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 T�moignage  sur  la  Torture d�un

R�sistant Alg�rien

 M. Hammou Mohamed  dit Rachid

  Ao�t 2004.

  - I - 

            La parution du livre de Paul Aussares ( que je n�ai d�ailleurs pas lu), les d�bats qui l�ont suivi, l�entretien avec l�ex ministre et g�n�ral Marcel Bigeard paru dans le journal � Libert� � du 06 novembre 2003, la petite question : � du cot� Alg�rien on n��crit pas (sur la torture �videmment) pourquoi ?� pos�e par l�animatrice de l��mission Hiouar de l�ENTV � la veille de la c�l�bration � la fin octobre 2002 de l�anniversaire du 1er novembre 1954 au colonel yacef Saadi m�ont incit� plusieurs fois � r�pondre , mais en vain.

            Toutes ses tentatives, ces discutions avec moi-m�me  ont  �t� pour moi une th�rapie, un traitement long et douloureux.

A chacune de ces occasions, je dessoude une petite partie du couvercle de cette boite noir conservant  la douleur intacte enfouie au plus profond de mon �me, je voulais comme tous ceux qui l�ont subi, l�enterrer � jamais pour ne pas revivre ces atrocit�s. Je le fais aujourd�hui, non pas pour accuser ou m�apitoyer mais pour t�moigner pour l�histoire. Je le fais aussi au nom de tous ceux qui n�ont pas pu ou qui ne pourront plus le faire. 

Je le fais aujourd�hui mais non sans grandes difficult�s, �tant atteint de plusieurs maladies graves dont l�insuffisance   cardiaque et surtout l�atrophie corticale due sans doute aux violents coups re�us � la t�te lors de ma d�tention ; je n�arrive pas � capter mes id�es ; la construction d�une phrase est souvent bloqu�e par un mot courant que je cherche en vain et qui me devient une obsession qui envahi et trouble mon esprit ; l�orthographe des mots les plus simples me fait recourir au dictionnaire, il me semble qu�il n�y a pas de coordination, de mixage ou plut�t il y a dysfonctionnement entre ma pens�e et ma m�moire, il y a des jours o� ma m�moire est comme voil�e et rien ne se lit ni ne s�imprime dessus.

Faute de pouvoir �crire un livre je me contente de cette d�claration. 

- II -

             

              Arr�t� � Alger � l�h�tel de la lyre de 15septembre 1958 � 23 heures par la brigade criminelle du commissaire BENHAMOU (Un fran�ais d�origine juive) mon interrogatoire n�a pris fin qu�au 23 d�cembre 1958 (soit 99 jours) ; Pr�sent� ce jour l�  au parquet d�Alger, je fus plac� sous mand�t de d�p�t � la prison de barbarousse, ou j�ai purg� une peine de trois mois de prison � laquelle j��tais condamn� ; oui 99 jours d�interrogatoire pour obtenir des charges correspondant � 90 jours de prison ferme ; c�est ridicule !

De  Barberousse je fus transf�r� successivement  aux camps de B�ni-messous , TEFESCHOUNT , BOSSUET , et enfin SIDI-CHAMI d�o� je fus lib�r� le 30 mars 1962 soit 11jours apr�s le cessez �le feu .

Durant ces 99 jours d�interrogatoire, nous �tions ballott�s entre divers corps de s�curit� ; brigade criminelle de police au commissariat central d�Alger et ses lieux de torture (sorte de hangar du c�t� de Maison Carr�e, militaires ZOUAVES au palais BRUCE � la Basse Casbah, autres militaires et gardes mobiles � la villa des oiseaux au quartier Poirceau El-Harrach, caserne d�Orl�ans, gendarmes et autres au casino de la corniche � la pointe Pescade. Lors de chaque d�placement d�un endroit � un autre, on �t� encagoul� pour ne pas se situer.

