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Lalla Fadhma, une l�gende nationale
Par Djamel Alilat

Reportage (Libert�   �dition du 26/5/2004)

Des hommes mais aussi des femmes qui ont marqu� l�histoire de la Kabylie et de l�Alg�rie. Figures de la r�sistance contre les invasions ennemies, ils sont devenus, chacun � sa mani�re, des l�gendes vivantes dans la m�moire collective du pays.
Que reste-t-il de leur passage ? Notre reporter est parti � leur recherche.
Au bout de huit ans de lutte (5 ans � Icherriden et 3 ans � Tichekirt), nous dira Si Sa�d, l�arm�e fran�aise vint � bout de Fadhma et de ses patriotes. Mais, pour cela, il a fallu une arm�e de 35 000 hommes, command�e par 12 g�n�raux.
Partis sur les traces de celle qu�on surnommait la Jeanne d�Arc du Djurdjura, nous voil� � Werja, le village d�origine de Lalla Fadhma n�Soumeur. Situ� dans la commune d�Abi Youcef face au col de Tirourda, un charmant petit hameau d�une quarantaine de foyers o� un calme plat r�gne, car la plupart des habitants ont �migr� vers des cieux plus prosp�res. La fontaine du village a �t� hideusement b�tonn�e et les maisons anciennes, toutes �ventr�es, tombent en ruine les unes pr�s des autres. Plusieurs habitations modernes et coquettes donnent � voir leurs jolis toits de tuiles au milieu de vergers luxuriants qui descendent en cascade jusqu�au fond du ravin. Un habitant, rencontr� sur place, s�offre de nous faire visiter la kouba de Sidi Ahmed Ameziane, anc�tre de Fadhma et fondateur du village. Avant, il y avait ici une �cole coranique, une tim�amart comme on dit. Notre guide propose de nous emmener sur le site o� eut lieu la bataille de Tichekirt. L�endroit n�est plus qu�un petit talus coinc� entre deux routes. La RN15 et celle qui m�ne vers Iferhoun�ne. C�est ici, nagu�re une vaste for�t, que Fadhma n�Soumeur, entour�e de ses moudjahidate, moudjahidine et moussebiline, vainquit le mar�chal Randon et sa puissante arm�e qui dut battre piteusement en retraite le 20 juillet 1854 laissant sur la carreau 25 officiers et plus de 800 soldats.
Que reste-il de Tachekirt aujourd�hui ? Presque rien. Un petit bout de terre mang�e par le maquis et les herbes folles. Des tombes appartenant probablement aux martyrs de cette bataille au vu de leur anciennet� sont encore visibles.
Sur le bord de la route, des trous b�ants donnent � voir des ossements humains. Des �mes charitables ont rebouch� quelques-unes avec de grosses pierres. Dormez en paix braves martyrs, l�Alg�rie pour laquelle vous vous �tes sacrifi�s veille sur vous !
� Tizi El-Djama�, lieu-dit situ� � �quidistance entre Werja et Soumeur, un monument d�di� � la m�moire de l�h�ro�ne nationale a �t� �rig�. Des blocs de b�ton cern�s par des grilles en fer forg�. Au milieu, un mur avec au centre un vide suppos� repr�senter la silhouette de Fadhma. Notre guide commente : �Ils ont cru recr�er la silhouette de Lla fadhma et ils ont r�ussi � faire le sigle de Peugeot.� Constat s�v�re mais juste. Ce monument est une v�ritable horreur architecturale indigne de la stature de Fadhma n�Soumeur. De plus, il est depuis en �tat d�abandon.
Au combat comme au repos, Fadhma avait un sacr� temp�rament, � tel point que les moussebiline qu�elle dirigeait avaient souvent ce mot rest� dans l�histoire : �Ghar zath tirssassine, ghar dheffir d�fadhma !� Ils �taient pris entre deux feux, les balles � l�avant et Fadhma derri�re. � la bataille d�Icherriden, les hommes �taient les uns aux c�t�s des autres. Avec Fadhma, pas de retraite possible, il fallait vaincre ou mourir.
