L’insécurité
a atteint un seuil alarmant en kabylie
http://www.elwatan.com/2006-04-29/2006-04-29-41476 Depuis les trois dernières années, les
services de sécurité se retrouvent confrontés à des actes d’enlèvement
dont la multiplication s’est accélérée ces derniers mois. Selon des
sources sécuritaires, durant les deux dernières années, le nombre mensuel
de rapts, suivis de rançons, est passé d’une moyenne de 5 à 10 à un taux
de 15 à 20. Les régions les plus touchées restent Boumerdès et Tizi Ouzou
qui enregistrent une moyenne de 15 kidnappings par mois : 5 pour Boumerdès
et 10 pour Tizi Ouzou. Le reste concerne les autres régions, notamment
Tébessa et une partie de Jijel. Quelques cas ont été également recensés à
Alger et ses environs », estime-t-on. Ces kidnappings, notamment ceux qui
ont eu lieu en Kabylie et à l’est du pays, expliquent nos interlocuteurs,
sont l’œuvre surtout des terroristes du GSPC dans le but de collecter de
l’argent. « Deux paramètres ont aidé à l’évolution rapide de ce phénomène.
Le premier est la situation d’insécurité qui règne depuis 2001 en Kabylie.
Les groupes armés dressent des faux barrages en toute quiétude sur
certains axes routiers en dehors des zones urbaines et dès qu’ils se
trouvent face à des personnes aisées financièrement, comme les commerçants,
les hommes d’affaires ou les industriels, ils n’hésitent pas à les
séquestrer et à monnayer leur libération. Des sommes colossales ont été
collectées grâce à ces pratiques. Les montants exigés sont rarement en
dessous des 25 millions de dinars et peuvent atteindre largement les 300
millions de dinars. Tout dépend de la situation financière de l’otage. Le
deuxième paramètre est lié au fait que la population, qui subissait le
diktat des terroristes, refuse de plus en plus de payer l’impôt imposé par
le GSPC, notamment chez les agriculteurs et les commerçants. Ce qui a
réduit les fonds de l’organisation terroriste, laquelle trouve dans les
rançons la meilleure façon d’obliger les gens à s’acquitter de leurs
impôts », explique-t-on. Ces pratiques, ont indiqué nos sources, ne sont
pas nouvelles chez le GSPC. En juillet 2001, le Para, alors émir de la
région 5 (est du pays), avait enlevé le sénateur Mohamed Bediar à Tébessa
et l’a libéré par la suite après que sa famille eut payé une somme de 300
millions de dinars. Le même chef terroriste avait mené l’opération
d’enlèvement des 31 touristes occidentaux, dont la libération a nécessité
le paiement par le gouvernement allemand d’une somme de 5 millions d’euros.
Cet argent a servi pour de nombreuses opérations d’achat d’armes, dont une
partie a été acheminée vers les maquis du GSPC. Pour nos sources, la
multiplication des enlèvements ces derniers mois peut s’expliquer par deux
thèses. La première, qui est la plus plausible, est la nécessité pour le
GSPC de trouver les fonds lui permettant de s’approvisionner en armes.
« Le manque de confiance qui gangrène les relations entre l’émir de la
région du Sahara pour le GSPC, Mokhtar Belmokhtar, et l’actuelle direction
de l’organisation a fait que les commandes d’armement sont toujours payées
d’avance. A cette situation sont venues se greffer les nombreuses
opérations de neutralisation des convois d’acheminement d’armes du Sud
vers le Nord, menées ces derniers mois par les forces de sécurité. Une
situation qui a poussé le GSPC à trouver rapidement des fonds pour
financer d’autres convoyages d’armement », a noté notre interlocuteur. La
deuxième explication, a-t-il noté, est liée aux dispositions de la charte
pour la paix. Selon lui, il existe actuellement quelques éléments du GSPC
qui, probablement, voudraient se rendre et bénéficier de la grâce prévue
par ce texte de loi. « Mais avant de se livrer aux forces de sécurité, ils
tentent d’assurer leurs arrières en amassant le maximum de fonds par le
racket et les rançons. Ceux-là ne sont pas nombreux et ils agissent en
solo, sans même que leurs chefs n’en soient informés. » Face à ces faits,
les citoyens se retrouvent souvent devant un vrai dilemme. De peur des
représailles des terroristes, ils préfèrent payer d’abord la rançon, quel
qu’en soit le montant, faire libérer sain et sauf l’otage, et par la suite
déposer plainte auprès des services de sécurité, dont l’intervention
devient inutile. Ces pratiques ont fini par faire des émules parmi les
groupes de délinquants, notent nos interlocuteurs. « Moins nombreux que
ceux menés par les terroristes, les enlèvements commis dans le cadre du
banditisme finissent souvent par être déjoués. Les auteurs font beaucoup
d’erreurs et, pour cela, ils sont dans la majorité des cas arrêtés avant
même qu’ils ne commencent à dépenser leur argent. Les montants exigés sont
bas par rapport à ceux réclamés par les terroristes. Les délinquants se
contentent d’une somme ne dépassant jamais les 500 000 DA. Parfois, comme
cela a été le cas à Alger, l’otage est complice avec les auteurs de
l’enlèvement et le but est bien sûr pécunier. Ce genre de rapts est
enregistré surtout dans les grands centres urbains. En Kabylie, de
nombreux cas de ce genre de kidnappings ont été signalés. Dans cette
région, la conjoncture politique marquée par une carence en matière de
couverture sécuritaire est propice à l’expansion de telles activités
criminelles. La différence entre les groupes armés et les groupes de
délinquants est vraiment infime », précise-t-on encore.
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