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- Tiddukla Tadelsant Tamazight di Ottawa
- Hull
- Association Culturelle Amazighe � Ottawa-Hull
- Amazigh Cultural Association in Ottawa
- Hull
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La langue berb�re
Vari�t� et
unit� (1)
M.A Haddadou
http://www.depechedekabylie.com/read.php?id=18232&ed=MTE1MA==
La comparaison avec les autres dialectes peut aider, dans certains
cas, � retrouver la base de d�rivation. Ainsi, en kabyle, wlelles "
s�obscurcir " et qlelles " �tre br�l� par le soleil, avoir le teint
fonc� " peuvent �tre rattach�s, une fois le redoublement reconnu et
les pr�fixes (expressifs ?) w et q retir�s, � une racine LS ou WLS "
�tre obscur ", attest�e en chleuh, avec iles " �tre obscur " et tillas
" obscurit� " et dans les parlers du Maroc central, tallast, pl.
tillas " obscurit� ".
Les diff�rences entre les dialectes berb�res, si elles sont r�elles,
ne dissimulent pas moins une unit� de fonds qui s�expriment par des
structures et notamment un vocabulaire commun tr�s important.
Si beaucoup d�auteurs insistent aujourd�hui sur la diversit� de la
langue berb�re �en fait quelle langue ne l�est pas, � des degr�s
divers ?- ils omettent souvent de signaler son unit� profonde.
Des diff�rences d�ordre phon�tique et lexical peuvent emp�cher la
compr�hension entre les locuteurs de dialectes, notamment quand les
distances qui les s�parent, sont grandes. Mais en fait, il suffit d�un
temps d�adaptation plus ou moins long, toujours selon les dialectes,
pour que les �changes et donc l�intercompr�hension s�instaurent.
A Alger, les commer�ants mozabites et les clients kabyles ou chaouis
se comprennent, en utilisant chacun son dialecte, et les auditeurs de
la cha�ne 2, d�expression amazighe, suivent les �missions dans
diff�rents dialectes.
C�est que l�ensemble des dialectes pr�sente des structures et surtout
un vocabulaire communs qui constituent des sortes de passerelles entre
eux. Nous tenterons, dans cet article et les suivants, de montrer ce
fonds commun, qui pourrait servir un jour de base � la constitution
d�une sorte de berb�re standard, qu�on pourrait notamment utiliser �
l��cole.
La racine
Il est facile , en consultant n�importe quel dictionnaire de berb�re,
de reconna�tre, dans une s�rie de mots, des �l�ments radicaux communs.
Ces �l�ments forment, selon la terminologie des linguistes s�mitisants
, la racine.
Celle-ci, d�finie comme un ensemble de consonnes, re�oit, par l�ajout
de voyelles et, accessoirement d�affixes, sa coloration phonique . En
fait, c�est cet �l�ment ajout�, appel� sch�me , qui permet de donner
une existence r�elle au mot, la racine, elle, �tant virtuelle. (Sur la
racine et le sch�me, voir J. CANTINEAU, 1950.)
Pour la racine berb�re commune GHN " lier , attacher ", on a les
d�veloppements suivants dans trois dialectes :
-kabyle :eqqen " lier, attacher, atteler, par extension : fermer les
yeux, porter des bijoux, promettre, rendre impuissant, etc.,tuqqna "
fait de lier, imposition du henn� (mari�s), promesse, nouement de
l�aiguillette��, ameqqun, " gerbe, brass�e, fagot ", tameqqunt,
tamuqqint, pl. timuqqinin " bouquet, botte ", aseghwen, pl. iseghwan,
aseqqun, " corde d�alfa " etc.
-touareg : eqqen " lier, garrotter ", ughun, " fait de lier, de
garrotter ", am�ghen, pl. " homme qui lie (p�ges, puits, livres),
homme qui rend les autres incapables de comprendre, homme dont
l�esprit est paralys� " , asaghun " lien ", aghan, pl. ighann�n "
corde ", taghant, " r�ne ", asaghun, " lien de genou (du chameau ) ",
ognen, " bijoux��, tameqqunt, pl. timeqq�n " cercle d�arr�t pass� au
feu rouge , pos� sur une morsure ou une plaie pour �viter qu�elle
s�infecte ", teweghne, " paquet de forme allong�e " etc.
-tamazight (dialecte du Moyen Atlas, Maroc) : eqqen " lier,
attacher, ligoter, appliquer un produit sur (henn�), porter, fermer,
boucher, �tre ferm�, interdire � la femme adult�re r�pudi�e d��pouser
son amant��, taghuni, " fait de lier, d�attacher etc. ", taghuni, "
chaussures��, asqqen, asghun, " corde ", tamaqqant, " tamis � mailles
serr�es ", tighini, " interdiction faite � la femme adult�re r�pudi�e
d��pouser son �poux, (interdiction formul�e par l�ancien �poux) " etc.
Comme en s�mitique, la racine berb�re est sentie : cela veut dire
qu�elle est une r�alit� vivante de la langue et non, comme en
indo-europ�en, par exemple, une reconstruction.. En effet, dans la
majorit� des cas, il est toujours possible de reconna�tre un rapport
entre les mots d�riv�s et la base de d�rivation. Ainsi, en kabyle,
tamaqqunt " bouquet " est rattach� au verbe eqqen , un bouquet
�tant, par d�finition, un assemblage de fleurs, de plantes, de
feuillages souvent attach�s. Mais le rapport peut-�tre vague et
n��voquer qu�un lointain �cho dans l�esprit : ainsi, le locuteur
kabyle ne rattache plus le mot tawaghit " malheur " au verbe agh "
prendre ". Les deux mots sont �tymologiquement rattach�s mais dans
l�usage, ils sont devenus ind�pendants l�un de l�autre. Parfois m�me,
la base de d�rivation a disparu et il ne reste plus que le d�riv�.