Durant la premi�re d�cade  de ma d�tention, soit pendant mon s�jour au commissariat central, au palais BRUCE et les premiers jours v�cu � la c�l�bre �  villa des oiseaux �,je n��tais aliment� ni en nourriture ni en eau , j��tais jet� � chaque fois comme un sac poubelle , nuit et jour menott� et � moiti� nu (chemise et pantalon seuls habits que je portais d�chir�s), dans des cellules sombres lugubres compl�tement nues ; Pas de literie, pas m�me une couverture, pas de sanitaires, pas d�autres objets que moi dans la cellule, il m�arrivait de me poser la question ; �  comment un d�tenu dans ces conditions pourrait-il arriver � se suicider ? � Impossible.m�me mes menottes avaient des bords arrondis pour m��viter des blessures volontaires.A n�importe quel moment de la journ�e ou de la nuit, les gardiens p�n�traient dans la cellule pour me bastonner gratuitement. Je leur reconnais leur professionnalisme destructeur, leur connaissance des endroits et des coups qui font mal, comme par exemple des coups de talon au rein alors que j��tais �tal� par terre ; C�est paralysant tout simplement.

Quand on a commenc� � m�alimenter, une dizaine de jours apr�s mon arrestation, on me servait quelques restes d�aliments jetables des militaires, dans une bo�te de conserve de poisson rouill�e et l�eau dans une autre bo�te de conserve 4/4 elle aussi rouill�e.

Pas de cuill�re pas d�autres objets qui ne serviraient d�ailleurs � rien.

       J��tais dans l�isolement total et le secret absolu. Au cours d�un interrogatoire verbal, assis face � face, l�un de mes questionneurs, �nerv� par mes r�ponses ( parce qu�ils sont nerveux enrag�s m�me), se leva, me poussa vers le coin de la salle, prit par ses deux mains le tabouret en bois sur le quel il �tait assis et se mit � lancer de toutes ses forces des coups sur ma t�te ; Cette position dans le coin nous arrangeait tous les deux : lui parce que tous ses coups atteignaient son objectif (ma t�te ) car celle-ci ne pouvait les esquiver, et moi parce que j��tais bien appuy� donc bien concentr� pour encaisser les coups. Il frappait jusqu'� ce que le sang jaillisse de mon cr�ne d�fonc� ; Je n�ai pas perdu connaissance bien qu�assomm� quelque peu.

Il a racont� � son coll�gue qu�il avait tu� de la m�me fa�on un marocain pendant le soul�vement des autochtones au Maroc ; un exploit. Je fus soign� sur la place puisque le sang ne s�arr�tait pas et en rentrant dans ma cellule, je m�aper�u que mes incisives sup�rieures �taient cass�es suite aux coups et en serrant les dents pour ne  pas mordre la langue.

Mais tout �a n�est pas de la torture, recevoir des coups de la t�te aux pieds et avec n�importe quoi,ce n�est pas de la torture , crev� de faim , de soif, de froid, de sommeil, ce n�est pas de la torture , voir la mort en face de soit r�elle, ce n�est pas de la torture ; Bien s�r, �a sert � d�molir, � d�truire, � affaiblir le physique, �a sert � abaisser le moral, �a sert � r�duire la r�sistance.

La torture c�est lorsqu�on vous fait asseoir par terre, enti�rement nu, les genoux pli�s et pass�s entre les bras coud�s, les poignets li�s pour permettre le passage d�un manche de pioche ou de pelle entre genoux et bras, on vous soul�ve � la hauteur voulue et on vous suspend par les extr�mit�s du dit manche au plafond par un cordage.             On vous attache deux fils �lectriques aux  deux oreilles, on vous place un b�illon sur la bouche pour �touffer vos cris, on vous explique la mani�re par laquelle vous exprimer (lever le pied) quand vous �tes d�cid� de parler et la s�ance commence et peut durer deux heures environ. Pour amplifier la douleur on arrose votre corps et surtout votre visage avec un jet d�eau per�ant que vous cherchez � fuir en retournant la t�te en tous sens, s�ajoutant aux secousses  � la vitesse des pulsations �lectriques. Je ressentais comme si on voulait d�loger ma t�te avec un marteau piqueur plac� sur ma nuque. Je soul�ve le pied comme indiqu� pour un instant de r�pit mais s��tant aper�u que c�est pour ne rien dire, ils finirent par ne plus en tenir compte.

