L’expression d’”internaute” n’est pas si mal trouvée.
Le réseau des réseaux, plus
connu sous son étiquette américaine de World Wide
Web, est un formidable outil
d’exploration spatio-temporelle. Grâce à la Toile,
le passionné d’astronomie est assuré de vivre d’inépuisables
voyages virtuels. Cette odyssée cosmique ne lui sera cependant
profitable qu’à deux conditions. La première est de
maîtriser les rudiments de la langue de Shakespeare, la majorité
des sites intéressants étant américains. La seconde
est de
distinguer le bon grain de l’ivraie, tant les ressources astronomiques
d’Internet sont
abondantes. D’où cette sélection de sites.
L’internaute en panne d’imagination se précipitera certainement
vers le célèbre site
de la NASA.
Attention: plus qu’un site, c’est une véritable galaxie d’images
et
d’informations en tous genres. On y trouve à la fois des
pages où l’agence spatiale
américaine s’assure une publicité attractive et d’autres
qui rassasieront les amateurs de
données scientifiques rigoureuses. Si l’on recherche l’actualité
astronomique, le mieux est de se connecter à Today@NASA
. Ceux qui veulent suivre quasiment en direct les
événements spatiaux chériront une autre adresse,
celle de CNN
Interactive qui offre une
abondante partie scientifique et facilite l’exploration des internautes
en recensant tous les sites qui traitent d’une mission ou d’une
découverte.
Internet se prête aussi à la flânerie cosmique.
Rien n’est plus simple que de visiter
notre banlieue spatiale, la Lune. Grâce aux images recueillies
par la sonde Clementine,
et traitées par un instrument du CNES, survolons notre satellite.
Il suffit de cliquer sur un point de la carte lunaire pour être
projeté au-dessus d’une zone de la surface sélène.
Il est encore possible de choisir un site à visualiser: par
exemple, le cratère Gutenberg que l’on admire à 470
kms d’altitude. Plutôt ludique.
Voilà qui donne l’envie de poser un pied sur cet astre
mort mais fascinant. Le plus
simple est d’emboiter le pas aux astronautes des missions Apollo.
Ce site de la NASA
est un admirable lieu de pélerinage pour tout véritable
internaute. Choisissons une des
expéditions: Apollo 16. Plus d’une centaine d’images s’offrent
à nous ! Des clichés que l’on a jamais vu auparavant,
comme celui d’un astronaute en traint de piocher vaillamment au bord
du cratère Plum pour en extraire quelques échantillons de
roche... On peut aussi faire un usage plus strictement scientifique
de ce site, par exemple en examinant de près tous les matériels
utilisés lors des différentes mission.
Les nostalgiques de la conquête de la Lune iront ensuite
visiter le site Exploring
the Moon, qui expose toutes les missions spatiales dédiées
à notre voisine. De quoi se remémorer, descriptions techniques
à l’appui, l’âge héroïque des Luna soviétiques
ou des Surveyor américains. Voulez-vous remonter encore davantage
dans le temps ?
Invitez-vous à une exposition
historique sur la Lune qui nous vient du Missouri. Vous
pourrez y admirer les premiers dessins de la Mer des Pluies crayonnés
par Galilée en 1609 ou bien l’atlas photographique dressé
par l’Observatoire de Paris à l’aube de ce siècle. Vous
préférez les frissons du futur aux douceurs du passé
? Projettez vous, avec Thierry Arsicaud, dans la
reconquête de la Lune. Ce très beau site d’amateur présente
une histoire imaginaire et agréablement illustrée
de la colonisation sélène. Examinons la culture des
colons, telle qu’elle se développera en 2050, avant l’épreuve
décisive de la
“terraformation” de la Lune prévue en 2100 !
Il est temps d’aller plus loin, si ce n’est dans le temps,
du moins dans l’espace.
Destination Mars, bien sûr, en cette fin de 1997, une année
où la planète rouge a joué les vedettes. Le
site de la mission Mars
Pathfinder Mission a battu tous les records de
fréquentation. On ne se lassait pas de contempler les chaos
rocailleux et rougeâtres de la surface martienne. Les exploits
du petit robot Sojourner ravivaient nos penchants enfantins pour
les jouets télécommandés. La mission Mars
Global Surveyor, dont l’objectif est de cartographier la planète,
a ensuite pris honorablement le relai en fournissant, dés l’automne,
d’impressionnantes photos du relief martien. Plus spectaculaire encore,
ce site permet à l’internaute de suivre en direct la position
orbitale du satellite !
