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Mais qu�est-ce qu�ils veulent, les jeunes ?
ALG�RIE - 19 d�cembre 2004- par A�DA TOUIHRI

http://www.lintelligent.com/gabarits/articleJAI_online.asp?art_cle=LIN19124maisqsenuej0

             Les r�sultats d�une vaste enqu�te sur les 10-35 ans viennent d��tre rendus publics. Ils tordent le cou � bien des id�es re�ues. De quoi nourrir la r�flexion des politiques !

           � Enfance, adolescence et jeunesse en Alg�rie � : tel est le titre d�un rapport de 203 pages rendu public au d�but du mois, � Alger. Plus qu�un pav� jet� dans la mare des sociologues et autres chercheurs, ce texte se veut un document de r�f�rence. Et un outil de travail pour tous les acteurs de la soci�t�. � commencer par Youssef Yakhlef, le pr�sident du comit� de pilotage du projet. � Nous en avions vraiment besoin, affirme celui-ci, par ailleurs directeur de la promotion et de l�insertion des jeunes au minist�re de la Jeunesse et des Sports. Il nous fallait conna�tre les aspirations des jeunes pour mieux r�pondre � leurs attentes. Dans le cadre de la coop�ration bilat�rale, nous avons fait appel � un expert fran�ais. � Chercheur en sociologie et en sciences politiques au

        Centre national de la recherche scientifique (CNRS), � Paris, Tariq Ragi est mandat�, en 2001, par l�ambassade de France en Alg�rie. Objectif : sortir du cadre th�orique pour aller sur le terrain, au c�ur des pratiques des jeunes. � Des �tudes avaient d�j� �t� r�alis�es en 1983 et en 1993, commente Ragi. Au niveau de la forme, la volont� d�aller vers les jeunes �tait louable, mais il y avait un r�el probl�me de m�thodologie. Le questionnement �tait influenc� par l�air du temps. Le contexte et les objectifs �tant aujourd�hui bien diff�rents, il nous a fallu sortir de tout cadre id�ologique, politique ou cultuel. Nous avons associ� � l�op�ration tous les acteurs du secteur de la jeunesse afin d��tablir un diagnostic �quilibr�. �

            Un questionnaire r�pondant aux standards internationaux a �t� mis au point. Les r�ponses ont �t� compar�es � celles obtenues aupr�s des jeunes originaires d�Europe et des pays du sud de la M�diterran�e.

              Interrog�s sur les actions qu�il conviendrait de mener en leur faveur, 70 % des jeunes font de l�emploi leur priorit� absolue. Durement �prouv�s par le ch�mage (qui touche pr�s d�un quart des personnes interrog�es), les jeunes gens et, plus encore, les jeunes filles souhaitent un meilleur acc�s � l�emploi, sous toutes ses formes, y compris les emplois aid�s. � S�il n�y a pas de travail pour nous, regrette Kahena, 24 ans, au ch�mage � Alger, c�est aussi un probl�me d��ducation, surtout chez les gar�ons. Beaucoup ne savent m�me pas �crire leur nom et ne se cassent pas la t�te pour trouver un travail. Si on leur propose un job de serveur, ils pr�f�rent ne pas se fatiguer et rester � ne rien faire. � � Si, si, ils tiennent les murs, ironise Nesrine, 20 ans, �tudiante en droit � Annaba. Et ils sont si nombreux � les tenir qu�ils vont finir par les faire s�effondrer ! �

            � C�est une catastrophe, rench�rit Nacera, professeur de fran�ais � la retraite. Les jeunes d�aujourd�hui ne savent rien. � Ce que Boubekeur Benbouzid, le ministre de l��ducation, confirme � sa mani�re. Selon lui, le syst�me �ducatif souffre � d�une d�perdition scolaire de 23 %, d�une insuffisance des performances de ceux qui mettent un terme � leurs �tudes et d�une multiplication des besoins sociaux et individuels sur les plans politique, �conomique, culturel et technique �.

             Cons�quence logique, les �coles priv�es, pourtant ill�gales, se multiplient depuis plusieurs ann�es. Il est de notori�t� publique que la plupart des enfants de l��lite fr�quentent ces �tablissements, quand ils ne vont pas �tudier � l��tranger. Pendant ce temps-l�, l��cole publique traverse une grave crise dont t�moignent les gr�ves r�currentes des enseignants, qui appellent de leurs v�ux une revalorisation du syst�me scolaire. De m�me, la moiti� des jeunes consid�rent que l�investissement dans le secteur �ducatif doit �tre renforc�.

           Si 80 % d�entre eux souhaitent poursuivre des �tudes jusqu�� bac + 4, au minimum, plus d�un tiers estiment que l�universit� ne pr�pare pas bien � la vie professionnelle. � Les jeunes sont en pleine d�tresse, estime Sofiane, 28 ans, m�decin interne dans la banlieue d�Alger. On n�exploite pas suffisamment leurs possibilit�s. Il faut am�liorer la qualit� de l�enseignement et la formation des enseignants. L��tat doit organiser des stages pratiques, d�velopper l�apprentissage. Quelque part, je plains ces jeunes. Pour moi, ce sont des victimes. �

            Autre aspiration largement partag�e : vivre dans une soci�t� moins violente. Au premier rang des dangers auxquels ils sont expos�s, les jeunes citent les accidents de la circulation, ce qui, � en croire les conclusions de l�enqu�te, � t�moigne sans doute d�une situation routi�re catastrophique, mais aussi de la r�ussite des campagnes de sensibilisation et d�information sur la s�curit� �.

