Histoire de l'extrême droite en France



Le régime de Vichy

par E.P. - Décembre 1997

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les forces actives du fascisme français se trouvent mêlées, de près ou de loin, au régime de Pétain. On ne peut donc pas traiter du fascisme à cette époque sans chercher à comprendre le régime vichyste. Vichy était-il un régime fasciste ? Il faut écarter toute vision réductrice qui nous ferait répondre positivement ou négativement, car la difficulté de la question tient à la fois de la difficulté de définir un régime fasciste et de la complexité politique des gouvernements de l'époque.

La naissance de la Révolution nationale

La classe politique est partagée sur l'analyse de Vichy. Il y a ceux qui rendent la France coupable des crimes commis par Vichy et ceux qui pensent, se rangeant derrière de Gaulle, que Vichy n'était pas la France, que la France était à Londres. Pour l'historien Robert Paxton, assimiler la France à son occupant, c'est-à-dire considérer que Vichy était l'oeuvre de quelques Français qui obéissaient aux Allemands, c'est ignorer que les grands conflits de la IIIe République transparaissent dans la politique du régime. Son programme s'inspirait moins des modèles allemand et italien qu'il ne dérivait des conflits intérieurs envenimés de longue date. Les Français de l'époque s'étaient enorgueillis de la puissance de l'empire colonial français qui atteignit son apogée dans les années 30-39, d'une France qui avait gagné la guerre en 1918. C'est dans ce climat de fierté nationale, que les Français ont été frustrés de la défaite. La période qui précède la guerre voit apparaître une crise sociale, résultat de la crise économique et financière qui atteint la France avec quelque retard. Il faut ajouter à cela la crise de la IIIe République (incapable de légiférer, instable...). En effet, les gouvernements d'alors, ne durent pas plus d'une année et il a fallu plus de 200 projets de loi entre 1871 et 1901 pour que l'impôt sur le revenu soit voté en 1914 ! Il n'était pas difficile alors d'attribuer le déclin du puissant empire colonial, à une décadence sociale et morale. Pour confirmer ce point de vue, les recensements de l'époque montraient une crise de la natalité en France, alors que le taux de natalité, indice de vitalité, augmentait dans les autres pays d'Europe.

« Trop peu d'enfants, trop peu d'hommes, trop peu d'alliés. » Telle a été la formule du maréchal Pétain dans son discours du 20 juin 1940 pour expliquer la défaite. Pétain passe adroitement de la politique étrangère et de la doctrine militaire à la décadence sociale. Mais les déclarations du maréchal Pétain ne sont cependant pas celles d'un chef d'Etat opportuniste, imposant son point de vue. Le maréchal ne s'empare pas du pouvoir, on lui donne, légalement, le pouvoir car il représente au mieux ce que la France attend : le héros de Verdun, capable de s'imposer comme un père pour remettre de l'ordre dans la famille française.

Les discours du maréchal Pétain sont donc le reflet de ce que pensent grand nombre de Français qui crient la déchéance nationale. Le monarchiste C. Maurras identifie la déchéance du pays à la politique électorale. « Ce régime de palabre, qui a démantelé la hiérarchie et l'autorité en 1789 pour les remplacer par un parlementarisme flasque » écrivent les écrivains maurrassiens. Des articles dénonçant la pourriture sociale de la France fleurissent dans la presse française. On critique « la liberté excessive », « le triste règne de l'indulgence », « le culte du bien-être »... Toutes ces dérives vers le plaisir ont amolli la Nation et sont la cause de la défaite. Certains auteurs voient dans le jazz, les jupes courtes, l'alcool, la vie nocturne à Paris, la décadence du pays. Il y eut, dès que Pétain prit les commandes du pays, une campagne organisée pour culpabiliser les familles. Elles devaient avoir honte d'avoir suivi un gouvernement prônant la vie facile, sans morale et abandonnant les valeurs traditionnelles. Ce qui arriva était de l'ordre de la punition divine d'un peuple qui s'était laissé aller. La Révolution nationale qui suivit était loin d'arriver comme un cheveu sur la soupe. Elle était au contraire le fruit d'un courant traditionaliste, monarchiste qui a mûri pendant la Troisième République et qui apparaît sur le devant de la scène politique après l'armistice.

