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Tiddukla Tadelsant Tamazight di Ottawa - Hull
Association Culturelle Amazighe � Ottawa-Hull
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Modes d'expressions berb�res:   la litt�rature des Imazighens

http://www.lematin.ma/journal/article.asp?id=natio&ida=42683

            Il est �tonnant que les Berb�res qui poss�dent depuis tr�s longtemps un alphabet n'aient pas beaucoup �crit dans leur langue. L'antiquit� ne nous a l�gu� que des inscriptions, dont une partie seulement a �t� d�chiffr�e, et le Moyen �ge des lexiques arabo-berb�res et quelques textes po�tiques, profanes et religieux. Mais point de chronique ou de grand texte litt�raire qui aurait permis de fixer la langue.Les h�r�tiques Berghwata ont bien r�dig� un Coran berb�re - inspir� du Coran arabe - mais ce texte n'a eu qu'une audience r�gionale, et il a fini par dispara�tre avec les Berghwata. De tout temps, n�gligeant leur langue, les Berb�res ont pr�f�r� �crire dans la langue des peuples qui les ont domin�s. Ce choix a non seulement favoris� l'assimilation culturelle, mais il a surtout emp�ch� l'�mergence d'une langue nationale berb�re, instrument d'unification linguistique et politique.

La litt�rature en langues ph�nicienne et latine
          Les Berb�res, surtout ceux qui vivaient � Carthage et dans ses environs, ont d� �crire en punique, mais on ne conserve aucun texte r�dig� en cette langue. La litt�rature punique a, en effet, disparu dans la destruction de Carthage. En revanche, la litt�rature latine des Berb�res a �t� conserv�e.
           La langue latine, comme les langues de tous les conqu�rants qui se sont succ�d�s en Afrique du Nord, a �t� impos�e par la force. �L'�tat romain qui sait commander, �crit Saint-Augustin, impose aux peuples dompt�s non seulement son joug, mais encore sa langue �. Mais, la langue, pour un grand nombre d'�crivains, n'�tait qu'un instrument de communication qui leur permettait d'exprimer leurs pens�es et leurs sentiments.
Dans la pl�iade des auteurs berb�res de langue latine, citons les plus connus.
Apul�e (vers 125 apr�s J.C., 170)
           Originaire de Madaura (M'daourouch), dans le Constantinois, il avait fait ses �tudes � Ath�nes puis � Rome. Il s'installa ensuite � Carthage o� il r�digea son oeuvre et acquis une grande renomm�e. Il r�digea de nombreux trait�s scientifiques (botaniques, m�decine, gastronomie,...), aujourd'hui perdus. Son chef-d'oeuvre : les m�tamorphoses, ou l'�ne d'or, est un roman en onze livres qui raconte les aventures d'un jeune homme Lucino en voyage en Gr�ce.
          Il rencontra une sorci�re et voulant se m�tamorphoser en oiseau, se trompa de produit et devint un �ne. D�sormais il allait mener la vie mis�rable des b�tes de somme, tout en gardant le sens du discernement. Lucino allait pouvoir, de cette fa�on, juger les hommes de l'ext�rieur. � la fin, touch� par son malheur, la d�esse Isis lui rendit sa forme humaine. Il renon�a alors aux vanit�s du monde, se consacrant enti�rement au culte d'Isis et de son �poux Osiris.

Saint-Cyprien
          Il fut d'abord un brillant rh�toricien pa�en, puis converti au christianisme, il devint �v�que en 248. Il eut pour ma�tre Tertullien, mais il ne fut pas, comme lui, un th�oricien violent. Il fut, au contraire, un �crivain calme et mesur�, appelant � la paix, � la concorde et � l'unit� de l'�glise. En 258, il tomba victime de la pers�cution de l'empereur Val�rien. Son oeuvre consiste en trait�s de morale et en �p�tres : �sur les oeuvres et les aum�nes�, �de l'unit� de l'�glise catholique� �lettres�, etc.