� un certain moment �nerv� par ma r�sistance et ma patience, ne pouvant contenir sa rage, l�un de ces monstres prit par ses deux mains un manche de pioche et se mit � lancer de toute ses forces des coups sur la plante de mes pieds bien expos�s en l�air � ce matraquage. Ces coups n�augmentaient pas la douleur qui �tait d�j� � son comble mais au contraire m�ont permis pendant un instant furtif de dominer int�rieurement la situation avec une sorte de s�paration de l�esprit et du corps ; comme si ce corps meurtri pris entre les crocs de ces  fauves n��tait plus le mien ; Je ne ressentais plus la douleur ; je les voyais sauvages faibles et l�ches devant mon impuissance, devant cette boule d�os et de chair inoffensive et sans voix que j��tais.

Il y a aussi d�autres formes de torture ou la bastonnade est enti�rement exclue : enti�rement nu, suspendu au plafond par une corde attach�e aux extr�mit�s d�un manche passant sous les genoux pli�s entre les bras coud�s comme d�j� indiqu� on vous attache le fil �lectrique n�gatif � une jambe et le fil �lectrique positif (110volts � l��poque) � l�extr�mit� d�une baguette en bois qu�on prom�ne sur tout le corps y compris les parties les plus sensibles (appareil g�nital et c�ur) ; Chaque pulsation est per�ue comme un coup de b�ton sur les testicules multipli� par la fr�quence de ces pulsations, s�ajoutant � la douleur de l��lectrocution, lorsque la baguette arrive au niveau du c�ur, on se sent vomir son c�ur sans pouvoir l��vacuer. De temps � autre on jette sur moi un seau d�eau pour amplifier la douleur. Devant ma d�termination, ma r�sistance j��tais tortur� comme �a jusqu'� perte de connaissance et sans doute en pr�sence de m�decin (une torture propre telle que la con�oit le g�n�ral Bigeard). Je me rappelle la derni�re voix qui devait �tre celle du m�decin dire � arr�te! � Avant de sombrer dans l�inconscience. �  Je profite au passage pour dire que le m�decin tortionnaire qui a d�vi� sa vocation, est r�pugnant, vil personnage et ne m�rite aucune consid�ration, il n�est pas l� pour soulager la douleur du supplici� au contraire ; son r�le dans l��quipe de tortionnaires est de permettre de pousser la douleur jusqu'� l�extr�me limite sans la d�passer pour ne pas perdre le d�tenu temps qu�on esp�re obtenir quelque chose de lui ; il scrute sur le visage du supliei� ce laps de temps o� la douleur n�est plus per�ue qui est souvent celui qui pr�c�de le comas ou la mort �.

Quelques heures ou quelques minutes plus tard, sans doute apr�s �tre r�animer par injection ou autre proc�d� pratiqu� par le dit m�decin et que je me trouvais encore nu et �tal� au sol, je ressentis la baguette �lectrique appliqu�e sur la plante de mon pied. Je ne peux d�crire cette douleur horrible qui n�a pas �tait longue, apr�s trois petite  question j�ai replong� dans les pommes jusqu�au lendemain.

Par ma r�sistance farouche opposer lors de mes s�ances de torture, je fus class� comme �l�ment dangereux ce qui m�a co�t� la d�tention jusqu�au 30mars1962 soit onze jour apr�s le cessez-le-feu.

