Azeffoun
Une source d�art et
d�histoire
Par Djamel Alilat
http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=32550
Azeffoun est
l�endroit par excellence o� l�histoire et la l�gende se m�lent pour former
un �cheveau difficile � d�m�ler.
Il
y a sans doute tr�s peu de villages en Alg�rie qui peuvent se targuer
d�avoir une histoire aussi profonde que celle du Vieil-Azeffoun. Une
histoire qui se lit comme un livre ouvert � chaque coin de rue ou de
jardin, partout o� les yeux se posent. Ici, ce sont des ruines romaines
qui interpellent le touriste qui s�aventure jusqu�au sommet de la montagne
qui abrite l�antique Rusazu, et l�, ce sont des vestiges ph�niciens gisant
� m�me le sol qui attirent son attention. D�s notre arriv�e au village
dans ce qui semble �tre la place centrale, on tombe nez � nez avec
d�imposantes niches vo�t�es que l�on d�signe sous le nom de Leghwirane. Au
nombre de trois, elles sont assez grandes pour permettre � un engin
agricole de se garer dans l�une d�elles. C�est sans doute le seul tracteur
au monde � se payer le luxe de s�abriter dans un garage vieux de pr�s de
vingt si�cles. Ces cavit�s sont le socle qui porte la mosqu�e du village
dite El Djam�a lekvir et dont le minaret est une pure petite merveille
architecturale. Toute en pierres, c��tait, � l�origine, une tour de garde
dont les Romains se servaient pour surveiller la mer d�un c�t� et les
montagnes de l�autre. Retap�e sous le r�gne de Septime S�v�re (193-211),
elle sert aujourd�hui pour l�appel � la pri�re.
M�me si le b�ton a fait une grande perc�e comme partout ailleurs, les
vieilles maisons d�Azeffoun ont gard� un ind�niable cachet d�authenticit�.
Avec leur petit toit de tuiles noircies par le temps, leurs vieilles
pierres mang�es par la mousse et le lichen et les branches de vieux
figuiers qui sortent de derri�re les murs d�enceinte, elles ont un
je-ne-sais-quoi de myst�rieux et de noble � la fois.
Selon M. Arrigh Amar, pr�sident de l�association Tiggimi Ouzzefoun et qui
s�occupe de la pr�servation du patrimoine historique, le nom Azeffoun
viendrait du berb�re uzzaf qui d�signe une colline de forme conique isol�e.
Cette colline, de par sa position strat�gique, a d�abord �t� occup�e par
les Ph�niciens qui y ont �tabli un comptoir. Les Romains, grands
b�tisseurs devant l�Eternel, y ont �difi�e une grande cit�e avec des
thermes, des ch�teaux d�eau, un fortin dont il reste de grands pans de
murs, un arc de triomphe que l�on peut encore voir au lieudit Thihouna et
bien d�autres choses encore. Ils l�ont appel�e Rusazu, ce qui veut dire
grand cap.
Il n�y a pas eu de fouilles arch�ologiques tr�s pouss�es sur ce site si
bien qu�aujourd�hui, il suffit � un paysan de b�cher un coin de son verger
pour faire appara�tre quelque antiquit�. Quel dommage qu�un tel endroit ne
fasse pas l�objet d�attention plus soutenue de la part des pouvoirs
publics ! Le charme naturel du village alli� � son histoire mill�naire
peut, au-del� de la pr�servation de la m�moire collective, constituer des
atouts de poids pour drainer des cohortes de touristes de toutes
nationalit�s qui feraient vivre la r�gion et revivre le pass�.
Du Vieil-Azeffoun, il suffit de d�gringoler une petite descente pour se
retrouver � Ath Wendellous, pittoresque petit hameau d�une vingtaine de
maisons avec une minuscule mosqu�e en forme de maison de campagne, une
fontaine publique construite en 1937 et une source ancestrale abrit�e sous
un toit en tuiles rouges. Qui mieux que le doyen d�Azeffoun pour nous
parler du pass� ? Le v�n�rable a�eul, Jeddi Ouchikh comme tout le monde
l�appelle ici, a d�pass� les 104 ans et il jouit toujours de toutes ses
facult�s mentales. Il nous apprend que l�anc�tre fondateur, notamment
celui des marabouts de la r�gion, est Sidi Ahmed Youcef. Arriv� ici il y a
plusieurs si�cles, il s�est mari� � une fille de la contr�e et a eu sept
gar�ons qui ont essaim� et fond� sept villages dont Ighil Mhand,
Taguemount, Ta�insarth, Oulkhou ( le village de feu Tahar Djaout), Ath
Wendellous, Thefzouine et Agouni Rihane. Tout ce qu�on sait de lui est
qu�il venu de Miliana mais il s�agit vraisemblablement de l�un de ses
nombreux Almoravides (Imravdhen) qui sont arriv�s en Kabylie en plusieurs
vagues lorsque le royaume qu�ils ont fond� est tomb� sous les coups de
boutoir des Almohades ou plus r�cemment encore � la chute de l�Andalousie
en 1492.
Azeffoun est l�endroit par excellence o� l�histoire et la l�gende se
m�lent pour former un �cheveau difficile � d�m�ler. Si personne ne peut
dire avec certitude si les Ath Wendellous sont les descendants des
Andalous chass�s d�Espagne par la reconquista, la question se pose
�galement pour un autre charmant petit village sis � Petit Paradis et que
l�on appelle Ijjarmilen. La l�gende dit qu�il y a bien longtemps un bateau
germain a fait naufrage au large d�Azzeffoun. Sans possibilit� de repartir,
les occupants du bateau se sont install�s sur la c�te et se sont kabylis�s
petit � petit au cours des si�cles. De leurs lointaines origines, il ne
reste aujourd�hui que ce nom vaguement germanique, les yeux bleus et le
teint blanc de la plupart des habitants du village.
Azeffoun terre d�histoire mais �galement d�art car la r�gion a �t� un
v�ritable vivier d�artistes qui ont nourri la culture alg�rienne. Ils sont
trop nombreux pour �tre �voqu�s dans ces colonnes mais on peut citer �
titre d�exemple El Anka, Iguerbouchen, Issiakhem, les fr�res Hilmi Sa�d et
Mohamed ou encore l�in�narrable Rouiched.