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Tiddukla Tadelsant Tamazight di Ottawa - Hull
Association Culturelle Amazighe � Ottawa-Hull
 Amazigh Cultural Association in Ottawa - Hull
  tidukla tadelsant tamazigt Di utawua hul

Femme amazighe, agress�e dans sa f�minit� et son amazighit�
http://www.elwatan.com/2005-03-09/2005-03-09-14949

                  La journ�e du 8 Mars est devenue officiellement Journ�e internationale de la femme en ao�t 1910 � Copenhague. Plusieurs d�cennies apr�s, la vision, le discours et les activit�s f�ministes ont �volu� avec les femmes de toutes les soci�t�s ; mais l�objectif est demeur� le m�me : l�obtention par les femmes de leurs droits l�gitimes.
                  Pour la femme amazighe, cette journ�e est bien s�r une occasion pour faire entendre sa voix au c�t� de ses s�urs de toutes les races et de toutes les cultures... Mais c�est aussi un moment douloureux qui nous permet de faire le point et de nous apercevoir que la condition de la femme au Maroc n�a pas subi beaucoup de changement. Elle continue � �tre victime d�injustices et de violences de la part d�une soci�t� qui est particuli�rement sexiste, o� les hommes sont consid�r�s comme sup�rieurs aux femmes. La moudawana (loi musulmane marocaine), m�me soi-disant r�form�e, est l� pour consacrer l�in�galit� de l�homme et de la femme bien que paradoxalement, le Maroc ait ratifi� en 1993 la convention contre toutes les formes de discrimination � l��gard des femmes. Mais cette discrimination juridique n�est que l�aspect visible de cet apartheid masculin. Si on fait l��tat des lieux aujourd�hui, on s�aper�oit que la femme marocaine n�est ni respect�e ni consid�r�e comme un �tre humain � part enti�re. Elle se fait agresser tous les jours : verbalement, physiquement, symboliquement, psychiquement, juridiquement... La femme amazighe qui a dans nos anciennes coutumes �tait respect�e comme femme et �pouse, se retrouve aujourd�hui rel�gu�e au stade de � mineure � vie �... Elle est devenue l�inf�rieure de l�homme, une sorte de demi-�tre humain.  