Je ne me vanterai pas d�avoir r�sist�, moi qui �tais en bonne sant� physique et avec un moral d�acier( je rentrai le jour m�me de mon arrestation de Kabylie d�o� j�ai recharg�  mes batteries ) devant mon pauvre fr�re qui �tait d�j� malade, d�moralis� par la tuberculose qui le rongeait lors de notre arrestation, ou devant ce cousin adolescent de 17 ans encore trop tendre pour affronter ces horreurs, ou bien cet autre cousin adulte d�une trentaine d�ann�es, apparemment bien portant et qui, d�s la premi�re s�ance de torture a perdu la raison ; il est devenu carr�ment fou et en est mort quelques ann�e plus tard , ou bien encore un certain             LAROUSSI d�c�d� des suites de ses tortures � la � VILLA DES OISEAUX � pendant que j�y �tais .

Des femmes et des hommes valeureux ont atteint un niveau de d�gradation, de faiblesse ou plus rien n�avait de valeur � leurs yeux et plus rien ne leur faisait plus peur. On a pouss� par la torture des d�tenus � reconna�tre � tord n�importe quoi et � d�noncer n�importe qui pourvu que le supplice s�ach�ve m�me avec la fin de leur vie.

             Le g�n�ral Bigeard veut effacer d�un revers de la main ces images terrifiantes qu�il ne peut plus revoir. C�est p�nible de les rem�morer surtout quand on est parmi les principaux concepteurs et r�alisateurs, responsables de ces actes. Je le suis, je l�accompagne dans sa peine, je le comprends et je le plains, surtout qu�il est dans un �tat de faiblesse et que moi, je suis moralement � l�aise sans remords ni regret. Quand il cite la s�ur de Ben M�hidi en disant qu�il regardait si elle n�avait pas une arme cach�e quelque part, il me fait penser � cet officier qui descendait devant moi les escaliers du palais Bruce lors  de notre transfert vers la villa des oiseaux qui cria � son coll�gue qui me tenait par la cagoule (un sac en jute) bien serr�e sur ma t�te, mes poignets menott�s derri�re le dos : � Attention celui-l� est dangereux !�. Il descendait en regardant derri�re lui vers moi alors qu�il conduisait mon fr�re dans le m�me �tat que moi.

            Il avait peur de moi, moi qui ne tenais pas sur mes jambes des suites des tortures subies pr�c�demment et qui ne serais pas descendu les marches sans le soutien de son coll�gue.

Non en r�alit� il n�a pas peur de moi mais de la r�action aux supplices qu�on m�a fait subir. Il a peur de ses actes tout court.

            Le ch�timent du crime s�applique involontairement dans l�esprit du criminel tel que l�a si bien analys� DOSTOIEVSKI dans son livre �  crime et ch�timent �. Il est intrins�que.

Ce sont l� quelques �chantillons des s�vices subits.

            Oui Messieurs les G�n�raux Bigeard, SCHMITT, Aussares et autres officiers  de l�arm�e coloniale fran�aise, la torture  est horrible, elle n�a pas de comparaison, elle est indescriptible. Bien qu�il ne m�est jamais venu �  l�id�e de me suicider, il m�arrivait de souhaiter qu�on vienne me sortir de la cellule pour m�ex�cuter comme on l�a fait par exemple � Belaid Ait Ouhamou plut�t que pour une nouvelle s�ance de torture lorsque j�entendais des pas se diriger vers ma cellule.

            Si vous vouliez pr�server des vies humaines (et des deux c�tes) action noble et humaine, il suffisait d�agir dans le sens de la justice, dans le sens de la reconnaissance des droits, m�me au peuple alg�rien et non pas par la pratique de la torture et des ex�cutions sommaires non pas en opprimant et en r�primant, non pas en �tant la force du mal, guid� par l�instinct  mat�rialiste qui est le propre des animaux, pi�tinant sur  les valeurs humaines.

            La discipline � elle seule ne peut justifier votre comportement criminel envers le peuple alg�rien.

          Si on est d�sign� � une mission, � une responsabilit� c�est parce qu�on a l�aptitude et la volont� de l�assumer. On place des hommes qu�il faut � la place qu�il faut. Avant et apr�s tout, un militaire est un citoyen, un homme.       