Saint-Augustin

         C'est le plus c�l�bre des �crivains africains de langue latine. Son p�re �tait pa�en, mais sa m�re, Monique �tait une Berb�re christianis�e. Il naquit � Thagaste (Souk-Ahrase) en 354. Il fit ses �tudes dans sa ville natale puis � Madaura (M'daourouch) et Carthage. Il fit une br�ve carri�re de grammairien en Italie et c'est l�, sous l'influence de l'�v�que de Milan, Ambroise, qu'il se convertit au christianisme. Il revint en Afrique o� il fut �lu, en 391, �v�que d'Hippone (Annaba). Il allait consacrer toute sa vie � faire l'apologie du christianisme qu'il d�fendit avec passion contre les h�r�sies, notamment le donatisme. Le livre le plus c�l�bre de Saint Augustin est � les Confessions � o� il raconte sa vie. Dans un autre ouvrage, � la cit� du Dieu �, il attaque les adversaires de l'�glise et fait l'�loge de l'orthodoxie chr�tienne. Il critiqua s�v�rement les d�fauts de l'�tat, mais il recommanda aux chr�tiens de lui ob�ir pour �viter les dissensions et les h�r�sies. Il �crivit un livre sur l'interpr�tation des �critures � La doctrine chr�tienne � et d�montra, dans un autre, l'harmonie des quatre �vangiles �Du consensus des �vang�listes �. Il r�digea des milliers de sermons et lettres, mais pr�s de trois cents seulement ont �t� conserv�s. Ces textes, comme toute son oeuvre, r�v�lent un puissant �crivains, un rh�toricien et un pol�miste de talent.

La litt�rature de langue arabe

          L'arabe, import� par les conqu�rants musulmans, s'imposa lentement dans les villes romaines. Mais il coexista, pendant quelques d�cennies, avec le latin, et sans doute le punique, encore parl� dans les anciennes r�gions de colonisation carthaginoise. L'Arabe fut d'abord une langue liturgique, mais finit par s'imposer dans l'administration et devint la langue de la culture et des arts. Les royaumes berb�res, � l'exemple des orientaux, s'�vertu�rent � entretenir toute une caste d'intellectuels et de lettr�s, �crivains, po�tes, juristes, th�ologiens, historiens, le plus souvent d'origine berb�re, mais de culture et d'expression arabes. Des villes berb�rophones du Moyen �ge, comme Tiaret (Tihirt en berb�re), Bejla (Bgayt), Achir, ben Izgen, au Mzab, furent des phares de la culture d'expression arabe. Des �crivains et des juristes, de ces villes, se r�pandirent dans tout le Maghreb et acquirent une certaine notori�t� en Orient. Si certains auteurs portaient des noms arabes, la plupart avaient gard� leur patronyme berb�re.
             Comme les �crivains d'expression latine, les autres de langue arabe s'int�ress�rent tr�s peu au monde berb�re. Les seuls textes qui abordent la r�alit� linguistique et sociale berb�res semblent �tre les glossaires juridiques � l'usage des fonctionnaires des r�gions berb�rophones du Maroc. Un exemple caract�ristique est fourni par le Majmu'al La'iq'al� muckil al Watiiq ou � le recueil portant sur les difficult�s des formulaires�, datant du 18e si�cle. L'auteur, anonyme, fournit pour les notaires arabes des libell�s pour les actes ainsi que les �quivalents arabes des notions chleuhes, dont le sens pouvait leur �chapper. Quelques �crivains berb�res d'expression arabe :

* Al Wargal�ni (de Ouargla ou plus exactement de l'oued Righ), le plus ancien des auteurs ibadhites du Maghreb, auteur d'un ouvrage biographique des Imams ibadhites, intitul� � siyr al a'ima' � ;

* Ali ibn Muhammed al Maz�di (de Mazouda, en berb�re Inzuda, une r�gion � l'Ouest de Marrakech), juriste et mystique qui �changea au 13e si�cle des lettres avec son ma�tre ben Abd Rahman al Maghawi, al Fasi (de f�s) ;
* Abu al Q�sem (Belqacem al M'cedali (de M'chedalla, en grande Kabylie, mais n� � Bejaia, en 1417), ex�g�te, sp�cialiste du hadith et juriste ;
* Ibrahim ben Mubammad ben Sulyman A�adqawi; ez-Zawawi al Bija'�, juriste et ex�g�te (15e si�cle) ;
* Al Husayn ben Muhammed Said al Wartil�ni, de At wartilan, en petite Kabylie, voyageur, juriste, mystique (1713-1779), auteur de mystique (1713-17798), auteur de la c�l�bre �ar-Rihla al wartibaniya�, r�cit d'un long voyage effectu� en Arabie vers 1765.