C�est le cas, dans les dialectes dits du Nord, de argaz " homme " que
l�on rattache habituellement � une racine verbale RGZ " marcher ",
attest�e en touareg sous la forme reoeh < regez " marcher au pas ",
d�o� araoeh " collection de personnes � pied, marchant au pas " et
amerreoeh " vagabond, personne qui erre " (Ch. de FOUCAUD, opus cit�,
p. 1599)
Les accidents phon�tiques et la morphologie peuvent rendre difficile
la reconnaissance du mot mais on peut, dans la majorit� des cas,
d�gager, avec un degr� plus ou moins grand de certitude, les racines.
La comparaison avec les autres dialectes peut aider, dans certains
cas, � retrouver la base de d�rivation. Ainsi, en kabyle, wlelles "
s�obscurcir " et qlelles " �tre br�l� par le soleil, avoir le teint
fonc� " peuvent �tre rattach�s, une fois le redoublement reconnu et
les pr�fixes (expressifs ?) w et q retir�s, � une racine LS ou WLS "
�tre obscur ", attest�e en chleuh, avec iles " �tre obscur " et tillas
" obscurit� " et dans les parlers du Maroc central, tallast, pl.
tillas " obscurit� ".
Variations phon�tiques
Les transformations phon�tiques, quand elles reposent sur des
correspondances r�guli�res, sont assez faciles � d�terminer. Ainsi,
quand on sait qu�une partie des h touareg , du Hoggar, correspond �
z dans les dialectes dits du nord, on classe sans h�siter, touareg :
ehe " mouche " avec Kabyle, chaoui, chleuh etc. : izi, de m�me sens.
Le k du berb�re commun devient c en mozabite aber�an ��noir�� devient
le kabyle aberkan, l devient r dans certains dialectes du Rif , arim
devient le kabyle alim ��paille�� etc. La variation peut m�me se
produire � l�int�rieur d�un m�me dialecte o� certains phon�mes
subissent des modifications r�guli�res : ainsi, dans certains parlers
kabyles, l devient y : ifeyfey devant ifelfel, dans les parlers de
l�aire tamazight du Maroc central, l �volue en j etc.
R�duction et �toffement des racines
En plus de l�alt�ration de ses radicales, la racine peut subir un
amenuisement. Certaines radicales dites faibles, comme w et y, peuvent
chuter r�guli�rement et ne r�appara�tre qu�occasionnellement dans un
d�riv� : ainsi : aru " �crire ", tira " �criture " dans la plupart des
dialectes mais tirawt " lettre " en touareg ; ered, ired " bl� " dans
la plupart des dialectes, ayerd en ghadamsi, i�ay, a��ay " �tre lourd
" partout, i�viy en chleuh � On a pos� l�hypoth�se d�un ancien h ,
dit protoberb�re tomb� partout mais conserv� comme h en touareg de l�Ahaggar
et comme b spirant en ghadamsi. Ainsi le mot id� " nuit ", est
r�alis� ehov, en Touareg, ibev, en Ghadamsi. Un autre h, �galement
protoberb�re, appara�t dans divers parlers touaregs et dans quelques
dialectes du nord et en ghadamsi :tala (Kabyle, Chaouia etc.) tahala
(Touareg, et Rifain) " fontaine, source " ; ehere (Touareg) " menu
b�tail ", ahruy (Chleuh) " mouton " etc.
M�tath�ses
L�ordre des phon�mes d�un mot commun peut changer d�un dialecte � un
autre. Ce ph�nom�ne, appel� " m�tath�se " ne g�ne pas la
reconnaissance des mots mais il peut poser des probl�mes quand il
s�agit, dans la r�alisation d�un dictionnaire de berb�re commun, de
proc�der � la classification des racines. Ainsi, pour la racine
signifiant " donner ", on a toute une s�rie de formes : Touareg : ekf
et intensif hakk ; Ghadamsi : ekf et intensif ibekk ,Maroc central :
fek, kef ; k : efk, sans oublier les formes r�tr�cies de N�fousi, Siwi
et Wargli etc. : uc, o� f est tomb� et o� k est pass� � c.
Extensions s�mantiques de la racine
L�une des conditions de la racine berb�re est de conserver, dans tous
ses d�riv�s, et � travers les dialectes, un minimum de sens commun. En
fait, la plupart des mots que nous avons relev�s pr�sentent le plus
souvent non pas un signifi� commun, mais plusieurs ainsi que des
extensions de sens et des sens figur�s communs. Voici deux exemples
racine DKL :
-dukkel " �tre ensemble, r�unir ", seddekkel " rassembler ", adukkel
" fait d��tre rassembl� " (Touareg)
-ameddukel " compagnon, ami, amoureux " (Wargli )
-ddukel " se lier d�amiti�, aller ensemble " amddak�el " ami,
compagnon " et mdukkal " se lier d�amiti�, �tre amant " (Maroc
central)
-ddukel " aller ensemble, prendre comme compagnon ", amdakkel "
compagnon " (Chleuh)
-ddukel " aller ensemble " amddakel " ami, compagnon, camarade "
(Kabyle ) etc.
racine FS :
-ifsas " �tre l�ger, p. ext. : �tre agile " (Touareg)
-efsus " �tre l�ger " (Wargla)
-fsus " �tre l�ger, p. ext. : �tre vif, rapide " (Maroc central)
-ifsus " �tre l�ger, p. ext. : �tre rapide, vif " (Chleuh, Rifain,
Kabyle)
M�me quand, dans certains cas, les sens des mots mis en rapport
paraissent diff�rents, il demeure toujours un minimum de signification
qui autorise le regroupement dans une m�me racine.