 

- III  -

 

                 Bien sur, les politiques ont de lourdes responsabilit�s dans la douleur du peuple alg�rien et en commen�ant par  le G�n�ral De Gaulle. Je m�abstiendrai de tout jugement de l�homme et me limiterai � son action politique alg�rienne en sa qualit� de chef de gouvernement puis chef de l��tat (de 1958 � 1962).

            Oui c�est un grand nationaliste mais � travers cette affaire il a d�montr� que son amour pour la France colonialiste et imp�rialiste est plus grand que pour la France des valeurs (libert� �galit� -fraternit�), la France des droits de l�homme, ces droits de l�homme reconnus et proclam�s par la charte des nations unies, cons�quence et le�on tir�es des s�vices endur�s notamment par la France durant la deuxi�me guerre mondiale.

            Le G�n�ral De Gaulle � r�pondu � l�appel du 13 mai 1958 lanc� � partir du forum d�Alger par la junte militaire et autre fervents de l�Alg�rie Fran�aise qui lui ont promis une victoire militaire sur un plateau d�argent en contre parti d�un soutien politique indispensable qui leur faisait d�faut. En effet � Paris c��tait la d�confiture du pouvoir ; on changeait les gouvernements comme on changeait les chemises, celui de PFLIMLIN n�a tenu qu�un jour ou quinze jours (je ne me souviens plus exactement).   .

             D�s l�arriv�e du G�n�ral De Gaulle au pouvoir, il a appuy� � fond l�action militaire en Alg�rie : en t�moignent entre autres les grandes et interminables op�rations �  jumelle � en Kabylie �  pierre pr�cieuse � dans  le constantinois qui �taient un nettoyage au peigne  fin des maquis, accompagn� de destruction de villages, de massacre et de regroupement des populations autour des SAS, entour�es de barbel�s pour isoler les � rebelles rescap�s � .

            Comme si les troupes coloniales n�avaient pas fait tout ce qu�elles pouvaient faire, le G�n�ral De Gaulle leur ordonna, lors de sa fameuse tourn�e des popottes en 1960 juste apr�s l��chec des pourparlers de MELUN : �  Allez-y les chercher dans leurs trous � .

            Oui on �tait aussi dans des trous ; on �tait dans les buissons sous la pluie, la neige et le soleil ardent et � la belle �toile ou r�fugi� chez citoyens. On �tait souvent affam�, assoiff�, �puis� ou malade. On �tait des patriotes luttant et se sacrifiant pour faire entendre la voix de l�Alg�rie qui veut revivre libre et ind�pendante et non pour conqu�rir un territoire une province fran�aise. On �tait des patriotes pourchass�s par une arm�e de plusieurs centaines de milliers d�hommes bien form�s et encadr�s, dot�s d�armes modernes l�g�res et lourdes, de blind�s d�aviations. On �tait dans les maquis et non dans les casernes. On cherchait � porter des coups et � marquer des points � l�adversaire tout en cherchant � pr�server sa vie et surtout son arme quand. On avait une. Il �tait souvent plus facile de remplacer un homme perdu que son arme. On acceptait le sacrifice supr�me quand il le fallait mais on n��tait  pas t�m�raire on n�allait pas droit, la t�te baiss�e au suicide, car souvent le suicide �quivaut � la l�chet� et le patriote n�est pas l�che.

            Parall�lement, le G�n�ral De Gaulle  a men� une action politique et psychologique bas�e sur la ruse, la tricherie, la man�uvre, la manipulation, il a invit� le GPRA lors de sa conf�rence de presse du 16 septembre 1959 � venir discuter de l�application de l�autod�termination (mot qu�il a l�ch� pour la premi�re fois) qui � conduit, apr�s tant d�atermoiements aux pourparlers de MELUN cit� plus haut et dont l��chec �tait pr�vu d�avance.

