Mihály Vörösmarty

Exhortation

© Traduit en Français par Jeanne Rousselot (1962)

Reste fidele a ta patrie
Hongrois, c'est ton berceau.
De sa chair elle t'a nourri
Et sera ton tombeau.

Au vaste monde, ailleurs qu'en elle,
Pas de place pour toi.
A vivre et mourir la, t'apelle
Ton destin quel qu'il soit.

Oui, sur ce sol ou tes ancetres
Ont tant de fois saigné,
Ou se rattache un millénaire
Par tant de noms sacrés.

Ici lutterent les armées
Du valeureux Árpád;
La, les chaînes furent brisées
Par les bras d'Hunyad.

Ici, ta sanglante banniere
Liberté, fut brandie;
La, en des combats sanguinaires,
Les meilleurs ont péri.

Regarde: apres tant d'infortune,
De luttes entre nous,
Survit notre mere commune
Elle est toujours debout.

Cette nation, vaste monde,
T'appelle sans rougir:
Mille ans de souffrance profonde
Serait-ce pour mourir?

Que pour rien aient saigné leur vie
Tant de fideles coeurs?
Que tant d'âmes pour la patrie
Soient mortes de douleur?

Se peut-il que tant de pensées
D'ardeur, de volonté,
Pour rien les voulut dépensées
Quelque fatalité?

Il viendront, il doivent venir,
Enfin, les temps meilleurs
Auxquels tant des nôtres aspirent
En priant de tout coeur!

Ou bien - s'il faut ainsi qu'on aille -
Ce sera le charnier
Glorieux, et les funérailles
D'un peuple tout entier!

Les peuples viendront sur le tertre
Qui recouvre l'un d'eux,
Et l'on verra des millions d'etres,
Des larmes plein les yeux.

O Hongrois demeure fidele
A ta chere patrie.
Si tu tombes, toi qui vis d'elle,
Tu l'auras pour abri.

Au vaste monde, ailleurs qu'en elle,
Pas de place pour toi.
A vivre et mourir la, t'apelle
Ton destin quel qu'il soit.

[1836]

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