr�senta devant 'a'isha, m�re des croyants (que Dieu l'agr�e) ; elle �tait assise et entour�e des principaux muhajirin et ansar (�migrants et auxiliaires). 'a'isha se leva de son coussin et l'offrit au berb�re ; faveur qu'elle n'accordait pas � son entourage. Les muhajirin et les ansar se retir�rent irrit�s.
Le berb�re consulta 'a'isha sur un point de religion et se retira. Alors 'a'isha fit revenir ses fid�les l'un apr�s l'autre de leurs maisons. Quand ils furent r�unis, elle leur dit : "Vous m'avez quitt�e avec col�re, pourquoi cela ?". Un d'eux r�pondit : "Nous �tions irrit�s contre vous � cause de ce berb�re. Nous le m�prisons, lui et son peuple, et vous lui avez fait plus d'honneur qu'� nous et � vous-m�me". 'a'isha dit alors : "Je lui ai fait honneur plus qu'� vous et � moi-m�me, � cause des paroles prononc�es sur lui par l'envoy� de Dieu (que sur lui soit le salut). Connaissez-vous un tel le berb�re ?" "Assur�ment" "Or j'�tais un jour assise avec l'envoy� de Dieu, quand ce berb�re vint � nous, le visage p�le et les yeux caves.
L'envoy� de Dieu le consid�ra et lui dit : "Que t'est-il arriv� ? Es-tu malade ? Tu m'as quitt� hier le teint anim� des couleurs de la sant�, et maintenant tu as l'air de sortir de tombeau". " O l'envoy� du Dieu, dit le berb�re, j'ai pass� la nuit dans une peine cruelle" et quelle est cette peine cruelle ?
Le berb�re dit : "Vous m'avez regard� hier avec insistance; j'ai crains que quelque verset de Dieu f�t descendu sur vous � mon sujet". Le proph�te lui dit : "En effet je t'ai regard� hier avec insistance, � cause de Gabriel (que sur lui soit le salut) Gabriel est venu vers moi et m'a dit : "� Muhammad, je te recommande la crainte de Dieu et les berb�res". Je dis � Gabriel : "Et ces berb�res que sont-ils ?".
Il r�pondit : "C'est le peuple auquel appartient cet homme. Il te d�signa, et je te consid�ra. Je dis alors � Gabriel : "Quel sera leur r�le ?". Il me r�pondit : "Ce peuple vivifiera la religion de Dieu quand elle sera morte et la renouvellera quand elle sera us�e". Gabriel ajouta : "� Muhammad, la religion de Dieu est une cr�ature parmi les cr�atures. Sa patrie est le Hijaz, elle a pris naissance � M�dine. N�e faible, elle se d�veloppera et grandira jusqu'� ce qu'elle soit puissante et glorieuse, elle donnera des fruits comme en donnera un arbre ; puis elle tombera.
Or la t�te de la religion du peuple de Dieu tombera dans le Maghreb ; et quand un arbre tombe, on ne le rel�vera pas en le prenant par le milieu ou par les racines, mais par la t�te".
Ces traditions ont �t� reprises par des auteurs ibadhites : Abu Zakariya (mort en 1078), Ad darjini, Atfayyash (mort en 1914). Et non ibadhites : le livre anonyme de : kitab al ansab, ibn al yas'a al maghrib fi mahasini ahl maghrib, ibn 'idari dans al bayan al mughrib.