            Le G�n�ral De Gaulle a l�ch� toutes les colonies fran�aises d�Afrique pour se consacrer  et se concentrer uniquement  sur l�Alg�rie qu�il voulait conserver � tout prix. Mr MOKHTAR OULD DADA a obtenu en 1960 l�ind�pendance de son pays (la Mauritanie) sur simple demande. Bien s�r, il n�y a  rien de plus normal que d�accorder son droit � qui le demande. Il n�y a  qu�� se f�liciter d�acte pareil.

            Le  G�n�ral De Gaulle pensait agir � sa guise  sans tenir compte de la volont� du peuple alg�rien r�solu � mettre le prix impos� pour reconqu�rir sa libert�. Et c�est ainsi que malgr� les faibles moyens dont on disposait, le petit nombre sur le terrain de moudjahidines, de moussebilines de fidayines  (de r�sistants arm�s) mais facilement rempla�ables et adaptables aux pires situations, suffisait pour rendre indispensable sur le terrain pour les pr�tendus maintien de l�ordre et de la pacification, une arm�e aussi lourde que ch�re qui devenait un gouffre insupportable pour le budget de l��tat Fran�ais, et une arm�e qui finit par se rebeller, par se diviser (Putsch d�Avril 1961,OAS, attentat du petit clamar  contre le G�n�ral De Gaulle ).

            Malgr� l�oppression et l�occupation, le peuple Alg�rien prit un nouveau souffle et envahi les rues des grandes villes et particuli�rement les rues d�Alger � partir de D�cembre 1960 bravant chars et blind�s la poitrine nue pour ne s�y retirer que sur d�cision du GPRA d�montrant au G�n�ral De Gaulle et au monde entier sa d�termination.

             A l�impasse militaire et au gouffre financier, s�ajoute l�isolement diplomatique. En effet l�arrogance du g�n�ral De Gaulle envers l�ONU qu�il qualifiait de �  machin �, sa  politique subversive  confront�es � la diplomatie Alg�rienne bas�e sur le droit et la justice l�ont conduit � l�isolement international.

            Le G�n�ral De Gaulle a tout fait pour obtenir le cessez-le-feu pour briser l��lan r�volutionnaire et revenir au statue- quo   d�avant le 1er Novembre 1954 : de la � paix des braves � aux � couteaux dans les vestiaires � pr�alable � toute n�gociation.  

         La r�ponse  alg�rienne �tait cat�gorique : �  pas de cessez-le-feu �  avant le reconnaissance de la souverainet� nationale et de l�int�grit� territoriale  qui �tait un minimum et un objectif indiscutable.  Et ainsi fut-il.

         Le g�n�ral De Gaulle n�a pas l�ch� de ga�t�  de c�ur l�Alg�rie.  Il a tout tent� pour la conserver enti�re ou � d�faut en garder une partie. Il � d�abord appuy� la politique coloniale (la France de dunkerque � Tamanrasset) puis l�Alg�rie Alg�rienne (une Alg�rie autonome mais domin�e par les colons (mod�le Afrique du Sud de l�Apartheid) et enfin une Alg�rie ind�pendante mais amput�e d�une partie de son territoire (le Sahara).

             Devant la d�termination du peuple et du GPRA le g�n�ral De Gaulle finit par se plier � ce qui n��tait que raison mais non sans peine et sans haine, laissant l�Alg�rie dans le chao et les s�quelles de sept ann�es de destruction. 

              Oui nous avons vaincu la France colonialiste ; nous l�avons vaincu  par nos sacrifices, nous l�avons vaincu par notre r�sistance, nous l�avons vaincu par la foi en notre juste et noble cause, nous l�avons vaincu par la raison et non par les armes (nous �tions  tr�s pauvres, d�munis  compar�s � la France)  bien qu�elles y ont largement contribu�.

             L�ind�pendance ne nous a pas �t� octroy�e, nous l�avons arrach�e avec abn�gation. Elle �tait devenue la seule voie de salut pour la France.