             Vient ensuite le risque d�agression, ressenti par un jeune sur trois. Selon les personnes interrog�es, cette violence est principalement due au ch�mage et � la pr�carit� (61,5 %), � l�influence des jeux vid�o et de la t�l�vision (30,5 %), au manque d�autorit� des adultes (23,3 %) et aux discours extr�mistes (16,5 %). � On vit dans une soci�t� plus violente, confirme Nesrine. J�ai d�ailleurs �t� agress�e plusieurs fois. Il arrive fr�quemment que des lyc�ens soient menac�s avec des couteaux jusqu�� l�int�rieur de leur �tablissement. La plupart des jeunes qui ne trouvent pas de travail se tournent vers le vol ou vers la drogue, c�est devenu un ph�nom�ne de mode. � � La vie est devenue plus difficile, confirme Azzou, 30 ans, technicien sup�rieur � Guelma, � 500 km � l�est d�Alger. Le risque d�agression est plus important parce que les jeunes ne travaillent pas. Et m�me quand ils travaillent, ils ne sont pas � l�aise. � cause du manque de logements, ils habitent tous chez leurs parents. �

             En d�pit de la p�nurie actuelle, le logement ne vient qu�en quatri�me position des pr�occupations des jeunes, juste avant les loisirs. � En g�n�ral, ils passent la majeure partie de leur temps libre au domicile familial, note Tariq Ragi. La �culture de la chambre�, du �chez soi� est tr�s d�velopp�e. Le foyer constitue le cadre essentiel des loisirs, qu�ils soient audiovisuels, livresques ou ludiques. �

            La t�l�vision est pl�biscit�e par 73 % des 10-35 ans. Un jeune sur quatre y consacre plus de vingt heures par semaine. � La t�l�, c�est une habitude, confie Hanane, une lyc�enne de 17 ans. Je la regarde tous les jours, surtout les cha�nes musicales et les cha�nes fran�aises. � La plus regard�e reste pourtant Algerian TV, accessible par le biais de la parabole, un �quipement dont disposent les trois quarts des jeunes. Viennent ensuite TF1 (45,9 %) et M6 (42 %), loin devant l�ENTV, la seule cha�ne hertzienne alg�rienne, surnomm�e � l�Unique � (35,5 %).

              � Je suis surpris par ce r�sultat, commente Azzou. Moi, je regarde essentiellement les cha�nes �trang�res. � Les alg�riennes ? � Leurs �missions sont nulles �, tranche Kahena. Moins abrupte, Hanane conc�de qu�elle � ne d�teste pas Algerian TV �, mais estime que ses �missions � ne sont pas de mon �ge �. Conclusion de Nesrine : � Les cha�nes alg�riennes n�ont pas �volu�, elles ne sont pas du tout � la page. Les s�ries, par exemple, sont trop d�cal�es. En fait, on ne les regarde que pendant le ramadan, parce que, pendant cette p�riode, les programmes sont plus int�ressants et qu�on a tendance � se rapprocher un peu de la culture alg�rienne. �

             � y regarder de pr�s, on d�c�le sur ce point une diff�rence entre gar�ons et filles. Apr�s Algerian TV, les premiers pr�f�rent TF1 et M6, tandis que les secondes penchent pour les cha�nes �gyptiennes et MBC, la cha�ne arabe de Londres. Bref, les gar�ons ont globalement un faible pour les programmes occidentaux et les filles pour les cha�nes orientales.

          Cette dichotomie se retrouve en mati�re musicale. Les gar�ons �coutent surtout du ra� et, accessoirement, de la musique cha�bi (alg�roise), cherqi (orientale) et du rap, alors que les filles pr�f�rent, dans l�ordre, le cherqi, le ra�, le sta�fi (r�gion de S�tif), le cha�bi et le rap. � Les r�sultats de l�enqu�te cassent un certain nombre d�id�es re�ues, analyse Tariq Ragi. On croit souvent que les filles sont davantage tourn�es vers l�Occident et que les gar�ons sont plus traditionalistes. C�est l�inverse qui est vrai. Pour les gar�ons, la soci�t� du dehors � la rue, l��tranger � prime dans la construction de leur identit�. Les filles, elles, passent plus de temps � la maison. Leur monde est davantage tourn� vers l�int�rieur. �

            Au foyer, ces derni�res regardent la t�l�vision et �coutent de la musique, on l�a vu, mais elles sont aussi plus nombreuses que les gar�ons � s�y adonner � la lecture, m�me si, globalement, 70 % des jeunes � gar�ons et filles � lisent les journaux. En grandissant, les gar�ons ont en revanche tendance � d�laisser le domicile familial pour partir � la conqu�te de l�espace ext�rieur : pr�s de la moiti� d�entre eux avouent � tra�ner � dans la rue plusieurs fois par semaine, sans objectif pr�cis. Et lorsqu�ils s�en trouvent un, d�objectif, ils pratiquent un sport (le football, surtout) ou fr�quentent les d�bits de boisson, une activit� essentiellement masculine. � l�inverse, les cybercaf�s sont l�un des rares lieux publics r�ellement mixtes.