En attendant tous les résultats de cette mission, allons
nous balader au-dessus de
la planète aux “canaux” grâce au Planetary
Data System's Mars Explorer. Les images
de la NASA recueillies par les expéditions Viking permettent
de zoomer dans les failles ou les cratères sélectionnés.
Délectons-nous de Valles Marineries à une résolution
de 230 mètres par pixel... Ces vues qui laissent tant penser
que l’eau a naguère coulé sur Mars appellent inévitablement
une question lancinante: la vie a-t-elle existé là-bas ?
La réponse peut être recherchée au site La
vie primitive sur Mars où l’on tente de nous convaincre
que ce fut le cas... il y a 3,6 milliards d’années. Les curieux
iront s’informer en détail sur les météorites
d’origine martienne, avec photos et documentation scientifique à
l’appui. Ce site peut être consulté à deux niveaux,
le spectaculaire y côtoyant la mise en ligne de données
précieuses.
La meilleure façon de poursuivre l’exploration du système
solaire est de se propulser
vers le très riche site de l’observatoire de Paris: The
nine planets. Tous les objets qui y
gravitent sont décrits avec précision et force illustrations.
Allons faire un petit tour vers
Titan, le satellite de Saturne visé par la mission Cassini-Huygens.
Des images prises par le télescope spatial Hubble nous montrent
le futur site d’aterrissage de la sonde. Il y a fait très froid
mais la vie y serait-elle possible ? “Titan is one of the best possibilities”,
nous dit-on. Les Views
of the Solar System offrent aussi un banque de données
scientifiques à ne pas négliger. L’étude du
Soleil y est particulièrement bien menée. Comme de bien entendu,
chaque mission est scrupuleusement suivie par un site Internet, qu’il
s’agisse des aventures de Galileo
autour de Jupiter (avec un rapport d’activité hebdomadaire à
la clef) ou de Cassini
vers la planète aux anneaux (là aussi, de fréquents
rapports sur l’évolution des événements).
Tout cela donne envie de s’enfoncer encore plus dans les profondeurs
de l’espace.
Par exemple, en allant consulter Astronomy
Picture of the Day, sans doute un des sites
les plus réussis de la NASA. Chaque jour, une image à
couper le souffle s’offre à notre
curiosité. En cliquant dessus, on obtient un cliché
de haute définition. Une explication
admirablement pédagogique, farcie de liens pour combler les
lacunes dans nos
connaissances, accompagne cette image. Beau et intelligent. Et les
archives de ces
merveilleuses images quotidiennes remontent à juin 1995 !
Les francophones exclusifs préfèreront peut-être une autre mine d’icônes: Images et animations astronomiques. Ce serveur astronomique, basé à Bordeaux, affiche fièrement offrir “trois gigaoctets en ligne”. Il a déjà reçu 1,2 millions de visiteurs depuis mars 1994. Le programme des réjouissances y est fort vaste. Certains iront décortiquer les anneaux de Saturne. D’autres préfèreront réentendre le célèbre message nasillard d’Apollo 11: “Eagle has landed”. Quant aux internautes les plus expérimentés (et les plus patients), ils déjoueront les pièges de la décompression de fichiers pour goûter aux joies des animations visuelles. Histoire, par exemple, d’assister virtuellement à une éclipse du Soleil.
Pour les amateurs d’objets lointains, le voyage n’est pas terminé.
Faites encore un
tour au Space Images Archive,
fruit du travail d'une association d'étudiants américains.
Entre autres curiosités, vous pourrez découvrir l’astéroïde
Castili, reconstitué, grâce à des données
radar, sous forme de deux pommes de terre collées l’une à
l’autre. Le commentaire nous apprend que son diamètre est estimé
à 2 kms. Ne négligeons pas non
plus les Hubble
Space Telescope Last Pictures. Les images du célèbre
photographe cosmique sont toujours impressionnantes. Quel plaisir de contempler
en avant-première le cliché de la plus grosse étoile
connue à ce jour, tapie au centre de notre Galaxie. La lecture des
communiqués de presse éclaire utilement la signification
de ces images.
Plus original encore, les Virtual
Trips to Black Holes and Neutron Stars Page. Avec
une délicieuses angoisse, nous naviguons aux abords d’un
trou noir. Des animations nous
montrent la déformation que l’énorme aspirateur provoque
sur les étoiles proches. Le
caractère spectaculaire du site ne l’empêche pas d’abriter
un matériel de vulgarisation fort intéressant.