Tradition 2
Nous avons appris que 'umar ben el khattab (que Dieu l'agr�e) re�ut un jour une d�l�gation de berb�res que lui envoyait 'amr bn el 'as. Ils avaient la t�te et le visage compl�tement ras�s. 'umar ben el khattab leur dit : "Qui �tes-vous ?". Ils r�pondirent : "Nous sommes des berb�res louata.". 'umar demanda aux assistants: "Quelqu'un de vous conna�t-il cette tribu parmi les tribus arabes?". "Non, dirent-ils, nous ne connaissons pas cette tribu. Alors, el 'abbas ben merdas el selmi, dit : " Emir des croyants, je connais ces gens-l�. Ce sont des fils de ber ben Qis. Qis avait plusieurs enfants, un d'eux s'appelait ber ben Qis. Ce ber ben Qis avait un caract�re difficile et emport�. Il commit plusieurs meurtres, et se retira dans le pays des berb�res. Sa prosp�rit� s'y multiplia, et les arabes dirent : "Ils berb�risent" pour dire "Ils se multiplient". 'umar ben el khattab se tourna vers eux.
Or, 'amr ben el 'as avait envoy� avec eux un interpr�te charg� de traduire leurs paroles s'ils �taient interrog�s par 'umar ben l khattab. Ce dernier leur demanda pourquoi leurs visages et leurs t�tes �taient ras�s. Ils r�pondirent : "Notre poil avait pouss� quand nous �tions incr�dules, nous avons voulu le changer en entrant dans l'islamisme". 'umar dit : "Avez-vous des villes dans lesquelles vous habitez ?".
Ils dirent : "Non". "Avez-vous des lieux fortifi�s dans lesquels vous gardiez vos biens ?". Ils dirent : "Non". "Avez-vous des march�s sur lesquels vous fassiez des �changes ?".
Ils dirent "Non". Alors 'umar ben el khattab se prit � pleurer, et l'assistance lui dit : "Quelle est la cause de tes larmes, �mir des croyants ? ". Il r�pondit : "Ce qui me fait pleurer est une parole que j'ai entendue de la bouche de l'envoy� de Dieu (que le salut soit sur lui), le jour du combat de Honin. Les croyants pliaient. Je me tournai vers lui, et je me pris � pleurer.
Il me dit : "Pourquoi pleures-tu, � 'umar".
Je r�pondis : "Je pleure, � proph�te de Dieu, � cause du petit nombre de ces musulmans et de la multitude des infid�les r�unis contre eux".
Alors, l'envoy� de Dieu dit : "Ne pleure pas 'umar, Dieu ouvrira � l'islam une porte du c�t� du Maghreb ; il lui suscitera un peuple qui le glorifiera et humiliera les infid�les, peuple craignant Dieu et voyants, qui mourront pour ce qu'ils ont vu.
Ils n'ont pas de ville qu'ils habitent, ni de lieux fortifi�s dans lesquels ils se gardent, ni des march�s sur lesquels ils vendent".
C'est pourquoi je viens de pleurer, car je me suis rappeler la parole de l'envoy� de Dieu, et les m�rites qu'il a attribu�s � ces berb�res". 'umar les envoya � 'amr ben el 'as, et lui recommanda de leur donner les premiers rangs dans son arm�e, et de les traiter avec honneur.
En effet, 'amr ben el 'as les honora, et toujours ils pr�tendirent � �tre favoris�s et plac�s aux premiers rangs de l'arm�e, et ils demeur�rent avec 'amr ben el 'as jusqu'� la mort de 'utman ben 'affan.
Or, comme les paroles cit�es plus haut ont �t� dites devant une r�union de gens du Maghreb par la bouche m�me de 'umar ben el khattab r�p�tant les paroles de l'envoy� de Dieu, nous esp�rons qu 'elles d�signent particuli�rement les compagnons de l'�uvre, et que ce sont eux qui en m�ritent la faveur.

Tradition 3
Nous tenons d'un homme de la post�rit� d'abu bakr que 'ali ben abi talib a dit: "� gens de la Mecque, � gens de la M�dine, je vous recommande par-dessus tout Dieu et les berb�res ; car ils vous apporteront la religion de Dieu du Maghreb, quand on l'aura corrompue ici; c'est d'eux que Dieu parle dans son livre, quand il dit : "� vous qui croyez, il s'en trouve parmi vous qui renient toute religion : certes, Dieu suscitera d'autres hommes qu'il aimera et qui l'aimeront. Humbles envers les croyants, et fiers envers les infid�les, ils combattront pour la foi et ne craindront pas le bl�me. Dieu accorde sa faveur � qui lui pla�t, et ils ne tiendront compte de personne ni de rien, sinon du respect d� � Dieu".
Le descendant d'Abu Bakr a dit encore : quand vient l'heure de la bataille, on combat : nous, les arabes, pour des d�n�rs et des dirhems, mais les berb�res, eux, combattent pour la religion de Dieu, afin de la faire triompher. Il fait remonter la tradition suivante � Ibn Mas'ud :
A la fin de son p�lerinage, le proph�te dit:
"� gens de la Mecque, � gens de M�dine, je vous recommande la crainte de dieu et les berb�res, car ceux-ci vous apporteront du Maghreb la religion de Dieu. C'est eux que Dieu prendra en �change de vous, car il a dit :
"Si vous tournez le dos, Allah vous substituera un peuple autre que vous qui ne sera pas semblable � vous. J'en jure par celui qui tient en ses mains l'�me d'Ibn Mas'ud, si je les atteins, je serai plus ob�issant envers eux que leurs esclaves et plus proche d'eux que leur couverture, c'est-�-dire leurs v�tements".

Tradition 4
On rapporte que 'a'isha (que Dieu l'accueille dans sa mis�ricorde) vit un jeune gar�on dont les cheveux �taient tress�s des deux c�t�s de la t�te et �tait beau et �l�gant.
Elle dit : "De quelle tribu parmi les nations est ce gar�on ?". "C'est un berb�re" lui r�pondit-on.
"Les berb�res, reprit-elle, savent accueillir les h�tes, frapper avec le sabre et brider les rois comme on bride les chevaux".

Sifaw

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