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ARTICLE - Février 1999
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XVe assises de la
traduction littéraire en Arles : l'audiovisuel
Un article de Magali
Guénette, AAE-ESIT.
...Pour commencer, je naurai que deux mots : " Allez-y ! " suivis aussitôt de pleins dautres. Nous nous sommes régalés même sil est impossible dêtre de tous les débats et ateliers. Tables rondes Les tables rondes étaient animées par des professionnels qui expliquaient la pratique de leurs métiers (sous-titrage, doublage, commentaire en voix-off, voice-over). Ce sont les fictions et les documentaires télévisés qui offrent le plus de travail, surtout depuis lexplosion des chaînes câblées, qui font aussi parfois retraduire les grands classiques du cinéma. Ladaptateur est moins isolé dans son travail que le traducteur dédition ; il a des contacts avec les autres participants et intermédiaires. Pour le cinéma, il traite directement avec la maison de production. Pour la T.V., il passe le plus souvent par lintermédiaire de laboratoires de sous-titrage et de studios de doublage. La négociation tarifaire est alors réduite et il est plus difficile de dialoguer avec les directeurs artistiques ou les techniciens. Ladaptateur travaille à partir dune cassette vidéo et dun script et rend une traduction " minutée " sous un format bien précis pour faciliter la suite des opérations. Le texte est relu, vérifié, éventuellement retouché par le directeur artistique avant dêtre inséré en sous-titrage définitif ou remis en page pour être lu au doublage. Après ces explications ponctuées danecdotes, un juriste du Syndicat national des auteurs et des compositeurs SNAC1) est venu nous rappeler quelques notions juridiques. Il faut savoir que ces métiers ne concernent quenviron 300 à 500 traducteurs, dont la moitié ninterviennent que ponctuellement, et 170 entreprises en France (labos, sociétés de doublage, distributeurs, télédiffuseurs, entreprises de sous-titrage/voice-over) dont une vingtaine qui détiennent le gros du marché. La France est lun des rares pays avec notamment la Suisse et la Belgique où les traducteurs-adaptateurs sont considérés comme des auteurs. Les droits dauteur sont perçus et distribués par des sociétés comme la SCAM2) (documentaire) et la SACEM3) (fiction). Pour faire valoir ses droits, le traducteur ne signe généralement pas de contrat de cession de droits dauteur (cest quasiment la norme) ; il fait remplir au donneur dordre une attestation pour chaque adaptation réalisée. Cest grâce à celles-ci quon pourra lidentifier en tant quauteur de telle ou telle uvre au sein de la SCAM ou de la SACEM, dès lors quil y sera inscrit. Il y a des petits pièges à éviter : oublier de réclamer lattestation, par exemple. Autre exemple, les contrats de co-auteurs (présentés par certaines sociétés qui font souvent appel à des nouveaux diplômés) sont illégaux : le traducteur étant lauteur, il doit toucher la totalité de ses droits. Les diminutions de rémunération sous prétexte de lintervention dun superviseur (ou rewriter) sont aussi anormales. Une rémunération propre à cette tâche doit être prévue. Les primes de commande sont actuellement : pour le doublage, 1 980 F
pour 10 minutes au cinéma et 1 500 F à la T.V. ; pour le
sous-titrage, 21 F par sous-titre au cinéma, 16 F à la T.V. ; pour le
voice-over, 200 F le feuillet standard. Elles correspondent à un minimum garanti non
récupérable et payé Ateliers Le premier atelier auquel jai assisté avait ceci de particulier quà partir dun texte de littérature allemande (Theodor Fontane), nous jugions deux textes français du même traducteur : son premier jet et le texte final. Et, que croyez-vous quil arriva ? Le premier était bien meilleur. Probablement en raison des choix de léditeur et dune adaptation à un lectorat plus moderne, toutes les petites choses qui replacent un texte dans son époque étaient gommées. Lexercice était utile à plusieurs égards. Pour la technique tout dabord : comment choisir ces mots, parfois même ces termes assez techniques, dun autre siècle ? Comment rendre la rigueur des personnages ou évoquer les liens sociaux par le style ? Comment recréer des allitérations sans déformer le sens ? Mais aussi sur les choix de traduction : pourquoi passer de la redingote au veston ? Pourquoi publier un " remake " de Theodor Fontane si éloigné de loriginal ? Chacun évoquait un ou plusieurs problèmes à chaque phrase, argumentait, donnait sa solution, ses commentaires... Lambiance était au travail et surtout à la discussion. Le second atelier était consacré au doublage en voice-over dun documentaire sur
les voitures de société. Il aurait fallu citer la conférence inaugurale de Jacques Derrida, la table ronde, très réussie, sur Rouaud et ses traducteurs (en présence de l'auteur), et tous les autres ateliers... Et puis, les Assises cest aussi un buffet et les pauses repas où lon peut discuter à loisir avec des traducteurs que lon connaît ou non. Alors, au risque de me répéter : " Allez-y ! ". © Copyright 1998 - Association des Anciens Elèves de l'Ecole Supérieure d'Interprètes et de Traducteurs de l'Université de Paris - Tous droits réservés. |