La disponibilit� de la racine est telle qu�elle peut conna�tre des
d�veloppements inattendus. On assiste � une pl�thore de mots qui,
s�ils n��taient pas li�s par des signifi�s communs, donneraient
l�impression de relever de racines diff�rentes. On peut citer, comme
exemple caract�ristique, la racine FL : elle pr�sente partout , avec
le verbe fel, le sens g�n�ral de " quitter, partir " et produit,
selon les dialectes, toute une s�rie de mots relevant de divers
domaines :
-le tissage : fel " ourdir " (Mzab, Wargla) , " monter le m�tier �
tisser "(Chaoui) ; taseflut "cha�nette de tissage", tisseffilt " fil
de trame ", asfel " cordon de soie pour maintenir le foulard sur la
t�te " (Maroc central)
-le relief : aseffalu "falaise" (Maroc central) ceffelet " monter
jusqu�au sommet d�une �l�vation (montagne, dune) " atafala " trou
d�eau � fleur de sol " (Touareg)
-la construction : asfel " toit fixe ou mobile d�une maison ", afella
" surface sup�rieure " (Touareg), afella " terrasse ", iflu " madrier,
battant de porte ", tiflut " porte " (Chleuh)
-notions et objets divers : efele " canal souterrain de captage des
eaux " (Touareg), tiflet " canal amenant l�eau de la rivi�re "
(Chleuh) tuffalin " attelles faites de roseau " (Maroc Central)
tufflin " attelles ", acacfal " sorte de porte-manteau plac� au-dessus
des poutres ", asfel " charme, rite magique de transfert d�un mal "
(Kabyle)
La langue, vari�t� et unit� (2)
Les mots berb�res
http://www.depechedekabylie.com/read.php?id=18371&ed=MTE1Mg==
Le
mot berb�re est, rappelons-le, la combinaison d�une racine et d�un
sch�me. Si cette d�finition suffit pour d�crire la forme du mot, elle
ne renseigne gu�re sur sa nature grammaticale. Si le locuteur
n�envisage que des mots � awal, pl. awalen, en berb�re � l�analyste,
ainsi que le p�dagogue, le berb�re �tant enseign� aujourd�hui, ont
besoin de proc�der � leur classification, de distinguer des cat�gories
pr�cises pour mieux comprendre l�organisation de la langue.
Mais les distinctions ne sont pas toujours �videntes parce que les
cat�gories syntaxiques (on dit traditionnellement les parties du
discours) ne sont pas s�par�es par des cloisons �tanches. Cette
remarque ne vaut pas seulement pour le berb�re mais pour un grand
nombre de langues o� des cat�gories qui poss�dent des aptitudes
communes, se chevauchent souvent
Le berb�re a-t-il connu, comme on l�a suppos� pour le
chamito-s�mitique un �tat exclusivement nominal ?
On sait qu�en berb�re, comme dans d�autres langues d�ailleurs (cf. le
fran�ais boire, l�anglais love) un m�me mot peut servir de nom comme
de verbe : laz�, llaz� "avoir faim et faim", fad, Ifad "avoir soif et
soif" ; le mot �tant le m�me, la distinction ne se fait que par le
contexte ou des marques morphologiques qui indiquent � quelle classe
appartient le mot : lluzagh "j�ai faim" (verbe) et laz� amuqq�ran "la
grande famine" (nom). En fait, la p�riode de confusion doit remonter �
une �poque tr�s ancienne et les mots qui peuvent servir � la fois de
noms et de verbes sont extr�mement rares (� notre connaissance, ils se
r�duisent m�me aux deux mots cit�s, laz� et fad) .
Les �tudes berb�res se sont �vertu�es, pendant longtemps, � calquer
leurs analyses sur celles des langues europ�ennes, notamment le
fran�ais. C�est ainsi que dans les manuels de grammaire, il est
question d'article, de nom, de verbe, de possessifs, d'adjectifs et
d�adverbes, con�us, sur le mod�le de la grammaire fran�aise, comme des
cat�gories aux contours bien pr�cis. On trouve un �cho de ces analyses
chez les meilleurs auteurs, comme Andr� Basset, Karl Prasse et plus
particuli�rement Mouloud Mammeri dont les ouvrages servent de base �
l�enseignement du kabyle.
Les �tudes de type structuraliste modernes, comme celles de Salem
Chaker ou Fernand Bentolila qui tiennent mieux compte des r�alit�s de
la langue, proc�dent � des analyses plus rigoureuses. D�ailleurs les
auteurs n�abordent qu�indirectement la question des cat�gories
syntaxiques, pr�f�rant analyser directement les unit�s.
Ainsi, F. Bentolila distingue, dans son inventaire des unit�s du
parler des A�t Seghrouchen du Maroc, plusieurs classes : le nom, le
nombre, les modalit�s nominales, les pronoms personnels, mais sans
proposer une classification. S. Chaker fait de m�me dans son analyse
du kabyle, mais cet auteur consacre en 1983 un article � la question.
L��tude s�inscrit dans le cadre d�une r�flexion g�n�rale sur l�analyse
des parties du discours, selon le mod�le propos� par P. Garde et
appliqu� aux langues les plus diverses. S. Chaker distingue quatre
grandes cat�gories :
-le verbe
-le nom
-les connecteurs ou relationnels
-les d�terminants divers
Selon l�auteur, les deux premi�res cat�gories appartiennent au lexique
et constituent des inventaires ouverts, les deux autres appartiennent
� la grammaire et forment des inventaires ferm�s. Mais il reconna�t
aussit�t que la ��distinction lexicale/grammaticale n�a pas ici la
nettet� des d�finitions qu�en propose la linguistique g�n�rale�� .