        La langue arabe a �t� et demeure le mode d'expression du ibadhisme, h�r�sie berb�re, encore vivante au M'zab, � Djerba (Tunisie) et au Djebel Nefusa (Libye), r�gions totalement ou partiellement berb�rophones. Parmi les auteurs ibadhites modernes, citons Muhammad ben Issa Azbar (19e-20e si�cle), r�formateur mozabite, auteur d'un volumineux ouvrage de droit � Bayan achchar �, en 70 tomes, Muhammed ben Youssef ben Salah Atafiy�ch, originaire de Ben Yezguen (18e-1914), auteur d'une ex�g�se du Coran en six volumes, d'un Taysir �galement dans les sciences coraniques, de nombreux ouvrages sur les Hadith, le droit musulman, l'histoire des tribus mozabites ; Omar ben Hamu ben Bahmed Bakli (1837-1925), juriste originaire d'El Attaf, etc.
            Aujourd'hui, de nombreux auteurs alg�riens et marocains d'origine berb�re et souvent berb�rophones �crivent en arabe. La plupart sont des partisans de l'arabisme et de l'arabisation, mais certains, gr�ce � une prise de conscience de plus en plus forte de leur identit� culturelle, prennent parti en faveur de la langue et de la culture berb�res.

La litt�rature d'expression berb�re
          Les textes berb�res importants, comme le Coran des Berghawata ou le livre d'Ibn Tumert ont disparu. Les seules traces que nous en ayons sont les phrases cit�es par les �crivains et les voyageurs arabes du Moyen �ge. On dispose de quelques textes religieux berb�res, transcrits en caract�res arabes, avec signes diacritiques suppl�mentaires pour les phon�mes berb�res. Mais ces textes sont souvent des adaptations d'�uvres arabes connues, comme �le Mukhtar� de khlil, un ouvrage abr�g� de vulgarisation de droit mal�kite. Le c�l�bre po�me d'al Busri, � al burda � (litt�ralement � le manteau du Proph�te �) existe depuis longtemps en berb�re. On le r�cite � de nombreuses occasions, notamment les veill�es fun�bres. Des nombreux textes ibadhites r�dig�s en berb�re, il reste peu de choses, quelques textes �pars et un trait� d'Ibn Ghnim, intitul� �al Mudawwana�, texte en vers, comportant un nombre �lev� d'emprunts arabes.
                  La litt�rature orale, abondante en tout temps, comprend principalement des contes, des po�mes et des proverbes. Au Maroc, la tradition des po�tes ambulants -imdyazen- est toujours vivace : ceux-ci parcourent les pays berb�rophones, r�citant des compositions dans une sorte de langue moyenne, accessible aux locuteurs de dialectes diff�rents. Depuis la fin du 19e si�cle, un grand nombre de textes sont transcrits en graphie latine et traduits en langues europ�ennes. En voici quelques titres :

* po�me de Sabi qui raconte la descente d'un jeune homme au royaume des morts ;
* l�gende en vers de Joseph ;
* description du Djebel Nefusa de Shammakhi, �dit� et traduit en 1885 ;
* textes touaregs en prose, publi�s pour la premi�re fois en 1922, r��dit�s en 1985, avec une introduction et des documents photographiques.

               Signalons que de nombreuses �tudes sur le monde berb�re reproduisent des textes berb�re, litt�raires ou ethnologiques. Les �mots et les choses berb�res� d'�mile Laoust, par exemple, contiennent plusieurs textes en berb�re, avec et sans traduction, dict�s par des informateurs marocains.
           Le fichier de documents berb�res de Fort-National (en Kabylie Larbaa nat Iraten) a produit, de 1947 � 1976, plusieurs dizaines de fascicules en berb�re : contes, proverbes, l�gendes, chroniques, etc. La plupart des textes cit�s ont �t� recueillis et traduits par des auteurs europ�ens, principalement fran�ais.
            Mais depuis quelques ann�es, des berb�rophones de plus en plus nombreux transcrivent des textes de leur litt�rature. Il faut signaler particuli�rement l'oeuvre de Mouloud Mammeri (1913-1989) qui publia quatre textes majeurs en berb�re : Les Isfra, po�mes de Si Muhand ; Tajerumt, grammaire berb�re ; Po�mes Kabyles anciens ; Ina-yas Ccix Muhand , Cheikh Mohand (Ou Lhocin) a dit, oeuvre posthume dont un premier tirage a �t� r�alis� � la fin du deuxi�me trimestre 1989.
                Il faut signaler �galement les r�centes tentatives d'�criture berb�re, notamment kabyle, avec la publication de po�mes, de bandes dessin�es et de romans de fiction.

M.A. Haddado

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