Depuis l�antiquit�, la femme a v�cu et
vit, � pr�sent dans plusieurs contr�es, le fardeau du machisme
intransigeant et exclusif.
En effet, r�duite au silence, cette
moiti�, qui a prouv� amplement ses capacit�s et dans diff�rents domaines,
reste, � ce jour, assujettie � des dogmes, d�ailleurs, souvent r�volus.
La femme alg�rienne, elle, aussi, poss�de ses t�tes � t�tues � qui ont
brav� les m�urs drastiques d�autrefois, parmi ces femmes, figure H'nifa.
Figure embl�matique de la chanson f�minine kabyle, la doyenne, H'nifa, a
su et avec une rare sensibilit� nous rapporter les conditions drastiques
v�cues par la femme kabyle. En effet, � la rudesse de la vie rurale
d�pourvue de moyens �l�mentaires, s�ajoutait l�exode fr�n�tique de la gent
masculine vers les horizons lointains � la recherche d�une situation
meilleure. Cette situation relat�e par les chanteurs de l�immigration qui
ont pr�t� leur voix � la femme pour exprimer leurs multiples �preuves
ravageuses o� elles �taient enlis�es, est lisible dans les textes chant�s
par H'nifa.
Ainsi, le vide qu�aurait laiss� l�exil� avait provoqu� le sentiment de
frustration et d�inqui�tude, H'nifa dans une chanson intitul�e �Aya
frokhiw� � mon oiseau, met � nu les appels incessants du c�ur bris� de
l��ge. En effet, l�amour que la femme portait pour l�exil� et qu�elle
gardait dans un mutisme mourant aurait accentu� les chagrins et les
douleurs que cette moiti� � femme � ne pouvait �venter. Cette situation
dramatique aurait pouss� la voix f�minine � se r�volter non seulement
contre son statut r�duit � n�ant, mais aussi, pleurer l�absence et exalter
le d�racin� pour un retour tant attendu. Le m�rite de H�nifa est grand.
Son av�nement � la chanson n�a pas �t� pas une chose ais�e. Braver les
interdits et les m�urs de Tadert � tribu � n�est qu�une allumette jet�e
aux lubrifiants. Le risque d��tre reni�e ou assassin�e, non seulement par
la famille, mais par le village entier ne l�a pas emp�ch�e d�aiguiser sa
voix et de donner libre cours � sa pens�e lucide qui refusait le joug de
la soumission.
En r�ponse aux mauvaises langues et pour ceux qui ne voulaient pas prendre
conscience des peines accrues dans lesquelles la femme kabyle �tait
violemment jet�e, H�nifa n�a pas trouv� mieux que de compter sur sa voix
pour se justifier et d�fendre ainsi ses semblables et les exalter � rompre
le silence que les m�urs d�autrefois auraient impos�.
Machi d laghna it-ghanigh
Dayen idane felli
Je ne chante pas
Je d�nonce ce que j�ai endur� N�est-ce pas l� un cri extirp� du tr�fonds
d�une �me en d�tresse ?
D�un �tre qui menait une vie impr�cise bourr�e de contraintes et
d�injustices ?
La c�l�bre chanson de H�nifa �A zehriw anda tanzidh� � ma chance, o� es-tu
(?) d�crit sans aucune ambigu�t� la dure vie que menait la femme kabyle.
Son courage d�affronter et de prendre en charge sa situation affreuse
aurait permis non seulement � la femme kabyle, plut�t � la femme
alg�rienne, de s��manciper, mais de retrouver sa place comme un �tre
complet � c�t� de son fr�re.
Comme des chefs-d��uvre, ses chansons, en vogue d�ailleurs � ce jour,
resteront immortelles dans le riche patrimoine kabyle.