D�ailleurs, la cat�gorie des connecteurs ou relationnels qui r�unit
les pr�positions, les subordonnants et les conjonctions, provient
d�anciens noms grammaticalis�s. Le lien avec le lexique est encore
d�celable pour la plupart des pr�positions : fell "sur" et afella
"haut", ghef "sur" et ixef, ighef "t�te" etc. La m�me remarque
peut-�tre faite � propos des d�terminants divers ou adverbes. Si
certains fonctionnent r�ellement comme des adverbes, c�est � dire des
d�terminants du pr�dicat ou de mon�mes dans la terminologie
fonctionnaliste, d�autres conservent en partie des fonctions du nom.
C�est le cas de zik "avant", en kabyle, qui peut �tre pr�c�d� d�une
pr�position (si zik ), d�un possessif (si zik nnsen) etc.
"C�est toute la constellation des connecteurs et des d�terminants
autonomes qui est caract�ris�e par ces chevauchements fonctionnels
inversants."
En fait les unit�s du berb�re se r�partissent en deux grandes
cat�gories : celle des �l�ments lexicaux qui sont en inventaires
ouverts et qui ne cessent de s�enrichir d��l�ments nouveaux, celle des
�l�ments grammaticaux qui forment des inventaires ferm�s.
Les notions de nom, de verbe, d�adverbe, de pr�position, telles
qu�employ�es traditionnellement ne recouvrent pas tout � fait la
r�alit� du berb�re, et si on doit les utiliser, parce qu�elles offrent
l�avantage d��tre tr�s employ�es, il faut pr�ciser, � chaque fois,
leurs caract�ristiques.
Ainsi, les num�raux, les pronoms et les adjectifs doivent �tre
rattach�s au nom.
La caract�ristique essentielle des noms de nombre, en berb�re, est
d��tre des d�termin�s, et non, comme dans beaucoup d�autres langues,
des d�terminants. Ainsi, dans sin yergazen "deux hommes", c�est argaz
qui est d�terminant et sin d�termin�, le rapport de subordination
�tant marqu� par l��tat d�annexion. Dans la plupart des dialectes, la
s�rie des nombres est, � partir de 3 ou 4, emprunt�e � l�arabe. Il n�
y a que quelques dialectes, comme le touareg, le chleuh et
partiellement le mozabite qui ont conserv� la num�rotation berb�re.
Les pronoms sont des substituts de noms parce qu�ils ont, dans
l��nonc�, des fonctions nominales (dont celle de servir de pr�dicat)
et les substituts non personnels, comme les d��ctiques et les
interrogatifs, connaissent les modatit�s de genre et de nombre. La
plupart des pronoms et des substituts non personnels sont communs � la
quasi totalit� des dialectes m�me si le vocalisme et la structure
consonantique peuvent conna�tre des variations.
L�adjectif appartient �galement � la sph�re du nom dont il porte les
marques de genre et de nombre :
-ikerri aberkan, pluriel akraren iberkanen "mouton noir", taqcict
taceb�ant, pl.tiqcicin ticeb�anin "une jolie fille" (kabyle)
Il peut aussi assumer la fonction de pr�dicat dans la phrase nominale
:
-d awessar "il est vieux" (Chaoui)
Certains auteurs, comme Willms et F. Bentolila pensent qu�il n�y a pas
d�adjectif en berb�re. Bentolila pr�f�re parler de noms appos�s qui
"du fait de leur contenu s�mantique sont souvent utilis�s pour
qualifier un autre nom auquel ils sont appos�s". Il est vrai que
certains dialectes, comme le touareg et le ghadamsi, ne poss�dent pas
d�adjectifs qualificatifs au sens traditionnel de mot qui s�ajoute au
nom pour en exprimer la qualit�.
En touareg, les mots qui fonctionnent comme adjectifs dans les
dialectes dits du nord, sont toujours des noms ; ils incluent bien
l�id�e de qualification mais ils ne peuvent se joindre � un nom :
amellal "antilope addax ( animal de couleur blanche)" devient kabyle,
tamazight du Maroc central, chleuh etc. :
amellal "blanc"
ezeggagh "animal de couleur rouge" devient Kabyle, Maroc Central,
Cheuhl etc. azeggagh,
azeggagh "rouge"
En touareg, comme en ghadamsi, c�est la forme verbale qui exprime
l�id�e de qualification :
Touareg : (adrar) maqqeren "grande (montagne), lit. : (la montagne)
�tant grande"
Ghadamsi : (tandja) mellalen "(terre) blanche", lit. "(terre) �tant
blanche".
Au demeurant, cette forme existe �galement dans les dialectes dits du
nord (Chl : itri ghezzifen" com�te, lit."�toile �tant longue", K :
Tala zeggaghen "fontaine �tant rouge" dans la toponymie etc.), mais
dans ces dialectes, l�adjectif est bien �tabli, avec des sch�mes
sp�cifiques et m�me un suffixe adjectiveur, -an :
-aberkan "noir" (verbe ibrik "�tre noir") (kabyle)
-aseggan "noir" (verbe isgin "�tre noir") (chleuh)
-amoqq�ran "grand" (verbe imghur "grandir") (chaoui)
Les pr�positions, les conjonctions de coordination et de subordination
forment un ensemble h�t�roclite, diff�rant d�un dialecte � un autre,
avec, dans beaucoup de dialectes, des emprunts � l�arabe et, un peu
partout une grammaticalisation de noms et de syntagmes nominaux. En
fait, toutes ces particules, y compris les pr�positions qui semblent
former une s�rie stable, gardent des attaches avec le nom. Ainsi, en
touareg :
-d�effer "derri�re, apr�s, de derri�re", �galement "post�rieur" et,
p. ext. "ouest".