            Cette victoire de la justice sur l�agression n��tait quand m�me pas une explosion de joie mais un sentiment de responsabilit� de fiert� mesur�e m�l�e � de la tristesse en pensant en m�me temps � ces p�riodes de gloire, de douleur, de d�chirement. On est satisfait d�avoir atteint le but mais triste au regard du prix pay� pour un droit universellement reconnu. Plus d�un Alg�rien sur huit est massacr�  pour notre ind�pendance. Gloire � tous ces martyrs.

            Evidement le gouvernement fran�ais repr�sentait tout son peuple, mais pas tout ce peuple n�avait accept� cette politique, et s�y est m�me oppos�. A cette occasion j�ai une pens�e, le c�ur plein d��motion, aux d�mocrates et lib�raux fran�ais qui comme nous ont souffert et sacrifi� leurs int�r�ts et parfois m�me leur vie. Je citerai en exemple Maurice Audin , Henri Alleg , Andr� Mondouz , Verg�s , l�aspirant Maillot , Docteur Frantz Fanon , Johnson et son fameux r�seau et tant d�autres que je pris de m�excuser ne pouvant les nommer tous . Ils ont particip� au triomphe d�une cause juste parce qu�ils sont des justes. Ils ont essuy� le d�shonneur de la France et vive la France qu�ils repr�sentent.

 

- IV -

 

                   De temps � autre des voix s��l�vent pour parler de pardon. En l��tat actuel, je ne saisi pas bien le sens de ce mot. Si par cette expression on nous invite  � ne pas demander  des comptes � la France pour son pass� colonial en Alg�rie, eh bien, de notre c�t� les accords d�Evian, par la reconnaissance de notre souverainet� nationale et l�int�grit� territoriale  ont mis fin aux contentieux des 130 ann�es d�occupation comme pr�vu par la proclamation du 1er novembre 1954. Par contre si cela veut dire oublier le pass� (dont nous portons encore les s�quelles) eh bien non. Le v�cu ne s�oubli pas quand on est saint d�esprit et l�histoire ne s�efface pas du revers de la main.

            Du cot� fran�ais, c�est diff�rant mais toujours si on est saint d�esprit, cela veut dire ; D�abord reconna�tre ses  tords, les condamner et surtout en tirer des le�ons. Les vastes relations naturelles, la coop�ration  incontournable, compl�mentaire et b�n�fique pour nos deux pays est le meilleur moyen pour le d�montrer concr�tement.

En ce qui rel�ve des crimes contre l�humanit�, aux organisations internationales comp�tentes dont fait partie l�Alg�rie, dont fait partie la France des droits de l�homme de les  appr�cier et de les juger.

 En parlant de justice la responsabilit� des politiques reste enti�re. Peut on par exemple (et cet exemple est �difiant) jugez Maurice Papon, alors pr�fet de police de la capitale fran�aise pour les centaines de meurtres d�Alg�riens commis � l�occasion de la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 � Paris sans juger les ministres de l�int�rieur, de la justice, le Premier Ministre et m�me le Pr�sident de la R�publique jouissant des pleins pouvoirs conform�ment � l�article 16 de la constitution fran�aise dont il a us� officiellement. Les faits se sont produits � Paris m�me. Ce ne sont pas, des actes isol�s ou ignor�s des autorit�s supr�mes.

Ils rel�vent du d�lit des crimes contre l�humanit� tout comme la torture et les ex�cutions sommaires ou chacun � sa part de responsabilit�.