Il est vrai que la Révolution nationale fait figure d'une révolution venue d'en haut avec un maréchal Pétain élaborant lui-même une nouvelle Constitution qui lui donne les pleins pouvoirs. Cependant, les discours, la presse de l'époque montre qu'une écrasante majorité se ralliait à l'idée de construire un nouveau régime fort immédiatement. Il n'y avait pas que les monarchistes, il y avait aussi ceux qui pensaient que Hitler serait plus clément si la France prenait un nouveau départ (dans la bonne direction cette fois !). D'autres voulaient une République forte et pure qui puisse s'opposer au fascisme et au communisme, les deux grandes peurs de Paris à l'époque. Il y avait aussi ceux qui étaient fatigués (comme E. Herriot) et qui ont abandonné le pouvoir au maréchal Pétain. En dépit des pertes de libertés flagrantes qu'occasionnaient les pleins pouvoirs pour Pétain, le parlement ne s'est pas opposé au vote, convaincu que l'ordre nouveau assurerait l'ordre. Et l'on voit apparaître des textes, de E. Herriot aux ligues fascistes, réclamant plus de discipline. Pour Gide, il faut freiner les libertés : « J'accepterais une dictature qui, seule, nous sauverait de la décomposition. » C'est ainsi que, s'appuyant sur des forces traditionalistes, monarchistes, les hommes de Vichy ont utilisé la défaite à des fins étroitement sectaires : se venger du Front populaire et reconstruire le pays selon des conceptions nouvelles. La France est le seul des pays occidentaux occupés à ne pas se contenter d'administrer ; elle fait une révolution intérieure de ses institutions et de ses valeurs morales.

En conclusion de ce paragraphe, la Révolution nationale n'est pas une parenthèse de l'histoire qui s'ouvre en 40 et se referme à la libération. La révolution a été le révélateur de l'humus de l'histoire de France (ce terreau qui n'était pas seulement Maurras), l'occupation allemande n'a pas été la cause de cette Révolution nationale, elle en a été le catalyseur. En d'autres termes, la Révolution nationale n'a été possible que parce qu'elle correspondait à l'aspiration d'une grande partie des Français. Nous verrons plus tard qu'un tel terreau n'était pas présent au Danemark, et qu'au contraire, la résistance civile s'est opposée à l'occupation.

La Révolution nationale

Vichy n'est pas d'un bloc. Vouloir expliquer la Révolution nationale à travers une seule vue ne mènera pas loin. On peut cependant essayer de grouper les tendances autour de plusieurs pôles : ordre moral catholique ou ordre moral nationaliste et païen ; état fédéral ou centralisé ; économie communautaire ou capitaliste ; moyens de persuasion (mouvement de jeunes, réunion de masse) ou de coercition (régime policier). Cependant, tous ces groupes, aussi divers qu'ils puissent paraître, ont des points communs, ils s'attaquent aux mêmes ennemis : l'économie du laissez-faire, le système parlementaire, la société de masse. Ils visent tous à un ordre social élitiste et défendent les vertus d'un ordre social maintenu par l'autorité et la hiérarchie. Proposant un modèle renouant avec la tradition nationale, Vichy offre une 3e voie (française) entre le fascisme et le communisme. Nous allons étudier les divers programmes de cette Révolution nationale : l'ordre moral, le racisme, l'Etat et l'Etat policier.