-dennedj "au-dessus de", p. ext. : "en amont"
-edis n "� c�t� de, aupr�s de" et edis "c�t�"
-dagh ammas "� l�int�rieur de, aupr�s de" ammas "milieu".
Dans le glossaire des racines communes que nous pr�sentons en annexe,
la plupart des pr�positions sont rattach�es aux noms dont elles sont
issues : K : ghef "sur" et ighef/ ixef "t�te, sommet" ; To : full
"sur" et afella "sommet" etc. Un grand nombre de pr�positions sont
communes : n, s etc. mais elles connaissent des variations phon�tiques
et, partout, des formes allong�es.
La classe des adverbes est �galement h�t�rog�ne et comme celle des
fonctionnels, ses �l�ments proviennent de la grammaticalisation
d�unit�s lexicales. D�ailleurs, certains adverbes peuvent encore
fonctionner comme des noms et m�me des pr�positions en fonction de
leurs positions dans l��nonc�. Ainsi, en kabyle :
Adverbe :
iteddu defer-is "il marche derri�re lui"
nom : tamma
n defir "la face de derri�re, le verso".
Pr�position :
defir wexxam "derri�re la maison"
Le berb�re, vari�t� et
unit� (3)
Le
processus de production lexicale
http://www.depechedekabylie.com/read.php?id=19256&ed=MTE2Ng==
Comme dans les autres langues chamito-s�mitiques (le ph�nicien,
l�arabe, l�h�breu, etc.) le syst�me de production du vocabulaire en
berb�re en est la d�rivation. Celui-ci recourt aussi � et c�est l�
peut-�tre son originalit� dans le groupe- � la composition et plus
sp�cialement � la composition synaptique qui est � la base, dans la
plupart des dialectes , de la formation de nombreux vocabulaires de
sp�cialit�.La
d�rivation
On a pris l�habitude, � la suite des s�mitisants, de distinguer, en
berb�re, deux types de d�rivations : la d�rivation d�orientation et la
d�rivation de mani�re.
Dans la d�rivation d�orientation, le rapport entre l�affixe de
d�rivation et la base lexicale est imm�diatement per�u par le
locuteur. Les affixes sont en nombre r�duit et sont r�utilisables avec
n�importe quelle base, y compris les bases emprunt�es.
Dans la d�rivation de mani�re, le rapport entre l�affixe et la base
n�est pas toujours perceptible, les affixes sont tr�s nombreux mais
ils ne sont plus disponibles pour de nouvelles formations et il arrive
fr�quemment que le locuteur ne les s�pare plus de la base. Autre
proc�d� de la d�rivation de mani�re : le redoublement complet ou
partiel associ� � des valeurs expressives diverses.
La d�rivation d�orientation
C�est le verbe qui fournit la plupart des bases de d�rivation.
Le point de d�part est la racine, ensemble de consonnes qui va prendre
diff�rents corps (ou sch�mes), par l�introduction de voyelles et
d�affixes.
En th�orie, � une base verbale correspondent des d�riv�s verbaux, des
d�riv�s nominaux et, dans les dialectes qui connaissent l�adjectif,
les d�riv�s adjectivaux.
Les d�riv�s verbaux sont obtenus par adjonction d�affixes
d�rivationnels :
-s- de sens actif
-t- (variante tw, pw), mm- et n-, de sens passif
-n-, -nn (variantes : my-, mm-), de sens r�ciproque
Certains affixes peuvent se combiner et donner de nouvelles
significations, comme par exemple le passif-actif, combinaison des
marques du passif et de l�actif : "faire �tre fait, etc.
Comme en s�mitique, et plus sp�cialement l�arabe, les latitudes
d�rivationnelles de la racine berb�re, peuvent �tre tr�s grandes. La
racine qui garde, dans tous ses d�riv�s, un minimum de sens commun,
fournit, par le jeu de l�alternance vocalique ou de l�ajout d�affixes,
d�un grand nombre de mots :
Exemple du verbe kabyle bibb ��porter sur le dos�� pour lequel on peut
avoir les d�riv�s suivants : sbibb ��faire porter sur le dos��, mbibb
���tre port钒, sembib ��faire �tre port钒, mmbibb ��se porter l�un
l�autre�� et tous les noms allant avec ces verbes : abibbi, tibibbit,
asbbibi; etc.
Ce m�canisme de formation para�t tr�s productif, m�me si on enregistre
des cases vides.
En fait, ni le kabyle, ni aucun autre dialecte berb�re n�exploite
toutes les potentialit�s du syst�me.
Des contraintes diverses peuvent emp�cher la r�alisation de certaines
unit�s : contraintes phon�tiques excluant des suites inhabituelles
(par exemple, la succession de deux affriqu�es ou de deux labiales est
ressentie comme lourde en kabyle : *pwa��ar "�tre rempli" est possible
mais pas r�alis�, de m�me que *mbges "se ceindre r�ciproquement"),
contraintes s�mantiques excluant certaines significations (par
exemple, absence de forme active pour un verbe de sens essentiellement
passif comme mmet "mourir" : *smet "faire mourir" n��tant r�alis�
nulle part). Le syst�me comporte �galement des cases vides ou trous
lexicaux.
Des notions d�termin�es par des traits s�mantiques pr�cis, "le nom
d�agent", "le nom d�instrument", "le verbe de sens r�ciproque", etc.,
ne sont pas r�alis�s en tant qu�unit�s linguistiques. Ainsi, le kabyle
n�a ni *tasefa� "balai, torchon" ni *timsirewt "accoucheuse", pourtant
form�s sur des verbes vivants, esfev "essuyer" et arew "accoucher" et
construits sur des mod�les de formation attest�s � ici des sch�mes de
nom d�instrument et d�agent. Dans la mesure o� il n�y a pas
d�incompatibilit� phonique ou s�mantique, ces lacunes rel�vent du
syst�me de la langue.