� Soumeur, nous commen�ons notre visite par la maison de Sid Ahmed Sa�d, descendant de l�h�ro�ne. Si Sa�d est assez �g� et l�g�rement souffrant mais quand il s�agit de parler de Fadhma, il est intarissable. Il raconte : �Elle est n�e ici � soumeur. Son p�re, originaire de Werja, �tait cheikh el djama�. Elle a �tudi� le Coran avec son p�re, puis toute seule la g�ographie et la loi de Sidi khellil. Cette derni�re porte sur la logistique militaire, l�organisation, les routes� Elle a organis� ses combattants en deux groupes. Le premier est compos� de moussebiline et les agents de liaison. Le deuxi�me est constitu� de volontaires � la mort, les djounouds. Elle a demand� aux d�Ath Irathen de creuser des tranch�es, tissrafine et aux Illilten de continuer � travailler leur terre pour assurer les besoins en nourriture des moudjahidine. Sur le mont Aqchour, elle a s�par� le village de Atsou en deux. Elle a envoy� une moiti� � Ath abdellah et l�autre moiti� � Takhlijt car le mont Aqchour �tait pour son combat un point strat�gique, 45 des moudjahidine y sont encore enterr�s l�-bas. Les Ath Irathen enterraient leurs morts � Icherriden. On enterrait aussi � Tichekirt. C��tait une for�t en ce temps-l�. Elle a �galement cr�� un refuge � Takhlijt Ath Atsou. C�est d�ailleurs l�-bas qu�elle a �t� arr�t�e par les Fran�ais.�
Pendant pr�s d�une heure et demie, Si Sa�d nous racontait tout ce qu�il sait de Fadhma et de son combat : comment on fabriquait les armes � Takhlijt Ihaddaden, les crosses de fusils � Derna, la poudre et encore des armes � Illoulen, � Ihitoussen El-Khemis, � Tizzit et ailleurs. Il nous montre volontiers son album photo et �gr�ne le chapelet des souvenirs de toutes les personnalit�s qui sont venues se recueillir � la m�moire de Fadhma. Ne voulons point le fatiguer davantage, nous prenons cong� de lui et de sa femme. Un d�licieux couple de vieux qui nous raccompagnent avec force �d�oui el kheir�. 
Il nous reste encore � voir la maison o� Fadhma recevait ses visiteurs et qui renferme encore takhelouith, sa cellule d�asc�te.  Soumeur est un charmant petit village aux ruelles �troites mais tr�s propres. Construit sur une pente tr�s raide, il d�roule ses vergers et ses habitations o� se m�lent des villas cossues et de vieilles maisons de pierres adoss�es les unes aux autres.
Il est si calme qu�on le dirait inhabit�. Nous errons longuement dans les ruelles d�sertes � la recherche d�une �me vivante pour nous orienter. Un jeune homme finit par montrer le bout de son nez pour nous conduire jusqu�� la maison o� a v�cu Fadhma.
Une fois arriv�s, on remarque que la maison ne comporte aucune indication  qu�elle ait un jour abrit� un illustre h�te. Nous sommes donc pass�s plusieurs fois � c�t� sans la reconna�tre. Il faut sonner et attendre que les propri�taires des lieux vous ouvrent et vous permettent la visite.
C�est en g�n�ral � la belle saison que touristes et visiteurs viennent. La maison a �t� compl�tement r�nov�e et modernis�e, exception de la partie qui renferme takhelouith n�fadhma qui a �t� d�truite et reb�tie � l�identique, avec la m�me terre, le m�me bois et les m�mes pierres.
� la mort de Boubeghla le 16 d�cembre 1854, le commandement de la r�sistance en Kabylie �chut tout naturellement � Fadhma. En fait, Boubeghla �tait venu la voir � plusieurs reprises et l�avait m�me demand�e au mariage. Au bout de huit ans de lutte (5 ans � Icherriden et 3 ans � Tichekirt), nous dira Si Sa�d, l�arm�e fran�aise vint � bout de Fadhma et de ses patriotes. Mais, pour cela, il a fallu une arm�e de 35 000 hommes, command�e par 12 g�n�raux.
Apr�s une derni�re bataille � Takhlijt Nath Atsou, Fadhma fut faite prisonni�re, le 11 juillet 1857, au camp d�internement de Beni Slimane avec son fr�re Si Tayev et 200 autres captifs hommes et femmes. Elle d�c�de quelque temps apr�s son fr�re en 1863 � l��ge de 33 ans. En juillet 1995, ses ossements furent r�inhum�s au cimeti�re d�El-Alia.
Ainsi v�cut et mourut Lalla Fadhma n�Soumeur la rebelle, l�guant � ses compatriotes un esprit d�ind�pendance jamais �teint.   

          

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