Ordre moral : l'Eglise

Il est important de noter l'attention que le gouvernement porte aux deux piliers de l'ordre social : l'Eglise et la famille. Les catholiques traditionalistes espèrent que le gouvernement va souscrire aux valeurs religieuses, réparant ainsi les affronts successifs de l'Etat français dans l'histoire (séparation Eglise-Etat, laïcité de l'enseignement publique). Les ministères de Vichy, ou du moins au début, désirent ardemment répondre aux espoirs des intégristes. Maurras avait habitué la droite, croyante ou non, à voir dans l'Eglise un instrument de l'ordre social. La politique de Vichy, à l'égard du catholicisme et en général, est dictée par une réaction à la IIIe République. Vichy rétablit l'Eglise dans ses privilèges, il n'innove pas. Ce qui change tout, c'est le ton. Le régime cultive les hommes d'Eglise, sollicite leurs avis et fait sien les enseignements du catholicisme sur la famille, la décadence morale et les valeurs spirituelles. Si l'Eglise n'obtient pas davantage, c'est aussi parce que les relations avec Vichy ne seront pas toujours aussi bonnes qu'au début. D'un côté, les traditionalistes perdent du terrain et, de l'autre, les catholiques de gauche comprennent que leurs espoirs de vie communautaire tombent à l'eau. En outre, la déportation massive des juifs pendant l'été 42 provoque un mécontentement d'une partie de l'Eglise catholique qui condamne publiquement le régime.

Ordre moral : l'éducation et la jeunesse

Vichy chercha à endoctriner la jeunesse en ayant deux types d'actions : des réformes du système éducatif d'une part et par de « saines expériences collectives » d'autre part. Là encore, les réformes de l'éducation se sont faites en réaction au système éducatif de la IIIe République. La première étape fut d'épurer le corps enseignant qui, sous la IIIe République, était un bastion anticléricaliste, antimilitariste et syndicaliste. Les enseignants doivent signer un document affirmant qu'ils ne sont ni juifs, ni francs-maçons. On essaie ensuite d'endiguer le flot des élèves menaçant le lycée gratuit. En août 1941, la loi rétablit les frais de scolarité pour le second cycle. C'est clairement une envie de retourner au bon vieux temps des années 1880-1930, où les élites avaient leurs privilèges. On établit des distinctions entre les citoyens (garçons-filles, ville-campagne) en créant des programmes scolaires différents pour chacun. L'éducation que l'on reçoit est désormais fonction de la « communauté » à laquelle on appartient. Les enfants des « élites » recevant une formation pour faire partie de l'élite. Cependant, l'amiral Darlan ordonne que l'école enseigne à tous l'amour de la France.

Vichy poursuit l'endoctrinement des jeunes en dehors de l'école par les organisations de jeunesse. Il n'y eut cependant pas de mouvement de jeunesse unique à cette époque, même si beaucoup d'hommes de Vichy en rêvaient. C'est en grande partie parce que l'Eglise catholique, qui tenait à ses mouvements, s'opposa à cette grande organisation unique. Le seul mouvement officiel, les Compagnons de France, n'était pas obligatoire.

En fin de compte, c'est l'armée qui tiendra le rôle de mouvement unique de la jeunesse. Le service national étant supprimé, l'armée française envoie pratiquement toute la jeunesse de la zone libre, faire des travaux forestiers pendant 9 mois. Si une partie de la journée est consacrée à l'exercice physique et aux travaux, l'autre partie est réservée à des cours sur l'ordre social et l'histoire de France selon la vision des dirigeants de Vichy. Cependant, malgré tous leurs efforts, les hommes de Vichy ne sont pas parvenus à endoctriner la jeunesse : la seule organisation à avoir touché toute une génération (l'armée) n'a pas eu d'impact réel.

Ordre moral : la famille

La IIIe République a légiféré pour favoriser la natalité, Vichy va continuer cette politique en la renforçant fortement. La famille est l'unité sur laquelle repose l'ordre social. En contrôlant la famille, Vichy contrôle la société. Le remède consiste donc à remplacer l'individualisme républicain par la famille. Dans la suite de ces idées, on restreint les divorces (interdiction de divorcer dans les trois premières années), on avantage les pères de familles nombreuses (ils prennent place dans les organismes d'Etat, ils ont de nombreuses aides économiques). La mère est glorifiée au foyer. On la préfère enceinte, en chaussons et dans sa cuisine.

Racisme

La population immigrée augmentait régulièrement dans les années 1940 (des immigrés italiens, allemands, espagnols, allemands, polonais...). Déjà, la IIIe République avait pris des mesures en créant des camps de concentration pour les républicains espagnols au Pays basque, mais aussi pour les réfugiés allemands. Mais Vichy va plus loin. Pour cause de chômage, Vichy se réserve le droit d'interner tout étranger de sexe masculin entre 18 et 45 ans tant que la main d'oeuvre sera excédentaire. Maurras désignait, avant la guerre, trois communautés qu'il accusait d'être l'anti-France : les protestants, les francs-maçons et les juifs. On cherchait des boucs émissaires, on les a trouvés...

