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ARTICLE - Juillet 1998

 

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Pessimisme outre-Rhin

Article d'Isabelle Croix,  Présidente de l'AAE-ESIT.

Jürgen Kern, Président du BDÜ (Association allemande d’interprètes et de traducteurs) est pessimiste sur la situation des interprètes et surtout des traducteurs allemands. Dans un article publié par le quotidien Frankfurter allgemeine Zeitung (FAZ), il explique que les traducteurs sont confrontés à une double concurrence : celle des ingénieurs et autres techniciens, qui, de plus en plus nombreux à parler au moins une langue étrangère, voient dans la traduction un moyen de compléter leur revenu et la concurrence déloyale qu’exercent des traducteurs non qualifiés qui pratiquent des prix excessivement bas. A cet égard, la situation est selon lui d’autant plus préoccupante que les entreprises sont de plus en plus nombreuses à supprimer leurs services internes de traduction, de sorte que les jeunes diplômés n’ont souvent d’autre choix de que s’installer à leur compte.

Jürgen Kern développe son propos dans Translatio, la revue de la FIT (1997, n°3). Les pouvoirs publics et les entreprises n’ont généralement pas conscience de la difficulté de nos professions et des compétences qu’elles exigent. Il voit à cela deux explications : le fait les donneurs d’ouvrage assimilent les cours de " traduction " dont ils ont bénéficié pendant leur scolarité à la traduction professionnelle et la mauvaise qualité des traductions diffusées par les media, qui ternit l’image de nos métiers. Selon Jürgen Kern, qui regrette au passage que le législateur n’intervienne pas pour remédier à cette situation, ces phénomènes font le lit des traducteurs amateurs.

Parallèlement à cela, il estime que les institutions de formation portent également une part de responsabilité. La formation, même celle dispensée par les établissements d’enseignement supérieur, ne tient pas suffisamment compte des exigences du marché. Elle est encore trop souvent confiée à des linguistes non praticiens, éloignés des réalités professionnelles. Par ailleurs, les organismes de formation n’ont pas suffisamment pris conscience de la nécessité d’allier enseignement de la traduction et formation à des disciplines de spécialité, dans un contexte où les documents à traduire sont de plus en plus spécialisés. Il en veut pour preuve que les institutions européennes et les entreprises privées préfèrent de plus souvent avoir recours à des spécialistes possédant de bonnes connaissances linguistiques plutôt qu’à des traducteurs diplômés.

Le Président du BDÜ déplore également les pratiques des pouvoirs publics, dénonçant, entre autres, les modalités selon lesquelles les services de la police et de la justice assermentent les traducteurs et désignent les traducteurs et interprètes près les tribunaux : diversité des critères appliqués, absence de directives pour la traduction des actes officiels et refus de prendre en compte les propositions du BDÜ en la matière et faiblesse de la rémunération, qui décourage les professionnels qualifiés.

Quant aux entreprises privées qui font appel à des indépendants, elles parlent certes de qualité, mais font trop souvent leur choix sur le seul critère du prix.

Jürgen Kern conclut que la situation des traducteurs et des interprètes ne pourra s’améliorer qu’au prix de réformes, qui ne pourront pas se faire sans l’aide de l’Etat (réforme des études, réforme de la politique de désignation des traducteurs et interprètes près les tribunaux, etc.). Il préconise en outre l’instauration d’une coopération à l’échelle internationale.

© Copyright 1998 - Association des Anciens Elèves de l'Ecole Supérieure d'Interprètes et de Traducteurs de l'Université de Paris - Tous droits réservés.

 


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