Dans les dialectes o� l�emprunt lexical est massif, comme le siwi ou
le chaoui, certaines s�ries morphologiques ne comportent plus que deux
ou trois d�riv�s :en plus du verbe � la forme simple, le nom d�action
verbale et accessoirement le verbe de sens actif et son d�riv�
nominal.
Le plus souvent, c�est l�emprunt arabe qui occupe la case vide, ce qui
provoque une rupture des s�ries morphologiques et une destructuration,
plus ou moins grande, selon les dialectes, du vocabulaire.
Les d�riv�s les mieux attest�s en berb�re sont le verbe actif (d�riv�
� sifflante) et le nom d�action verbale , on note aussi pour les
formes verbales, un r�ciproque.
Le d�riv� actif a, g�n�ralement une valeur causative : "faire faire
quelque chose", mais on assiste, dans certains cas � une
lexicalisation du s- ; le cas le plus connu dans un grand nombre de
dialectes est celui de ssired, qui, tout en exprimant l�id�e de "faire
que quelqu�un ou quelque chose soit lav�e" a aussi le sens simple de
"(se) laver".
Le nom verbal est parfois appel� nom abstrait parce qu�il renvoie �
une action ou � l��tat dans leur g�n�ralit�. Ainsi, en touareg, terese
est "le fait, l�id�e d�enflammer" et non "l�enflammement", con�u comme
une chose concr�te.
On oppose parfois un nom d�action verbale � un nom de sens concret
qui, lui, envisage l��tat ou l�action dans leur manifestation. Quand
les deux formes existent, elles peuvent �tre distingu�es, soit par une
alternance phon�tique (vocalique ou consonantique), soit par une
alternance de genre ou de nombre . Ainsi : -abuzen "fait d��tre cuit
sous forme d�abazin, plat compos� d�herbes et de farine)" et abazin
"plat d�herbe et de farine" (verbe : bbuzen "�tre cuit sous forme d�abazin")
(Kabyle), akmas "fait de nouer", akemmus "ballot" (verbe ekmes "nouer,
attacher") Maroc Central)
Dans beaucoup de cas, les deux types de noms, "abstrait" et "concret"
se confondent, la distinction, quand elle existe, est seulement
d�ordre s�mantique : -urar "fait de jouer, de danser et, jeu, danse"
(kabyle ), abaradj "fait de se vanter, vantardise" (Touareg) ghamus
"fait de couvrir, couverture" (Maroc central)
Le nom d�agent est attest� dans tous les dialectes et souvent avec les
m�mes sch�mes. Le plus r�pandu est le sch�me � pr�fixe am- / -an,
f�m. tam- / tan- , variantes ams-/ ans-, tams-/ tans-: -amellaz�u
"homme affam�" (ella� "avoir faim") (Kabyle), analmad "�l�ve", asalmad
"enseignant" (verbe elmed "apprendre") (Touareg) -amgallu "celui qui
pr�te serment (verbe ggal "pr�ter serment") (Maroc central).
Du fait de l�emprunt lexical en berb�re qui a destructur� les s�ries
morphologiques, beaucoup de verbes n�ont plus de noms d�agent. Le type
en am-, par exemple, n�est plus productif qu�en touareg et, dans une
certaine mesure, en chleuh et en tamazight du Maroc central. Il est
devenu rare en kabyle, en chaoui , en mozabite et dans beaucoup
d�autres dialectes.
L�agent instrumental ou nom d�instrument traduit la force ou l�objet
inanim� qui intervient dans l�action ou l��tat d�crit par le verbe.
Ainsi : eddez "piler", tamaddazt "pilon" (Kabyle), -zdey "attacher",
azedday "lien d�attache des colliers de labour", mrey "frotter",
tamerrayt "frottoir, r�pe" (Maroc central)-sew "boire", amesu
"abreuvoir" (To)
Mais une fois de plus, toutes les potentialit�s du syst�me ne sont
pas utilis�es et on note des variations d�un dialecte � un autre :
ainsi alors que le touareg forme le nom du musicien, amawat, � partir
du verbe commun wet ��frapper, jouer��, les autres dialectes utilisent
l�emprunt arabe aghennay.
La d�rivation � partir de noms est moins fr�quente. Mais c�est un fait
attest� dans la plupart des dialectes.
Un mod�le de formation assez r�pandu est la formation de noms d�agent
ou d�instrument par adjonction du pr�fixe �am(s) � une base nominale
: -amessdrar "montagnard" (ams + adrar "montagne"), amessbrid "pi�ton,
voyageur" (ams + abrid "route, chemin ") (Kabyle), -amattahov "homme
qui a le mauvais �il" (am + taho� "�il") (To), tamettadent "nom d�un
petit boyau" ( tam + adan "intestin) -ime�w "larme " (im- + ti� " �il
") (Chl)
Le verbalisateur permet, dans certains cas, de former des verbes �
partir de nom. L�exemple pan-berb�re le plus connu est celui de siwel
"appeler, parler", de awal "mot, propos, p. ext. langue". On ajoutera
deux exemples kabyles : smi��ew "larmoyer" (de ime��i "larme") et
ssignew "�tre couvert, en parlant du temps " (de igenni "ciel").
On a discut� du caract�re berb�re de l�affixe de relation i-/ -y,
formateur, dans beaucoup de dialectes, d�adjectifs et de noms d�agent.