Les protestants ne seront pas inquiétés sous Vichy. Les francs-maçons, soutenant les socialistes et dénonçant les traditionalistes, seront soupçonnés de tout faire pour conduire la France à la décadence. Vichy interdira leur mouvement et les tiendra à l'écart de la société. Mais le plus honteux de la politique de Vichy reste à venir : l'antisémitisme. Il est exact qu'à partir de 1942 le Reich allemand a imposé son programme de déportation. Cependant, de 1940 à 1942, Berlin ne s'est que très peu occupé de la politique française. Pendant deux ans, un antisémitisme français va pouvoir se donner cours. Ainsi dès octobre 1940, les juifs n'ont plus le droit de travailler à des postes à responsabilité, dans les médias, l'éducation. Les préfets ont l'autorisation d'interner les juifs étrangers dans des camps spéciaux. Le 22 Juillet 1940, R. Alibert, un monarchiste notoire, crée une commission pour la révision des naturalisations, qui doit remonter jusqu'au 10 août 1927. Elle retire la nationalité française à 15 154 réfugiés, dont 6 307 israélites. La « purification » de la nation française est en marche. Même si l'antisémitisme français était plus d'origine catholique et nationale, il y eut, dans le gouvernement de Vichy, de vrais antisémites racistes. Citons par exemple X. Vallat qui a toujours affirmé son antisémitisme, même dans l'entre-deux guerre. La législation de 1940 à 1941 a facilité la « solution finale ». Elle a fait des juifs un groupe à part (donnant une définition légale du juif). Par le regroupement des juifs dans des camps, par le fichage des juifs, par les rafles que sa police organisée, Vichy n'a fait que mâcher le travail des Allemands pour la déportation des 65 000 juifs.

Vichy et l'Etat

Tout ce qui s'est fait à Vichy, on l'a déjà dit, s'est fait en réaction au régime parlementariste de la IIIe République. Devant la faiblesse de l'ancien gouvernement, des mouvements de contestation s'étaient levés pour demander un pouvoir fort. La nouvelle Constitution, créée par Pétain, établit un ordre quasi monarchiste. Pétain légiférait en souverain : « Nous, Maréchal Pétain, Maréchal de France, déclarons que... » Il voulait, de plus créer un organisme intermédiaire entre lui et le peuple. Un organisme pouvant créer une véritable popularité officielle. Il serait composé « d'aristocrates du courage », c'est-à-dire les pères de familles nombreuses, les représentants des valeurs patriotiques et religieuses, notables... Mais il faut attendre la paix pour que cette Constitution ait lieu. En attendant la signature de la paix, Vichy va prendre des mesures provisoires qui vont lui donner un autre visage : la primauté de l'administration sur le politique. On remplace des membres élus par des fonctionnaires nommés. Dans les communes de plus de 2 000 habitants, les maires sont nommés par les gouvernements.

Et pourtant, Vichy n'a pas réussi à atteindre son objectif principal : la stabilité. Les rivalités entre les factions au sein de Vichy font que les ministres se succèdent à une vitesse encore plus élevée que sous la IIIe République.

De la persuasion à la contrainte

Les techniques de persuasion de la population, nous l'avons vu, n'ont pas manqué sous Vichy. S'ajoutent à cet endoctrinement, de nombreuses manifestations de masses organisées pour le peuple, dans une ambiance de fête de village : tout est fait pour rendre la Révolution nationale populaire. Et peut-être cela aurait réussi si la paix était venue plus tôt. Car bientôt la résistance s'organise, les privations engendrent le mécontentement des Français, une petite guerre reprend en France. La population n'approuvant plus le régime, la contrainte remplace la persuasion.