           Aujourd�hui comme hier, ici comme ailleurs (pays musulmans en particulier), ceux qui ne parviennent pas � admettre la l�gitimit� des femmes � participer aux d�cisions � �galit� avec les hommes utilisent la violence comme arme destin�e � rendre toutes les femmes invisibles et muettes. Bien que les femmes aient investi la sph�re publique jusque-l� r�serv�e aux hommes (entreprises, parlement, m�dias, milieux associatifs...), leur pr�sence n�est cependant pas encore per�ue comme l�gitime. Quolibets, insultes � connotation sexuelle, jugements moraux... agressent les femmes quotidiennement. Toute femme qui s�expose, qui s�affirme court le risque d��tre trait�e de � pute �, si elle r�ussit. Toute femme visible est jug�e sur son apparence et �tiquet�e. Contrairement � ce qu�on peut croire, l�urbanit� n�a pas toujours contribu� � une am�lioration de la situation de la femme ; quelquefois, on assiste � une v�ritable r�gression due � plusieurs facteurs : perte des valeurs, �clatement des familles, int�grisme religieux... Dans la tradition ancestrale amazighe, les femmes ont toujours inspir� le plus grand respect de la part de leurs collectivit�s. Elles participaient aux d�cisions touchant la famille, les droits du patrimoine et l��ducation. C�est � elles qu�est toujours revenu le droit de pr�server les traditions culturelles de leurs peuples. Le travail des hommes et des femmes �tait nettement distinct, mais toujours reconnu d��gale valeur et dans certaines r�gions du Maroc, elles participaient activement aux d�cisions importantes prises par la communaut�. Dans l�histoire ancienne, les femmes amazighes ont occup� une place importante et ont �t� quelquefois � la t�te de royaumes (Dia dite la Kahler, Tito de l�Atlas...) et sont encore la fiert� de notre peuple. Mais aujourd�hui, ce qui fait la particularit� de la femme amazighe, c�est qu�elle est doublement agress�e : agress�e dans sa f�minit� et agress�e dans son amazighit�. Non seulement elle est femme, l�inf�rieure de l�homme, mais amazighe, de culture dite � inf�rieure �. La culture amazighe �tant consid�r�e de fait par les panarabismes au pouvoir comme une culture � primitive �, la difficult� pour la femme amazighe est double. Non seulement il lui faudra lutter pour arracher ses droits l�gitimes et matrimoniaux, mais il lui faudra aussi en tant que principale gardienne et tr�sori�re de la culture amazighe lutter contre la culture dominante arabo-musulmane que le pouvoir en place encourage (arabisation � outrance, organisation d�une manifestation islamiste antif�ministe en avril 2000). Par ailleurs, les femmes ne connaissent pas le peu de droits qu�elles ont et se retrouvent souvent impuissantes face � toutes sortes d�agressions masculines. Avec leurs enfants, elles sont les premi�res victimes des maladies infectieuses, leur sant�, plus particuli�rement dans les zones rurales, est terriblement menac�e. L�analphab�tisme et l�ignorance sont le lot de la grande majorit� d�entre elles, ce qui d�favorise leur int�gration dans la soci�t�. Lorsque, enfin, on les scolarise, elles se retrouvent face � deux langues �trang�res (l�arabe et le fran�ais)... Ce qui entra�ne la d�valorisation de leur langue et culture et cause souvent la perte des valeurs autochtones face � des valeurs import�es du Moyen-Orient ou de l�Occident. Face � cette situation de double dominance (masculine et culturelle) ; comment faire pour conqu�rir sa libert� sans pour cela rompre avec sa culture d�origine ? Il s�agit d�engager un combat � la fois contre une domination masculine qui rel�gue les femmes � un rang inf�rieur mais aussi de mener un combat contre la domination culturelle arabo-islamique soutenue par le pouvoir en place. Pour nous, associations amazighes, la question f�minine est au centre de nos pr�occupations. La femme est le pilier de la famille et de la soci�t�. Il faut agir pour sa meilleure int�gration dans le syst�me moderne de d�veloppement �conomique, culturel et social, tout en sauvegardant nos cultures et nos coutumes amazighes. Mais pour y arriver, il nous faut tout d�abord sensibiliser et informer la femme sur ses droits et ses devoirs. C�est une t�che difficile ! Difficile parce qu�il faut beaucoup d��nergie et de t�nacit� pour que la femme amazighe soit reconnue comme citoyenne � part enti�re, une citoyenne qui peut participer et influer sur les d�cisions qui concernent le groupe. R�former la moudawana ne changera rien � la situation d�gradante que vivent les femmes au Maroc. Il faut s�parer l�Etat de la religion. Aujourd�hui, c�est � nous, femmes et hommes du XXIe si�cle, agissant pour la libert�, l��galit�, la justice et la tol�rance de faire entendre nos voix et de construire un Etat moderne et la�que. Il faut un ample travail de r�flexion, d��ducation et de pr�vention pour construire une soci�t� o� nous pourrons enfin retrouver notre dignit�. N�anmoins, l�homme doit prendre conscience d�une chose importante : tant que la femme est marginalis�e, la soci�t� dans son ensemble est en danger. Nombreux sont ceux qui tiennent des discours avant-gardistes, mais qui dans leur comportement quotidien reproduisent des attitudes de discrimination � l��gard du sexe f�minin. L�homme doit apprendre � respecter la femme et � la consid�rer comme son �gale. De ce fait, il doit avant tout se d�barrasser des pr�jug�s et des comportements phallocrates, indignes de notre peuple. Le respect mutuel est une condition primordiale, si nous aspirons � la construction d�une soci�t� de droit, constitu�e de femmes et d�hommes libres et dot�e de valeurs d�mocratiques issues de notre grande civilisation amazighe mill�naire...

Meryam Demnati

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