             Cin�mas et th��tres sont le domaine quasi exclusif des gar�ons. � On est mal vues quand on y va, explique Hanane. Tout de suite, les gens se font des id�es. En plus, la plupart des salles alg�roises sont mal fr�quent�es, et mes parents ne me laissent pas y aller. � Quant aux mus�es, 80 % des jeunes n�y ont jamais mis les pieds. � Il n�y a qu�un seul mus�e � Guelma, et il est consacr� � la guerre �, assure Azzou. En revanche, il n�y a ni th��tre ni cin�ma. � On manque de distractions, ici. Il y a bien des maisons de jeunes, mais c�est pour les filles : on n�y propose que des activit�s comme la couture ou la cuisine. �

         De toutes les structures d�pendant de la Jeunesse et des Sports, les maisons de jeunes sont quand m�me les plus fr�quent�es (46,5 % d�adeptes). En revanche, les centres d�information et d�animation jeunesse (il n�en existe qu�un par wilaya) ne s�duisent que 20 % des jeunes. Quant aux auberges de jeunesse, moins d�un jeune sur dix s�y est d�j� rendu�

            � Toutes ces donn�es nous permettent d�appr�cier si l�offre propos�e r�pond ou non � la demande des jeunes, indique Youssef Yakhlef. En fonction des r�sultats, nous allons nous efforcer de d�velopper des programmes qui correspondront mieux aux attentes. � Ces attentes ne sont pas si diff�rentes de celles des jeunes Espagnols, Italiens ou Grecs. Comme eux, les Alg�riens sont victimes d�un ch�mage massif et doivent souvent �tre pris en charge par leur famille. � Cette �familialisation� des jeunes jusqu�� un �ge avanc� n�emp�che pas leur autonomie, rel�ve Tariq Ragi. La diff�rence fondamentale tient � l�ampleur que prend le ph�nom�ne de ce c�t�-ci de la M�diterran�e. Quand, en France, l��tat lance une op�ration �un ordinateur pour 1 euro par jour�, la charge budg�taire est d�j� importante. Alors, on imagine le co�t de telles politiques en Alg�rie... � Plus qu�ailleurs dans le Bassin m�diterran�en, le poids d�mographique des 10-35 ans est ici gigantesque : ils repr�sentent pr�s des trois quarts de la population.

 

Vaste enqu�te sur les 10-35 ans
ALG�RIE - 19 d�cembre 2004- par MARWANE BEN YAHMED
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            Trois ans de travail, 260 enqu�teurs, 8 325 personnes interrog�es et 1,8 million de donn�es recueillies : par son ampleur, l'�tude men�e par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) est une grande premi�re en Alg�rie. Il �tait d'ailleurs temps qu'elle voie le jour ! La jeunesse, qui repr�sente entre les deux tiers et les trois quarts de la population alg�rienne, semble depuis longtemps abandonn�e par le pouvoir. Livr�e � elle-m�me, sans perspectives professionnelles, sous-�duqu�e et confront�e � un malaise social �vident (� mal-vie �, tabous, logement, sexualit�, etc.), elle n'a gu�re d'autre choix que de lorgner avec convoitise vers l'autre rive de la M�diterran�e. Ce dont elle ne se prive pas. Abreuv�e d'images venues d'un Occident prosp�re et accueillant, du moins le croit-elle, elle ne r�ve que d'exil. Irr�sistiblement attir�s par Paris, Londres, Madrid, Bruxelles ou Montr�al, les Alg�riens de moins de 35 ans n'imaginent plus leur avenir � Alger, Oran, Constantine ou Annaba. L'horizon au pays leur para�t totalement bouch�, et il suffit qu'un lointain cousin ait r�ussi son � int�gration � en Europe pour que toute la famille ne r�ve plus que de l'imiter.

          Qu'il ait fallu coucher noir sur blanc les probl�mes auxquels les jeunes sont confront�s, et que trois longues ann�es aient �t� n�cessaires pour recenser leurs aspirations et identifier leurs � appels de d�tresse � en dit long sur l'ampleur du chantier. Au moins ce premier pas a-t-il �t� esquiss�... En fait, le principal d�fi auquel l'Alg�rie est aujourd'hui confront�e est de r�ussir � r�concilier trois g�n�rations : celle de la guerre de lib�ration, qui dirige le pays depuis 1962 ; la suivante, qui est en passe de succ�der aux commandes ; enfin, la � g�n�ration 1980 �, tous les jeunes gens �g�s d'une vingtaine d'ann�es qui, en d�pit de tout, pr�f�reraient certainement que leurs a�n�s les associent � un projet commun de soci�t�. Alg�rie de r�ve ou r�ve d'Alg�rie ?

 

 

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