            Ceci dit je ne  souhaite pas que Papon, Schmitt, Bigeard, Aussares ou autres vieux comme eux militaires ou politiques aillent finir leurs jours en prison comme Barbi. Je ne connais que trop la souffrance et la privation pour la souhaiter � autrui, surtout en �tat de faiblesse, mais il serait peut �tre utile de leur offrir les tribunes de la justice ou autres tribunes pour leur donner l�occasion de soulager leurs consciences en reconnaissant sinc�rement, froidement, publiquement leurs erreurs, leurs crimes, non pas pour humilier ou punir, sans haine, sans ranc�ur  et sans passion, seulement pour crier haut et fort � plus jamais la torture, plus jamais l�injustice, plus jamais la domination de l�homme par l�homme partout dans le monde, y compris celle de la mondialisation et alors tous ensemble la main dans la main, sinc�rement, loyalement, faisant de cet objectif notre but et le guide de nos pas �. Nous ne cherchons pas la vengeance de nos souffrances, nous souhaitons seulement qu�elles servent l�humanit�.

Au cours de ces derni�res ann�es la France a reconnu le caract�re officiel de � Guerre d�Alg�rie � � la place � D��v�nements d�Alg�rie � cette �volution dans les esprits ne nous flatte pas. Presque en m�me temps on a poursuivit le G�n�ral Aussares pour avoir d�voiler publiquement ses crimes commis au nom de l�arm�e Fran�aise et non pas pour les avoir commis : C�est ridicule et c�est aussi une reconnaissance tacite de la responsabilit� de l��tat Fran�ais de tous ces crimes.

En reconnaissant le caract�re de � guerre d�Alg�rie �, on cherche � se disculper de ces crimes contre l�humanit� et les classer comme crimes de guerre amnisti�s par les accords d�Evian. Peut-on appeler guerre proprement dite quand une arm�e compos�e de centaines de milliers d�hommes dot�s d�armes les plus modernes, de blind�s, d�aviations, appuy�e par d� autres services de s�curit� ( police, gendarmerie territoriaux, colons  arm�s etc..) Confort�e par les forces de l�OTAN, une arm�e d�occupation et de r�pression qui s�en prend � des patriotes arm�s ou non � tout un peuple sans d�fense, isol� de l�ext�rieur par les barrages �lectrifi�s infranchissables � l�est comme � l�ouest, un peuple �cras�, d�fait par cent trente ann�es de colonisation, mais r�solu � se lib�rer � tout prix ?

La comparaison du nombre de morts le d�montre clairement : un million et demi-cot� Alg�rien et vingt trois mille reconnu cot� Fran�ais, �a ne s�appelle pas guerre mais  G�nocide.

On ne peut m�me pas la comparer � la guerre (1939 - 1945) entre la France et l�Allemagne (deux grands pays forts et souverains) qui a oppos� deux arm�es puissantes, quelques soit les causes et les objectifs de cette guerre et dont une arm�e s�est trop vite pli�e devant l�autre laissant le peuple Fran�ais subir la loi du vainqueur du moment, se d�fendre et r�sister comme il pouvait en attendant le salut  qui viendra des alli�s.

On a aussi �rig�  un m�morial � la m�moire des 23000 militaires fran�ais morts au cour de cette p�riode : Pauvres morts pour rien ou plut�t pour une cause qui n��tait pas la leur. Ils sont morts b�tement pour le maintien de la domination, de l�agression de l�injustice et non pas pour l�honneur et la gloire de la France. Combien de fois les appel�s ont manifest� leur refus d�embarquer et d�aller combattre en Alg�rie. �  Pauvres victimes, reposez en paix !... �

 Parce que nous ne sommes pas rancuniers, parce que nous avons tourn� la page d�s la reconnaissance de notre ind�pendance, parce que nous sommes �pris de paix de libert� et d�amiti� et compte tenu des liens (m�me de sang) qui unissent nos deux peuples, nous applaudissons au projet de trait� de paix et d�amiti�  entre l�Alg�rie et la France.

         Nous souhaitons un trait� d�amiti� sinc�re, loyal, r�el  concr�tis� dans les faits et les relations quotidiennes, o� la recherche  des int�r�ts d�une partie ne se fera jamais au d�triment de l�autre et non pas un trait� vide de sens, sign� � grande pompe pour un show t�l�vis� ou pour un app�t, un leurre.

  

Hammou Mohamed dit Rachid 

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