Les astronome amateurs ne pourront ignorer le Bureau des longitudes de l’observatoire de Paris. Leur traque de tous les objets célèstes sera grandement facilitée par la qualité des éphémérides proposées par ce site. Les coordonnées des planètes, des comètes ou encore des satellites artificiels y sont indiquées avec une précision cosmique. Le lever de la Lune peut varier d’une seconde selon l’emplacement où l’on se situe dans Paris... Les coordonnées électroniques de tous les observatoires de l’Hexagone leur seront fournies par le site de L'astronomie en France. Celui-ci liste aussi un bon nombre de sites de clubs d’astronomie.
Un des principaux points de rencontre, sur Internet, des astronomes
amateurs
s’appelle Skylink.
On y goûtera tout particulièrement les nombreuses pages web
créés
par ces derniers, certaines d’entre elles témoignant d’un
indéniable... professionnalisme. Le club le plus joliment baptisé
est sans doute celui de l’AAAA:
non point la célèbre
Association des Amateurs d’Andouillette Authentique mais la dynamique
Association des Astronomes Amateurs d’Auvergne. Ce site propose
en outre d’envoyer, par email, des
éphémérides des événements astronomiques
diverses et variées - comètes, conjonctions,
astéroïdes. Pour l’Ile-de-France, région sinistrée
du point de vue de la pureté de l’air et de la noirceur du ciel,
signalons l'Uranoscope
qui propose une belle carte du ciel, ainsi que des conseils d’astrophotographie,
et qui permet de préparer dés maintenant l’éclipse
solaire du... 11 août 1999. Un mot encore de l'Astro-Club
Virtuel (serveur obsolète ?) où une carte de France
permet de situer tous les clubs français et où l’on saura
quels sont les forums qui traitent d’astronomie sur internet.
Vous allez déja vous coucher ? Dommage, vous allez louper
les sites les plus
originaux. Celui du Search of
Extra Terrestre Intelligency Institute, par exemple. Après
l’avoir visité, vous n’ignorerez rien des projets d’écoute
de nos hypothétiques cousins de
l’espace. Un matériel pédagogique est même proposé
aux enseignants.
Si vous préférez les recherches aux résultats
sensiblement plus tangibles, faites un
tour du côté de Planet
Search Project. Ce site de l’université de San Francisco
présente en détail les neufs “systèmes planétaires”
découverts à ce jour. Un schéma
permet de les comparer au nôtre. Ceux qui veulent en savoir
davantage prolongeront cette quête par les Extrasolar
Visions (1). Une rubrique speculations titille l’imagination. On y
rêvera, par exemple, devant un spectacle d’anneaux et de nuages
censé représenter la planète qui gravite, selon
une orbite incroyablement excentrique, autour de l’étoile 16 Cygni
B.
Mais l’astronomie, ce sont aussi des hommes. Deux exemples seulement. Le site de Stephen Hawking est émouvant. On y lira le texte de certaines des conférences du célèbre astrophysicien. Si le coeur lui en dit, l’internaute pourra même tout savoir du “great shock” éprouvé par Hawking en découvrant, à 21 ans, qu’il est atteint d’une “motor neuron disease”.
Dans un genre différent, confessons notre faible pour le site de Jean-Pierre Luminet.Ce directeur de recherches au CNRS a d’abord d’incontestables talents de vulgarisation. Ses explications cosmologiques sont lumineuses. A le lire, on comprend presque facilement que l’Univers peut effectivement être “un espace fini et sans bord”’. On y apprend aussi qu’Edgar Poe fut le premier à apporter une réponse à peu près satisfaisante au fameux “paradoxe de la nuit noire”. Mais il y a plus encore. Ce scientifique sait aussi nous parler de poésie et d’art. L’internaute curieux ira voir les lithographies réalisées par Luminet lui-même. Quand un trou noir se transforme en une immense faille où roulent d’innombrables dés.
Si vous préférez des informations plus concrètes,
vous visiterez chaque semaine le Jonathan's
Space Report: tous les lancements y sont consciencieusement recensés.
Les grands sites institutionnels, comme ceux de l’Union
Astronomique Internationale ou de L'Agence
Spatiale Européenne ont, entre autres mérites, celui
de fournir de longues listes de liens. A ce titre, il faut enfin signaler
le précieux AstroWeb
qui vous fera découvrir d’innombrables sites. Progressant ainsi
de proche en proche, l’exploration astronomique virtuelle ressemble bigrement
à une vis sans fin.