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Jean mouhoub amrouche

 le po�te de l�alg�rie imm�moriale 
Un enfant de Jughurta et des a�des berb�res

http://www.elwatan.com/2005-01-06/2005-01-06-11146

               Le 17 avril 1962, mourrait � Paris Jean El Mouhoub Amrouche. Il venait d�avoir cinquante-six ans. Ce juste d�entre les justes, cet homme dont la probit� intellectuelle �tait unanimement reconnue, ce grand esprit qui, sa vie durant, alla � la rencontre de l�autre pour mieux se comprendre soi-m�me �tait parti sans voir s�accomplir le miracle qu�il esp�rait, qu�il attendait.

                 Jean Amrouche s�est �teint quelques mois avant l�ind�pendance de l�Alg�rie, le pays ch�ri qui a nourri toute son �uvre po�tique et puis plus tard sa carri�re de journaliste �minent. Mais Jean Amrouche, ce 17 avril 1962, �tait tout de m�me parvenu au terme d�une destin�e flamboyante. Rien ne plaidait en effet que l�enfant d�Ighil Ali - Jean Amrouche y est n� le 7 f�vrier 1906 - serait l�une des sommit�s de la France litt�raire, un analyste dont les avis pertinents porteront les �crivains les plus renomm�s � qu�ter son compagnonage. Jean Amrouche atteindra m�me les sommets de la hi�rarchie professionnelle puisqu�il sera le r�dacteur en chef de la Radio nationale fran�aise, responsabilit� qui lui sera retir�e lorsqu�il parut av�r� aux cercles politiques fran�ais que de telles responsabilit�s �taient incompatibles avec l�engagement personnel de Jean Amrouche. C��tait alors le plus fort de la guerre et le journaliste ne faisait pas secret de son attachement au pays meurtri. Les honneurs qui l�avaient consacr�, la notori�t� qu�il avait atteinte n�avaient jamais �mouss� chez Jean Amrouche la profondeur de ses racines, m�me s�il avait conscience que les humanit�s fran�aises avaient contribu� � forger sa personnalit�. Le Fran�ais qu�il �tait, par convenance quasi administrative, ne gommait pas l�identit� toujours r�currente de l�Alg�rien qui, en interrogeant l�histoire de son pays, mettait ses pas sur ceux de Jughurta, dont il marquera plus d�une fois le message �ternel, et dans lequel il se retrouvait. La vie de Jean Amrouche l�avait, en fait, conduit � cette exigence de la validit� de ses origines, mais aussi de sa condition citoyenne. Il n�oublia pas, dans des recueils comme Cendres, Etoile secr�te ou dans l�anthologie des Chants berb�res de Kabylie qui il �tait et d�o� il venait. Cette vie de Jean Amrouche a pourtant toujours �t� plac�e sous le signe du d�racinement. Encore enfant, il s��tablit avec ses parents en Tunisie, avant de revenir en Alg�rie, puis de se fixer durablement en France. Sujet brillant, Jean Amrouche transcendera par ses facult�s pour l��tude hors du commun les difficult�s �cononomiques d�une famille grandement d�sargent�e. Le premier exil de Jean Amrouche, sous la f�rule de Fadhma, son admirable m�re, avait des motivations �conomiques. Son cursus de normalien devait le conduire � l�enseignement et il occupera de fait des postes � Annaba puis �pisodiquement � Sousse, en Tunisie. Le jeune professeur avait trouv� sa voie dans le monde des lettres, depuis peut-�tre qu�il avait engag� des premi�res correspondances avec Andr� Gide dont il recroisera d�ailleurs le chemin lorsque � Paris, il sera un journaliste influent. Le d�chirement identitaire du po�te se situe dans ces ann�es-l�, � partir de 1940 et de cette conf�rence sur Jugurtha � Alger, et qui restera une r�f�rence car d�finitivement elle inscrira la trajectoire de Jean Amrouche dans l�affirmation sereine de ses racines berb�res. Ce cr�do lui valut l�inimiti� des cercles de d�cision dans la hi�rarchie politique fran�aise de la fin des ann�es 1950 qui eurent raison de Jean Amrouche m�me si celui-ci avait l�estime du g�n�ral de Gaulle. Jean Amrouche avait �t� l�interm�diaire entre le pouvoir fran�ais et le FLN, puis le GPRA. C�est de cette p�riode que date la croyance selon laquelle Jean Amrouche avait �t� l�ambassadeur de l�Alg�rie combattante aupr�s du Vatican. Cela ne fut bien s�r pas, et en r�alit� cette croyance s�explique par une boutade de Ferhat Abbas qui, lors d�entretiens avec les repr�sentants du g�n�ral de Gaulle avait lanc� � Jean Amrouche : � Vous serez notre ambassadeur au Vatican ! � Dans l�esprit du pr�sident du GPRA, cette boutade signifiait que l�Alg�rie ind�pendante travaillerait avec tous ses enfants, quelle que soit leur confession. Et Jean Amrouche �tait issu d�une famille chr�tienne de Kabylie. Peut-�tre au demeurant, le po�te aurait-il �t� au Saint-Si�ge s�il avait v�cu. Il manqua alors � son parcours d�avoir v�cu avec son peuple le temps de la libert� reconquise. Sur un autre registre, le po�te fulgurant aura �t� aussi un romancier inabouti. Jean Amrouche a port� en effet, depuis Le chant d�Akli, plusieurs projets qui ne virent jamais le jour et � cet �gard il n�eut pas la m�me r�ussite que sa s�ur Marguerite Taos qui publia elle diverses �uvres romanesques. Cet homme, pour autant, n�en est pas moins exceptionnel et exemplaire de ce que signifie l�humanisme alg�rien. Ce destin prodigieux n�a pas �t� salu�, en son pays lui-m�me, par la reconnaissance officielle et institutionnelle. On cherchera en vain le nom de Jean El Mouhoub Amrouche dans les espaces o� s�incarne la p�rennit� d�un Etat dont il n�a jamais dout� de sa r�surgence. Mais, ce qui n�est pas une consolation, il est loin d��tre le seul dans ce cas.

Djamel Eddine Merdaci

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