Si la plupart des auteurs consid�rent qu�il est emprunt� � l�arabe,
certains croient � son origine berb�re. On cite des exemples o� le i-
/ -y ne semble pas emprunt�. L�exemple le plus probant est celui qui
exprime, dans plusieurs dialectes, l�id�e de "droite", "c�t� droit" :
Chleuh : afusi ; Nefousi: afusay, le Kabyle : ayfus o� le i-/ y- a
une position de pr�fixe. Aux exemples habituellement cit�s, on
ajoutera des mots warglis o� le suffixe, ajout� � des bases berb�res
exprime l�id�e de mani�re. Ainsi : -sednani "� la mani�re des femmes,
en parlant d�un homme", de tisednan "femmes", -rgazi "� la mani�re des
hommes, en parlant d�une femme", de argaz " homme "zelmad�i " en
allant vers la gauche, de fa�on gauche", de azelmad� "gauche,
c�t�gauche", aghyuli "� la mani�re des �nes", de aghyul "�ne"
Le berb�re, vari�t� et unit� (III)
Le processus de production lexicale
http://www.depechedekabylie.com/read.php?id=19869&ed=MTE3Ng==
La composition est un autre proc�d� employ� par le
berb�re pour former son vocabulaire. Le type appel� �composition
synaptique�� a fourni de nombreux vocabulaires sp�cialis�s.
On a pris l�habitude de consid�rer la composition comme
marginale en berb�re. En r�alit�, c�est une proc�dure de formation
courante qui a fourni, dans tous les dialectes, des vocabulaires
sp�cialis�s.
Rappelons d�abord que, par composition on d�signe la formation d�une unit�
s�mantique � partir d�autres unit�s susceptibles d�avoir un fonctionnement
dans la langue. Ainsi, en fran�ais : timbre-poste, chemin de fer, pomme de
terre, chacun des �l�ments de chaque compos� ayant, dans la langue, une
existence autonome: timbre, poste ; chemin, fer, pomme, terre.
Le crit�re de mobilit� des �l�ments peut �tre �galement �voqu� pour
d�finir le compos� berb�re : alors que les affixes des d�riv�s n�ont pas
d�existence autonome, les �l�ments du compos� se retrouvent � l��tat
libre. Ainsi en kabyle suffegh "faire sortir" est un d�riv� issu du verbe
effegh "sortir", le pr�fixe "causatif" s- n��tant pas autonome, alors que
tiferzizwit "m�lisse" est un compos�, form� de tiferets "aile" et tizizwit
"abeille", les deux mots pouvant fonctionner s�par�ment dans le discours.
Les deux types de compos�s
On distingue, en fonction des mod�les de formation, mais aussi du point de
vue de la productivit�, deux types de compos�s :
-les compos�s par simple juxtaposition de mots, sans lien syntaxique entre
eux, ou compos�s proprement dits. C�est le cas de timbre-poste, chaise-longue.
-les compos�s par lexicalisation de groupe de syntagmes (ensemble d�unit�s
linguistiques), r�unis par une pr�position ou compos�s synaptiques. C�est
le cas de chemin de fer, pomme de terre�
Cette distinction se retrouve dans les anciens ouvrages de lexicologie et
de s�mantique, comme le Trait� de formation des mots compos�s de A.
Darmesteter (1874) o� une diff�rence est faite entre les juxtapos�s qui
sont les compos�s proprement dits et les compos�s o� les �l�ments
rapproch�s gardent la forme du syntagme.
Cette derni�re forme de composition a �t� longuement d�crite par Emile
Benveniste qui lui a donn� le nom de synapsie ou de composition synaptique.
Le m�rite lui revient d'avoir montr� son caract�re syntaxique et surtout
sa grande productivit�.
En berb�re, la composition par simple juxtaposition d�unit�s est
partout fig�e et les mod�les ne sont plus disponibles pour de nouvelles
formations. Il y va autrement de la composition synaptique qui est
constamment sollicit�e pour des cr�ations. C�est l� un fait qui n�est pas
propre au berb�re mais � la plupart des langues :
"Tous les vocabulaires techniques, �crit Benveniste, font appel (�
la composition synaptique) et d�autant plus ais�ment qu�elle seule permet
l�unification d�taill�e du d�sign� et la classification des s�ries par
leurs traits distinctifs."
Les compos�s proprement dits
On en trouve dans tous les dialectes berb�res mais comme nous l�avons
soulign� plus haut, ils sont tous fig�s et les mod�les ne sont plus
disponibles pour la formation d�unit�s nouvelles. Les compos�s berb�res
pr�sentent quelques traits caract�ristiques que l�on peut r�sumer ainsi :
1-les �l�ments juxtapos�s renvoient toujours � une seule et m�me r�alit�.
Le compos� commute avec des mots simples : tiferzizwit commute avec
ajedjdjig ��fleur��, lwerd ��rose�� etc.
2-la relation entre les deux termes du compos� n�est pas logique mais
s�mantique : ainsi, en kabyle, la m�lisse, tiferzizwit, n�est pas une
��aile d�abeille�� mais une plante compar�e � une aile d�abeille.
3-les marques verbales et nominales sont absentes. Le compos� pr�sente un
caract�re archa�que qui s�exprime essentiellement par l�absence
d�actualisateur pour chacun des �l�ments : ainsi, on a tiferzizwit et non
deux mots s�par�s, chacun avec ses marques : tiferet-tizizwit.
Les marques du genre et du nombre se rapportent toujours � l�ensemble du
compos� et non � chacun de ses �l�ments s�par�ment : ainsi tiferzizwit,
pl. tiferzizwa et non tifriwin-tizizwa.
Mod�les de composition proprement dite
Les deux mod�les les plus r�pandus sont le mod�le nom + nom et le mod�le
nom + verbe : on les retrouve dans tout le domaine berb�re et certains
compos�s sont communs.
