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ARTICLE - Janvier 1998

 

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Don Quichotte : une "retraduction" remarquée

Article de Guylène Dhormes, membre AAE-ESIT.

La parution du chef-d'oeuvre de Cervantès, dans une nouvelle traduction d'Alice Schulman (traductrice attitrée de Juan Goytisolo), a suscité un certain émoi dans la presse. Fait suffisamment rare pour être remarqué, le nom de la traductrice apparaît dès le titre des articles consacrés à cette nouvelle édition !

Michel del Castillo évoque dans L'Express (16/10/97) les traductions successives de Don Quichotte et rappelle qu'il "n'existe pas de traduction idéale. Pas plus qu'on écrit dans le vide, on ne traduit pas dans le pur éther de la littérature. Le traducteur est un interprète ; il donne les mots qu'il entend, mais tout autant ceux que son public peut entendre". Aline Schulman elle-même explique au Point (25/10/97) que sa "mission n'était pas de faire une édition savante, mais une traduction au plus près de la sensibilité des lecteurs d'aujourd'hui, en restant fidèle à l'esprit du texte original". Rappelant qu'à l'époque de Cervantès, les gens ne savaient pas lire et que les textes leur étaient lus, elle explique qu'elle a cherché à "retrouver l'effet du plaisir immédiat que ce texte avait pu transmettre dans l'oralité" et considère que les traducteurs qui l'ont précédée "n'ont pas saisi le sens de cette part d'oralité" (Le Monde, 10/10/97). La traductrice à toutefois dû trouver des astuces pour adapter l'apport de l'oralité à un texte destiné à être lu ; il lui a fallu alléger certaines tournures, notamment au niveau de la syntaxe et de la ponctuation.

Elle s'attend bien sûr à ce que ses choix ne fassent pas l'unanimité, mais elle se défend d'avoir trahi le texte : "le respect que l'on doit au texte doit être compensé par celui que l'on doit au lecteur. Nous traduisons quelqu'un pour quelqu'un".

Pour nous tous qui avons une vague idée de ce qu'est la traduction, il n'est pas difficile d'imaginer les angoisses qui ont dû hanter Alice Shulman à l'idée de s'attaquer à une oeuvre comme celle de Cervantès. Elle y a consacré six ans et avoue avoir commencé son travail par la seconde partie : la célébrité de première phrase de Don Quichotte la terrifiait littéralement. "Ce n'est qu'après avoir traduit quatre cent cinquante pages que je me suis attaquée aux huit premières", confie-t-elle.

Le résultat de son labeur doit être exemplaire, puisque Michel del Castillo affirme haut et fort que, s'il n'existait aucune traduction de Don Quichotte digne de ce nom depuis celle de Viardot (1840), "c'est désormais chose faite". Selon lui, la principale réussite de la traduction d'Alice Schulman "tient à la voix, tant négligée par les traducteurs, de Sancho. On fait mieux que l'entendre : on la respire, on la touche presque"...

© Copyright 1998 - Association des Anciens Elèves de l'Ecole Supérieure d'Interprètes et de Traducteurs de l'Université de Paris - Tous droits réservés.


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