Sous prétexte de contrer la résistance (qui menace l'armée d'occupation), d'éliminer les communistes (qui troublent l'ordre social), l'Etat se donne un maximum de pouvoirs. Il a le pouvoir d'exécuter un condamné à mort sans que celui-ci puisse demander un appel. C'est alors la chasse aux juifs et communistes à travers la France afin de trouver des coupables pour la vengeance des Allemands.

Vichy était-il un régime fasciste ?

Après avoir décrit le régime vichyste, il apparaît que ce n'était pas un régime fasciste de l'intensité du régime nazi ou mussolinien. Vichy se situe plus près du traditionalisme que du fascisme. Bien sur il y eut des fascistes notoires à Vichy, comme X. Vallat ou L. Darquier de Pellepoix, mais ce ne sont pas la majorité d'entre eux. Le régime de Vichy, tout aussi traditionaliste qu'il soit, n'en revient pas pour autant à l'ancien régime. Il ne remet pas tout en cause de la IIIe République, mais il ne croit plus au parlementarisme, au laissez-faire, aux nouvelles valeurs. Il faut tout faire pour combattre la décadence et le désordre. Les mesures draconiennes prises par l'aristocratie d'alors, sont une bonne description d'une révolution fasciste.

De l'importance de la lutte antifasciste

Nous avons montré, au début de cet article, que la Révolution nationale n'a pas surgi de nulle part. L'occupant nazi n'a fait qu'aider à la concrétisation des courants traditionalistes, fascistes bien présents avant la guerre. La défense des hommes de Vichy, lors des procès d'après-guerre, a été de dire qu'ils ont voulu éviter le pire à la France, et c'est bien cet argument-là qui est resté dans nos mémoires à propos de Vichy. Et pourtant, selon les recherches de l'historien américain R. Paxton, la vie en France n'était pas plus facile que dans les autres pays occupés. L'historien, qui passe en revue les différents critères économiques et sociaux de l'époque et les compare à ceux des autres pays d'Europe, ne trouve aucun avantage à la politique de collaboration de la France. Le terreau traditionaliste, fasciste, qui permet aux hommes de Pétain de s'emparer du pouvoir, n'est certes pas à l'honneur des Français de l'époque. Cependant, ce terreau favorable à la collaboration, n'était pas présent partout en Europe. C'est le cas par exemple au Danemark, le peuple danois nous montre qu'il était à l'époque possible de s'opposer au régime nazi autrement que par la collaboration. La population exprimait son opposition en faisant sentir aux occupants qu'ils étaient indésirables : en boycottant les concerts organisés par les Allemands, en faisant silence lorsque des officiers allemands pénétraient dans un bar... Ce sont des petits riens qui, à la longue, ont une grande influence au niveau psychologique. De nombreuses grèves eurent lieu chez les dockers, les commandes d'armes pour les Allemands arrivèrent en retard... Tout cela énerva les Allemands qui décidèrent que le 1er octobre 1943 tous les juifs danois seraient arrêtés. Ne pouvant compter sur la police danoise, Hitler doit envoyer des troupes d'Allemagne. Pendant ce temps, la population danoise s'organise... La nouvelle a fait le tour du pays, le tour des synagogues. Les familles non juives cachent les familles juives, les hôpitaux réinscrivent les juifs malades sous des noms moins compromettants, on s'organise pour que les juifs rejoignent la Suède. Inutile de dire que l'opération du 1er octobre fut un coup d'épée dans l'eau. Seulement deux cents personnes sur les cinq mille prévues furent embarquées.

Chacun pourra mesurer la différence entre la réaction positive du peuple danois et la politique de collaboration de Vichy. Cet exemple danois n'est là que pour illustrer que le régime traditionaliste, aux accents de fascisme, n'était pas imposé par les Allemands ; il y avait d'autres façons de s'opposer au nazisme. Mais c'est bien là que réside la difficulté : faire le choix entre faire son travail, suivre la routine (malgré le poids sur la conscience) et pratiquer la désobéissance civile (malgré les risques réels). La plupart des Français sous Vichy ont choisi de poursuivre leur travail. Il ne s'agit pas de juger le comportement des Français de cette époque, mais plutôt, à l'heure où les idées xénophobes progressent, de nous interroger sur le nôtre. Il faut faire disparaître ce terreau dangereux.


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