-mod�le nom + nom
-agh�esmar "m�choire inf�rieure" (ighes "os" + (t)amar(t) "menton, barbe"
muccbarra "chat sauvage" (mucc "chat" , forme disparue en kabyle et
remplac�e par une autre forme, sans doute d�origine expressive : amcic,) +
barra "dehors, ext�rieur", emprunt� � l�arabe) (Kabyle)
-ighezdis "c�t� (corps)" (ighes " os " + idis "c�t�, flanc" (Maroc
Central) ighesdis, m�me sens (Kabyle)
-ikinksu "couscousier" (ikin "marmite" + seksu "couscous" (Chleuh)
Mod�le verbe + nom
-merez�biqes "pic-vert" ( erz� "casser" + ibiqes "micocoulier, vari�t�
d�arbre tr�s dur") (K)
-mejjghyul "hy�ne" ( mejj "ronge" + aghyul "�ne") (Maroc Central)
-tellghenja "louche habill�e en mari�e et promen�e lors des rogations de
la pluie" (tell "envelopper� + aghenja "louche, cuiller � pot") (Chleuh)
Les compos�s synaptiques
Comme les compos�s proprement dits, les compos�s synaptiques combinent des
unit�s mais quatre traits permettent de les distinguer
1 � le rapport de composition est imm�diatement per�u par les locuteurs :
en effet, les �l�ments du compos� sont toujours attest�s en synchronie et
donc identifiables: contrairement aux compos�s proprement dits dont l�un
des �l�ments peut ne plus �tre utilis� (exemple du kabyle muccbarra , cit�
ci-dessus)
2 �les termes conjoints sont toujours s�par�s par une particule, ou
joncteur, absente dans la composition par simple juxtaposition
3 �les termes conjoints se conforment aux contraintes syntaxiques et
morphologiques synchroniques (voyelle initiale, �tat d�annexion)
4 � les mod�les de composition synaptique sont tr�s productifs,
contrairement aux mod�les de composition proprement dite qui sont fig�s.
Le mod�le de formation est partout identique :
nom + joncteur n "de" + nom
Le joncteur n " de " est souvent assimil� :
-tara bbuccen < tara n wuccen "bryone, plante" (lit. "treille du chacal")
(Kabyle)
-tikzinin wwuccen �vari�t� d�ortie" ( lit. : "orties du chacal") (Rifain)
Le touareg recourt � un joncteur plus complexe, d�monstratif wa "celui" +
n ; f�m. : ta + n :
-atri wa n teserri� "com�te" (lit. "�toile celle de la ligne")
-tallit ta n tasese "mois musulman de chawal, suivant le mois de je�ne",
lit. : "mois de celui du fait de boire".
Les �l�ments formant les compos�s varient d�un dialecte � un autre, mais
dans ce domaine aussi on rel�ve des formations communes ainsi que des
termes op�rateurs communs, � la base de certains vocabulaires. C�est le
cas de uccen "chacal" (ibeggi en touareg), avec le sens de "sauvage" dans
le secteur des plantes, ti� "�il" et imi "bouche", avec le sens d� "ouverture",
ixef / ighef "t�te", avec le sens de "bout", afus "main", dans le sens de
"moyen de pr�hension" etc.
Voici quelques domaines o� la composition synaptique fournit des
vocabulaires.
Botanique
-ibawen bbuccen "lupin", lit. : "f�ves du chacal -iles n tfunast "bourrache"
, lit. "langue de vache"
-ayefki n teghyult "c�rinthe" , lit. "lait d��nesse" (Kabyle)
-aghu n teslitt "euphorbe", lit. "lait de la mari�e"
-iles ufunas "bourrache", lit. "langue de b�uf"
-tamezzught n tili "papillonac�e", lit. "oreille de brebis" (Maroc
Central)
-tinifin n yezgaren "oseille sauvage" , lit. "navets des b�ufs"
-tilkit n wwuccen "bourrache", lit. "pou du chacal"
-ad�il n wwuccen "belladone", lit. "raisin du chacal" (Chleuh)
Faune
-ad�egal n ehod� "chauve-souris", lit. "le beau-p�re de la nuit" (Touareg)
-aghyul ggid� "rinolophe", lit. "�ne de nuit"
-tagmert n rrsul "libellule", lit. "jument du Proph�te" (Kabyle)
-aghyul n dzizwa "bourdon" , lit. "�ne des abeilles"
-aghyul n tsk�rin "b�casse", lit. "�ne des perdrix" (Maroc Central)
Temps et atmosph�re
-tislit bbenz�ar "arc-en-ciel", lit. "fianc�e de la pluie"
-tameghra bbuccen "ph�nom�ne combinant la pluie et le soleil en m�me
temps" lit. "noces du chacal" (Kabyle)
-agaras n walim "voie lact�e ", lit. "voie de paille"
-tigemmi n tayurt "halo de la lune", lit. "la maison de la lune"
-tit� n unz�ar "ouest" , lit. "l��il de la pluie" (Chleuh)
Corps humain
-adrar bb�afud "tibia" , lit. "mont du genou"
-tibbura bbudem "tempes" , lit. "portes du visage" (Kabyle)
-timelli n ti� "pupille" , lit. "blanc de l��il"
-tifiyi n tuxsin " gencive ", lit. " chair des dents " (Chleuh)
Objets
-azerg n uzdir "meule dormante", lit. "meule du bas"
-azerg n ufella "meule volante", lit. "meule du haut" (Chleuh)
Parent�, vie sociale
-amghar n tadart "chef, responsable de village" lit. : "chef du village" (
un des rares cas o� amghar conserve le sens de "chef")
-tamett�ut n baba "mar�tre" , lit. "�pouse de mon p�re" (Kabyle)
-tis n ti "grand-p�re paternel" (Touareg)
M.A Haddadou
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